VIRTUELLES VIRTUOSES

Une amie qui vous veut du bien

Chapitre 2 : Une amie qui vous veut du bien

Réveillée en sursaut par la sonnerie de mon téléphone, j'avais comme une impression de déjà-vu avec mon réveil précédent.

Même rituel que la veille, je fis juste un crochet à la boulangerie afin d'amener des donuts pour Carine et moi-même. Chacune son tour !

A peine arrivée, mon amie se précipita à ma rencontre :

-Alors, tu as survécu à une soirée à tchater ?

-Tu sais, chez les gens civilisés, on dit bonjour à ses amis avant de se ruer sur eux, tel un rapace sur sa proie, répondis-je de manière sarcastique, tout en lui tendant un donuts et un café. Tu n'es pas journaliste pour rien. Tu t'es juste trompée de voie, tu aurais du te spécialiser comme paparazzi ou journaliste people.

- Vanessa, que tu peux être bête ! Tu sais bien, que je me moque de la vie des stars. Par contre, la tienne m'intéresse énormément ! Alors, vas-y balance !

Avec un haussement de sourcils suite à ces révélations, je lui fis un compte rendu détaillé de ma conversation d'hier avec « Effet Mer ». Je savais que si j'oubliais, le moindre détail, ma collègue ne me louperait pas. A la fin de mon discours, Carine s'écria avec enthousiasme :

-Ma foi ! C'est plutôt un début prometteur pour ta première !

-T'emballe pas non plus ! A ce rythme là tu vas vouloir me marier le mois prochain !

-N'exagérons rien ! Quoi que... Ca ne pourrait te faire que du bien.

Cette fille n'était pas sérieuse quand elle balançait une bombe pareille ?! C'était ma meilleure amie, mais parfois elle était vraiment épuisante !

-Maintenant que j'ai fait ce que tu voulais, laisse-moi bosser et tu devrais en faire autant!

Ma collègue repartit vers son bureau, un sourire satisfait sur le visage. Je n'étais vraiment pas au bout de mes peines avec elle !

Alors que j'essayais de me concentrer sur mon travail, mon téléphone vibra. Je venais de recevoir une notification, quelqu'un m'avait envoyé un message sur le site. Il se pourrait que, effectivement, l'application ait été téléchargée sur mon smartphone, par mégarde bien entendu. Cela pouvait toujours s'avérer utile ! La preuve ! Intriguée, je m'empressais de me connecter. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire lorsque je vis que c'était « Effet mer » qui venait de m'écrire :

-Pas trop dur le réveil ce matin ?

Maeve : Ne m'en parle pas ! J'ai cru que jamais je ne me lèverai! Pas facile de se concentrer au travail dans ces conditions...

Les « ... », technique infaillible pour que votre interlocuteur imagine tout et n'importe quoi. Le concept était de laisser penser qu'ils signifiaient ce qu'on avait bien envie de croire. Sans me vanter, j'en avais fait craquer plus d'une de cette manière.

Effet mer : les conditions sont si difficiles que ça ?

Maeve : Tu n'imagines même pas à quel point !

Effet mer : Explique moi donc alors ! ;)

Maeve : Entre le manque de sommeil, et toi qui me distrais, pas facile de se concentrer au travail !

Effet mer : Ravie d'être ta distraction de la journée ;) Mais je ne voudrais pas que tu te retrouves au chômage par ma faute XD Je te propose que chacune d'entre nous pose sa question mais que l'on y réponde seulement ce soir, si cela te convient ;) Cela nous laissera le temps d'essayer de trouver la bonne réponse !

Maeve : Je valide ! Dans quoi travailles-tu ?

Effet mer : D'où vient ton pseudo ? Je te préviens, c'est ce qui m'a poussé à te parler et je pense connaître la réponse. Prépare toi à avoir un gage :p

Maeve : Tricheuse et sournoise ! Tu t'es bien gardée de me le dire ! Tout ça pour me donner un gage !

Effet mer : J'appellerai plutôt ça de l'intelligence et de la ruse :p

Maeve : Tu m'as stressée avec cette histoire de gage potentiel, je vais avoir du mal à me concentrer maintenant ! :0

Effet mer : Tu m'en vois désolée :/ Mais je saurais me faire pardonner :p

Maeve : Curieuse de savoir comment tu vas t'y prendre...

Effet mer : Tu verras bien... Allez file bosser maintenant ! Je vais d'ailleurs faire de même !

Maeve : Chef oui chef ! A ce soir ;)

Effet mer : Repos soldat ! Lol Allez à ce soir J

Tandis que je fermais mon application, je reçus un sms :

Carine : C'est comme ça que tu bosses sur ton article ? En tchatant avec Effet mer ?

Cette fille était impossible ! J'étais tellement absorbée par ma conversation que j'avais oublié que mon bureau se trouvait non loin devant le sien, lui laissant tout le loisir de m'épier.

Agacée, je jetai un coup d'œil derrière moi. Carine avait un sourire ravi accroché au visage. Encore.

Moi : Et bien tu n'avais pas l'air très concentrée sur ton travail non plus, étant donné que tu as passé ton temps à m'espionner ! Et d'abord qu'est ce qui te faite dire que je parlais avec Effet mer ?

Carine : Il fallait voir ton sourire niais éclairé ton visage tout le long de ta conversation virtuelle :p Mais c'est une bonne chose tu sais J

Moi : Pff c'est ça ! Allez laisse moi bosser maintenant !

Tant bien que mal, avec l'aide d'un fond de musique celtique (rien de tel que pour me retrouver l'inspiration), je réussis à me concentrer et pondre un article plutôt correct. Satisfaite de moi, je m'empressai de le transmettre à mon chef. Jusqu'à présent, celui-ci était ravi de mon travail, je ne voulais pas tout foutre en l'air maintenant, surtout pour une fille que je ne connaissais même pas et avec qui je tchatais depuis seulement deux jours ! Les femmes auront ma peau, songeais-je avec ironie.

L'heure de rentrer chez soi arriva rapidement et Carine ne put s'empêcher de me lancer un pique avant de partir :

-Je t'aurais bien proposé d'aller boire un verre, mais je parie que tu as mieux à faire !

- Vas donc rejoindre ton Jules au lieu de m'embêter. D'ailleurs, tu lui passeras le bonjour et tu lui feras part de toute ma compassion pour te supporter depuis plus de trois ans maintenant ! Je ne dirai jamais à quel point ce mec a du courage d'être avec toi depuis tout ce temps ! Tu me diras, c'est peut être de la pure inconscience ou du masochisme !

Sur ces paroles chaleureuses et amicales, nous rejoignîmes nos foyers respectifs.

Nous passions notre temps à nous chamailler, telle des sœurs, mais nous nous adorions. Je pourrais donner ma vie pour mon amie et je savaais qu'elle ferait de même. Ce genre d'amitié était aussi rare que précieuse.