XVII. Le bal

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Enfin, mardi arrive. Tout est prêt pour le grand bal. Tous les Lys du château ont été réquisitionnés afin de servir au dîner, puis au cocktail, et enfin au bal, même Jenna.

Des Roses sélectionnés rigoureusement sont arrivés ce matin et répètent dans la grande salle d'apparat. Nous portons toutes et tous nos plus belles tenues dans l'attente de l'arrivée du Roi. Il devait arriver à quatorze heures avec sa famille et John, mais ils sont en retard.

— Je commence à avoir mal aux pieds à force de rester statique comme ça, dit Brigitte.

— Je te comprends, j'ai des fourmis dans les mollets, lui répond Marina.

Je ne fais pas de commentaire, mais leur lance un regard compatissant signifiant que moi-même je commence à me sentir mal, mais nous ne pouvons pas quitter notre place. Même Dame Catherine et Sire Bernard sont sur le qui-vive, pas loin de nous.

Je repense à ma conversation avec Marina, il y a deux jours. Nous avons pris la peine de nous expliquer elle et moi.

— Je suis désolée, m'a-t-elle dit, de t'avoir menti. J'ai fait irruption exprès quand je vous ai entendu dans le couloir, Éric et toi. Je ne sais pas comment t'expliquer, mais je sais depuis le début que tu es sa préférée, et je pensais, à tort, que si je vous empêchais de vous embrasser et de devenir plus intime, j'aurais une chance moi aussi. Tu n'imagines pas comme je suis rongée par le remord.

— Parce que ça n'a servi à rien ? avais-je répliquée, méchante.

— Non, parce que tu étais mon amie, et que je t'aime comme une sœur. Je ne peux que te demander pardon, encore et encore. Je te jure que c'est la seule fois où j'ai fait quelque chose de mal, et je m'en veux tellement que jamais je ne recommencerai. Je dois séduire Éric par ma propre personnalité, pas en essayant d'anéantir ce que vous bâtissez tous les deux.

Nous avions discuté comme ça pendant deux heures, mais finalement, je lui ai tout pardonné parce que Marina est ce qui se rapproche le plus d'une meilleure amie pour moi, et que moi aussi, je l'aime comme une sœur. Je sais aussi que sa famille fait pression sur elle, et je comprends cela parfaitement puisque mon oncle fait la même chose avec moi.

Elle m'avait aussi parlé de leur second baiser. Éric m'en avait déjà tout dit, mais je l'écoutais néanmoins et constatais qu'elle disait la vérité. Elle avait tenu à s'expliquer auprès de lui, et de fil en aiguille, il lui avait donné un baiser de son plein gré. Il m'avait aussi avoué que ça ne signifiait rien pour lui, mais qu'il sentait qu'elle en avait besoin, et c'était quelque chose que je pouvais comprendre. Aussi nous étions-nous réconcilié, et j'en suis plus que ravie car elle me manquait.

Je ne suis pas du genre colérique, et j'ai horreur d'être fâchée avec quelqu'un, surtout quelqu'un que j'aime, mais je ne pouvais pas laisser passer sans me défendre. J'ai l'impression que nous sommes plus proches maintenant. Carine et Brigitte ont passées l'éponge elles aussi, mais elles n'étaient pas aussi impliquées que moi, ça a dû leur faciliter les choses. Nous sommes plus soudées que jamais.

Je sens le regard d'Éric sur moi, et je sors de mes pensées pour le regarder. Il me dévore littéralement du regard. Il va vraiment falloir que je lui dise de faire attention. Il ne peut pas se permettre de montrer aussi ouvertement qu'il est amoureux de moi, même si les autres s'en doutent. Je ne suis pas prête à lui donner ma main, John me manque, et ça me semble un signe évidant que mon cœur n'appartient pas encore à Éric. J'espère sincèrement que le revoir me fera avoir le déclic sur celui que je veux vraiment auprès de moi.

Enfin, le Roi Edouard et sa suite arrivent. Je l'ai vu en portrait, je connais ses traits, mais je suis impressionnée de le voir en vrai. Il dégage une aura de puissance encore accentuée par la femme menue qui se tient à son côté. La Reine est très élégante, blonde, petite et à l'air chétif. Ce n'est un secret pour personne qu'elle n'est qu'une marionnette entre les mains de son mari, mais son visage reflète la bonté dont tout le monde parle. Vient ensuite le Prince Georges. Il a seize ans, mais il est déjà aussi grand que son père. Il est impressionnant, avec un visage sévère et peu avenant. Et enfin, derrière lui, se tient John et les suivants que le Roi a tenu à emmener avec lui.

Lys (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant