Lys (Terminée)

VI. Conversations

          
Je me réveille le lendemain matin, fatiguée à cause de mes cauchemars.  Je comprends que je ne dois pas en faire tout un plat.  Éric n'est pas responsable des actes de son ancêtre ni de ceux du Roi, mais il faut que je sache ce qu'il en pense réellement.

Au petit-déjeuner, je vois que les filles sont impatientes de pouvoir me parler, et une fois au Boudoir, elles me bombardent de questions sur l'exposition, mais je ne peux rien leur dire.  Elles sont déçues, mais, hormis Brigitte, elles cessent de me questionner.

— Je suis sûre que tu ne veux tout simplement rien nous dire juste pour faire ton intéressante.  Je ne vois pas pourquoi tu aurais eu le droit d'y aller et pas nous, tu n'as rien de plus que moi !

— Brigitte, je t'ai déjà dit que je ne peux pas en parler, c'est comme ça.  Si tu veux en savoir plus, tu n'as qu'à en parler à Sire Éric, mais en ce qui me concerne, la discussion est close, alors laisse-moi tranquille, tu veux ?

— Et si je ne veux pas ?

— Mesdemoiselles ?  Il y a un problème ?

— Non, s'empresse de répondre Brigitte, tout va bien, Dame Catherine.  Nous discutons, simplement.

Elle ne semble pas convaincue et me regarde, attendant ma réponse.  Je lui confirme d'un hochement de tête que tout va bien.

— Mademoiselle Alia, j'aimerais que vous veniez avec moi dans mon bureau.  Je voudrais que nous discutions, nous aussi.

Je la suis.  Brigitte jubile.  Sans doute pense-t-elle que je vais me faire réprimander ?  Mais je ne vois pas ce que j'ai fait de mal.  J'ai refusé de parler de l'exposition, même à Marina, dont je suis pourtant assez proche.

Une fois installée dans son bureau, Dame Catherine semble se détendre.

— Mademoiselle Alia, j'ai cru comprendre que Mademoiselle Brigitte insistait pour obtenir des informations sur l'exposition d'hier.

Que puis-je dire ?  Elle a dû surprendre plus de notre conversation que je ne le pensais.

— Oui, c'est exact.

— Et quand vous avez refusé de lui en dire plus, et que vous lui avez précisé qu'il vous était interdit d'en parler, elle a insisté ?

Je n'aime pas Brigitte, mais je ne veux pas qu'elle ait des ennuis à cause de ça non plus.  Ça pourrait sans doute aller loin.

— Oui, mais je pense que c'est simplement de la jalousie, ma Dame.

— Je le pense aussi.  Mais si jamais elle vous cause du tort, n'hésitez pas à venir m'en parler, d'accord ?  (Je hoche la tête.)  Bien, dites-moi, comment avez-vous trouvé l'exposition ?

— Honnêtement, je ne sais pas.  Je comprends qu'elle ne soit destinée qu'à certains Élus car ce que l'on y apprend est choquant

— Oui, je vois ce que vous voulez dire.  Ne vous inquiétez pas, sachez que la descendance d'Alfred Regunie ne lui ressemble pas, du moins, pas pour tous ses membres.

Je veux lui en demander plus, mais elle me congédie gentiment.  Je retourne au Boudoir pour y trouver Sandra et Carine en grande discussion.

— Oh, merci, tu es là ! me dit Sandra en me serrant dans ses bras.

— Bien sûr que je suis là.  Qu'est-ce qui se passe ?

— Brigitte nous a dit que Dame Catherine t'avait convoquée pour te punir de quelque chose, me répond Carine.

— Je crains fort que Brigitte ne prenne ses désirs pour des réalités.  Dame Catherine ne m'a fait aucune remontrance, bien au contraire, elle m'a félicitée pour ma ténacité face à toutes vos questions.