IV. Révélations

428 49 8
                                    

                  
Les trois jours suivants, je ne vois Éric qu'aux repas.  Il passe du temps avec chacune des autres filles.  Hormis Brigitte, elles sont toutes adorables, et on se raconte nos rendez-vous.  Je ne me suis pas étendue sur la dispute du mien, même si elle en a constitué la majeure partie.  J'ai simplement dit que nous avions passé un moment agréable, nous promenant dans le château, et que nous avions discuté de choses et d'autres.

Nous avons toutes consciences de la raison de notre présence, mais aucune de nous n'en parle ouvertement.  J'aimerais leur demander ce qu'elles en pensent, savoir comment elles vivent cette situation, mais je m'abstiens.

Je discute avec Marina le jeudi matin, dans la salle où nous nous sommes rencontrées, le Boudoir, quand Éric frappe au chambranle de la porte entrouverte.

— Puis-je m'entretenir avec vous, Mademoiselle Alia ?

Je jette un œil à Marina avant de m'avancer vers la porte et de faire une révérence.

— Sire, que puis-je pour vous ?

— Venez avec moi, dit-il en m'entraînant dans le couloir.

Il nous conduit dans un petit salon.  Il a dû sortir une clé de sa poche pour déverrouiller la porte, et il la referme derrière lui.  Il me fait signe de m'assoir, et j'obtempère.

— Voulez-vous que je fasse apporter quelques rafraîchissements ?

— Non merci, Sire.

— Je comprends que vous m'appeliez « Sire » devant les autres, mais n'avions-nous pas convenu que vous seriez Alia, et moi Éric ?

— Je ne pensais pas que cette invitation était toujours valable après notre tête-à-tête plutôt désastreux, réponds-je, surprise.

— Nous avons eu un désaccord, certes, mais ce n'est pas la fin du monde, si ?

— Je ne sais pas.

— Vous êtes toujours en colère contre moi ?

Suis-je en colère contre lui ?  L'ai-je même jamais été ?  Pas vraiment, non.  Il n'est pas responsable de tout ça et il fait de son mieux.

— Non, je n'ai jamais été vraiment en colère contre vous, Éric, mais contre la situation.

— Cela me soulage.  Je voulais vous laisser un peu de temps pour vous en remettre avant que nous ne passions de nouveau un peu de temps ensemble.

— Pourquoi ?

— Pour éviter une nouvelle dispute !  Je me suis dis que ça aiderait ...  J'ai eu tort ?

— Honnêtement, Éric, je ne sais pas.  J'ai eu le temps de réfléchir et de comprendre votre point de vue, mais j'ai eu l'impression que vous me laissiez de côté et que vous ne vouliez plus me voir, admis-je, baissant les yeux.

— Regardez-moi, Alia.  Je suis désolé.  Je ne savais pas comment réagir.  Je n'ai pas l'habitude de me disputer avec qui que ce soit, mais je ne veux surtout pas que vous pensiez que je ne veux plus vous voir.  Vous êtes bien la seule personne ici dont je sois déjà sûr qu'elle me dira toujours la vérité, et c'est vraiment rafraichissant.

Il me fait un sourire timide, que je lui rends.  Je ne sais pas quoi dire.  Je ne le connais pas, et on ne peut pas dire que notre première discussion fut de tout repos.  Je ne suis pas ici pour lui, je joue le jeu uniquement par obligation, et pourtant... il m'intrigue.

— Et si nous oublions tout cela ? dis-je finalement.

— Exactement ce que j'espérais entendre, me dit-il avec un grand sourire.

Lys (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant