Lys (Terminée)

XXVI. Découvert

Nous n'assistons pas à la mise en terre de la Reine, car Monsieur Rope en personne vient prévenir le Roi.  Le direct est arrêté sur-le-champ, et tout le monde mis sous bonne garde dans la salle de réception du Palais.  Je suis très inquiète, et je ne suis pas la seule.  Tout le monde demande ce qu'il se passe, mais personne, à part nous, ne le sait.  Le Roi revient une bonne demi-heure plus tard, fou de rage.

— Qui a fait ça ? hurle-t-il.  Je veux la tête du responsable !

Personne ne bouge.

— Que se passe-t-il, votre Altesse ? demande un Élu dont je ne connais pas le nom.

— Une mutinerie, voilà ce qu'il se passe !  Qu'on leur montre le film !

Un écran est placé au fond de la salle, et la vidéo passe devant tout le monde ?  J'ai été révoltée la première fois que j'ai vu le film, mais je le suis encore plus maintenant.  Avec les commentaires ajoutés par Marina et Brigitte, c'est encore pire qu'avant, et mon esprit de Gradée se rebelle contre ce qu'il entend, mais je reste calme en apparence, ne donnant au Roi aucune raison de se tourner vers moi.

— C'est scandaleux, entends-je des gens hurler.

— Qui a vu ça ? en demande d'autres.

— Tout le monde l'a vu, répond le Roi.  Cette vidéo est passée à la place de la cérémonie d'enterrement de ma femme.  Celui ou ceux qui ont fait ça vont le payer très cher, je vous le promets.  Mais puisque nous sommes là, il est grand temps de faire passer les lois afin de priver les Gradés de leurs droits.  Une révolution risque de se mettre en place, mes amis.  Mais si les lois sont passées, vous pourrez vous défendre aisément.  Vous pourrez les tuer à vue, sans risquer la moindre peine, sans vous poser la moindre question.  Il est temps que ce projet devienne concret.

Je vois certains Élus applaudirent, mais j'en vois d'autres qui ne semblent pas du tout d'accord avec ça.  Cela me rassure quelque peu, au moins, il y a encore des gens bien parmi les Élus.  Par contre, le Roi n'a pas pensé à ses Aigles.  D'après Elise, la plupart de ceux qui sont dans la salle sont déjà partisans de la Reine, mais les autres ne semblent plus aussi surs de vouloir défendre leur Roi.

— Tous les membres de l'assemblée ne sont pas ici, mais qu'importe.  Je suis le Roi et je décide qu'aujourd'hui, vous serez cette assemblée.  Que tous ceux qui sont en faveurs de mes projets de lois prennent place sur la gauche.

Beaucoup de personnes se déplacèrent, mais plus encore se mirent à droite, dont notre petite bande de prisonniers royaux.

— Cela ne m'étonne pas de certains d'entre vous.  Mes neveux, je suis déçu.  Je vois que vous tenez plus de vos parents que de moi.  Quant à toi, Elise, tu me brises le cœur, mais qu'il en soit ainsi.  Je déclare que les projets de lois sont votés à l'unanimité et qu'ils prennent effet immédiatement.  Mes amis, dit-il à l'intention de ceux qui vont dans son sens, je vous prie de bien vouloir sortir, des Lys vous guideront vers la salle à manger où vous pourrez vous restaurer.  Quant à vous, ajoute-t-il pour les autres, vous ne bougez pas.

Quand enfin tous les partisans du Roi furent sortis de la pièce, il reprit la parole :

— Aigles, je veux que vous les tuiez tous, sauf nos invités de l'aile nord.  Ceux-là vous me les mettez en prison pour le moment, je m'en occuperai plus tard, et je veux que tout soit nettoyé le plus vite possible, crie-t-il sur la fin, essayant de couvrir les cris d'hystérie des Élus sous le choc.

Je vois des femmes pleurer, serrant leurs enfants contre leur poitrine.  Nous aussi, nous nous regroupions, apeuré.  Tous, sauf Elise, qui sourit.