V. L'exposition

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Je porte une robe a-ligne à bustier droit, rouge et satinée.  Jenna m'a fait un chignon flou, et un maquillage légèrement plus soutenu que d'habitude.  Je ne suis pas vaniteuse, mais quand je me regarde dans la glace, je ne peux m'empêcher de me trouver belle.

J'en ai confirmation lorsque j'arrive dans le hall.  Alors que je descends les escaliers, je vois Éric et Sire John qui me contemplent, la bouche légèrement entrouverte.  Je retiens un sourire avant de me diriger vers Éric.

— Alia, vous êtes magnifique.

— Merci, réponds-je, un sourire flottant sur mes lèvres.

Il me tend son bras, que je prends pour aller jusqu'à la voiture.

— Vos parents ne nous accompagnent pas ? demandé-je tant à Éric qu'à Sire John.

— Ils viendront plus tard.  Mon père avait encore pas mal de choses à faire avant de partir.

— Je suis navré de jouer les chaperons, me dit alors Sire John.

— J'imagine que ça ne peut pas faire de mal d'en avoir un, ris-je.

— Auriez-vous peur que je me comporte mal ? demande alors Éric.

— Naturellement, vous êtes un homme, et vous n'arrêtez pas de me dire à quel point je suis belle.  Je crains pour ma vertu.

J'écarquille exagérément les yeux, et nous rions tous les trois.

— Je tenais à vous dire que Mademoiselle Carine a beaucoup aimé notre balade en carrosse, et vous aviez raison, elle est adorable une fois qu'elle laisse un peu de sa timidité de côté.

— Je suis heureuse de savoir que vous avez passé un bon moment.

Et je suis sincère.  J'ai parfois l'impression de devoir défendre Carine du reste du groupe.  Elle est si timide, et je vois qu'elle n'a pas une grande confiance en elle.

Le reste du trajet se fait au rythme de conversations anodines, sur les chevaux, principalement.  Nous arrivons finalement devant un grand bâtiment en béton.  Il y a une porte rouge, un Aigle devant, mais aucune enseigne, aucune affiche.

— Comment peut-on savoir qu'il y a une exposition ici ?  Il n'y a rien d'indiquer !

— Comme je vous l'ai dit, il s'agit d'une exposition très... sélective.  La plupart des Élus ne sont même pas au courant qu'elle a lieu.

— Mais... pourquoi ?

— Vous le verrez bien assez tôt.

Nous nous dirigeons, à pied, vers la porte, et l'Aigle qui la garde.

— Puis-je voir vos invitations ?

— Mais certainement, répond Éric en sortant un carton d'invitation de sa poche.

— Je vous en prie, répond l'Aigle en se remettant sur le côté après avoir examiné le carton pendant une bonne minute.

La porte s'ouvre toute seule, et nous pénétrons dans un hall d'accueil très chaleureux.  Une jeune Feuille se tient derrière un comptoir et nous adresse un sourire chaleureux avant de nous proposer de prendre nos manteaux.

— Une Aigrette va venir vous chercher dans un instant.  Puis-je vous proposer quelque chose à boire en attendant ?

Nous refusons tous les trois et nous installons dans des fauteuils en tissu rouge, très confortables et assortis à ma robe.  Je me demande quand même pourquoi une Aigrette ?  Les Aigrettes sont, selon moi, les Gradés qui ont le moins de chance.  Ils peuvent passer du jour au lendemain du travail de Lys à celui de Terre, de Pierre, ou même d'Aigle.  La seule fonction qui leur est interdite est Phoenix.  Ne jamais savoir où on ira et ce qu'on fera le lendemain, je trouve ça atroce, mais ils sont indispensables à la société pour qu'elle fonctionne correctement.

Lys (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant