XIX. La réception

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Trois semaines se sont écoulées depuis la nuit de l'ultimatum du Roi. Mes sentiments envers John et Éric sont plus forts chaque jour, mais toujours égaux en intensité. Je n'arrive pas à faire un choix, et cela me fend le cœur. Toutefois, ils ont l'air de bien prendre les choses.

Les filles m'avaient bien évidemment bombardée de questions, et nous n'avions pas dormi cette-nuit-là. À quatre dans ma chambre, je leur ai tout raconté et, même si elles étaient toutes d'accord sur le fait qu'elles continueraient de se battre pour Éric, elles me soutiennent sains faillir. J'aurais cru qu'elles me pousseraient à choisir John car cela m'éliminerait des candidates, moi la favorite d'Éric, mais même si elles l'évoquent parfois en riant, elles ne me poussent jamais dans aucune direction. Elles se contentent de me soutenir moralement, et ça fait un bien fou de ne plus gérer ça toute seule.

Elise est toujours au château avec nous, mais elle ne s'intègre pas bien dans notre dynamique. Il faut dire que John ne fait pas beaucoup d'efforts avec elle.

— Tu devrais faire un effort avec elle quand même, dis-je à John. Elle va peut-être devenir ta femme.

— Ne dis pas cela. Je veux croire que tu vas te réveiller un matin en te rendant compte que, malgré tout le charme de mon frère, je suis celui sans qui tu ne pourrais pas vivre.

— John, arrête de prendre tout ça comme une plaisanterie, je t'en prie, il s'agit de ton avenir. Essaye au moins de la connaître un peu, elle ne demande que ça. Je ne sais même pas ce que la pauvre fait de ses journées. Quand tu n'es pas avec moi, tu travailles. Tu ne la vois jamais, ne me mens pas.

— Je te l'accorde, mais je n'ai pas envie de la connaître. Certes, elle me semble très gentille, mais je ne l'aime pas. C'est toi que j'aime.

Nous avons cette discussion presque quotidiennement. Je n'en peux plus à force. Je secoue la tête en signe de renonciation. Je n'ai pas envie de me battre aujourd'hui. C'est le jour où nos familles viennent nous rendre visite, et mon oncle m'a dit que ma mère l'accompagnerait.

Je suis heureuse à l'idée de voir ma mère, mais j'aurais aimé voir mon père aussi. Ils me manquent cruellement tous les deux. Je les ai toutes les semaines au téléphone, mais j'ai besoin de les voir et de les serrer contre moi.

— Allez viens, allons-y ou tu seras en retard pour accueillir ta famille.

En effet, lorsque nous arrivons dans le hall d'entrée, les parents de Brigitte et Marina sont déjà là. Nous faisons les présentations en attendant les autres. Chacune, nous avons une petite pièce rien que pour nous pour avoir un peu d'intimité. Malheureusement, nos familles ne restent pas plus de la journée alors qu'il était prévu au départ qu'elles restent trois jours, mais ni Dame Catherine ni Sire Bernard ne veulent nous dire pourquoi, et Éric et John ne semblent pas au courant non plus.

Enfin, je vois mon oncle et derrière elle, ma mère. J'ai envie de courir pour me blottir dans ses bras, mais je lutte pour bien me tenir et je vois qu'elle fait de même.

— Mon oncle, dis-je en arrivant à hauteur de mon oncle et en le serrant brièvement dans mes bras avant de me tourner vers ma mère. Maman !

Il est dur de lutter contre les larmes, mais bientôt, nous serons dans notre petit salon et nous pourrons nous laisser aller.

— Comment vas-tu ma belle ?

— J'ai tellement de choses à te raconter, tu m'as tellement manquée !

— Toi aussi tu m'as manquée ma chérie.

Nous continuons de parler en avançant vers le petit salon du rez-de-chaussée qui nous a été assigné.

Lys (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant