Les filles me regardent toutes les trois bizarrement.
— Tu as passé tout l'après-midi avec Sire Éric ? me demande Carine.
— Oui, pourquoi ?
— Aucune d'entre nous n'a jamais eu droit à un rendez-vous aussi long, me répond Brigitte. Je pense qu'il n'y a pas de doute quant au fait que tu sois sa préférée, mais la compétition n'est pas finie ma chère, et je vais me démener pour remporter le premier prix.
— A savoir un mari ? plaisanté-je.
— Absolument ! répond-elle en me souriant.
Je mets une certaine distance avec Marina. Je n'ai pas encore eu l'occasion de lui parler des révélations qu'Éric m'a faite, mais je ne tarderai pas.
— Mesdemoiselles, dit Éric à la cantonade, ma mère vient d'avoir une merveilleuse idée. Elle propose que vous organisiez un bal pour sa Majesté le Roi qui doit venir nous rendre visite dans six jours. Rendez-vous dans le boudoir afin d'en discuter avec elle.
Il sourit, il est heureux et mon estomac se contracte à l'idée que c'est grâce à moi, et que ça pourrait ne pas durer.
— Qu'avez-vous fait pendant votre rendez-vous ? me demande Marina. Il est resplendissant.
— Nous avons discuté, nous avons ri, nous nous sommes rapproché, que cela te plaise ou non.
— Pourquoi m'agresses-tu ?
— Tiens-tu vraiment à en parler maintenant ? Ne préfères-tu pas que nous soyons seules ?
— Je n'ai rien à cacher, et encore moins à me reprocher.
— Tu nous as menti, Marina. C'est toi qui a embrassé Éric et non l'inverse.
— Je ne vois pas ce que ça change, le résultat est le même, il m'a rendu mon baiser.
— A peine, d'après ses dires.
— Non, intervient Brigitte en même temps que moi. La formulation laisse entendre tout à fait autre chose. Que le baiser vienne de lui ou de toi ne signifie pas la même chose.
— Et après ? Je n'ai rien fait de mal.
— Assez ! intervient Carine. Je pense que nous ne devrions pas nous disputer de la sorte.
— Tu as raison, Carine, et je vais être honnête à mon tour. Nous nous sommes embrassés, Éric et moi.
Elles me regardent toutes et finissent par hocher la tête.
— Je pensais que c'était déjà fait mais que tu ne voulais pas le dire, admet Brigitte.
— Nous nous sommes promis la franchise, rétorqué-je, et je ne mens pas. Il m'a embrassé hier.
— Mesdemoiselles ?
L'intervention de Dame Catherine met fin à notre conversation et nous allons toutes dans le boudoir.
— Comme vous l'a dit mon fils, dans six jours, le Roi viendra nous rendre visite avec le retour de John. Il emmènera bien évidemment sa femme et son fils avec lui, de même que quelques Élus très importants. De notre côté, nous inviterons quelques amis proches. Il s'agira donc d'organiser un bal pour une trentaine de personnes. Vous avez carte blanche, je vous demanderai juste de me soumettre vos progrès à la fin de chaque journée, à dix-sept heures, dans mon bureau. Mademoiselle Alia sait où il se trouve.
Elle me fait un clin d'œil avant de nous demander si nous avons des questions qui fusent de partout en même temps. Je n'ai personnellement aucune envie de prendre part à cela, mais je n'ai pas le choix. C'est toujours le rôle de la femme d'organiser les meilleures réceptions, les plus beaux bals. Si tout se passe bien, l'honneur revient à son mari, dans le cas contraire, elle est blâmée et porte la honte de cet échec aussi longtemps que les gens s'en souviennent.
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Lys (Terminée)
RomanceAlia est une Gradée, une Lys pour être précis. Sa vie a basculé le jour où son père a reçu une lettre d'un Elu, son oncle, dont elle ignorait jusqu'à l'existence. Elle peut changer sa vie ainsi que celles de ses parents à tout jamais, mais est-ell...