VIRTUELLES VIRTUOSES

La crémaillère

           

Nous étions le jour de dit de la crémaillère et je devais trouver un cadeau adéquat. Cette fois-ci Carine ne me serait d'une piètre aide, je ne pouvais compter seulement sur moi-même. Voilà de quoi m'occuper avant la soirée. Parfait. J'étais extrêmement anxieuse à l'idée de rencontrer son père et ses amis. D'un autre côté, j'étais heureuse qu'Abby me fasse entrer davantage dans sa vie. Ceci témoignait de sa confiance à mon égard.

Après de longues heures à écumer des dizaines et des dizaines de magasins, je trouvais enfin un cadeau qui correspondait exactement à ce que je cherchais, qui correspondait à Abby. J'étais sûre qu'il lui conviendrait et qu'elle adorerait.

Une fois mon achat effectué, je constatais que l'après-midi était déjà bien entamée. Le temps pour moi de me préparer sans être pressée par le temps. Il était désormais l'heure d'aller chercher mon ancienne voisine en voiture.

Lorsque nous arrivâmes chez Abby, la plupart des voisins étaient déjà là. Nous nous empressâmes de les saluer. Tout le monde était ravi de revoir notre doyenne. Une fois les retrouvailles passées, j'aperçus la mère d'Abby qui vint à ma rencontre :

-Vanessa, je suis heureuse de te revoir. Francine, bonjour !

-Bonjour Solène ! Répondis-je tout sourire, heureuse de la revoir également.

-Ma mère t'as déjà mis le grappin dessus à ce que je vois. Je me fais harceler par mes amies, viens donc que je te présente, me lança Abby sortie de nul part.

-Euh oui d'accord. A plus tard Francine, Solène.

Comme si j'avais le choix, songeais-je.

Je n'étais pas encore partie que Francine et Solène parlaient avec enthousiasme en nous regardant. La soirée promettait d'être intense. Je suivais l'hôtesse de maison avec fébrilité.

Je me retrouvai face à deux jeunes filles qui devaient avoir notre âge. L'une était châtain avec des yeux noisette et un regard chaleureux. Je sus immédiatement qu'une grande amitié venait de naître. Elle m'adressa un sourire sincère en guise de bienvenue. Elle était également très jolie.

Quant à l'autre, brune ténébreuse, des yeux aussi noirs que le regard qu'elle me destinait. Aussi belle qu'impétueuse. J'avais l'impression d'avoir quitté le confort et la chaleur d'un doux foyer pour un froid glacial hivernal. J'en aurai presque frissonné. Je ne sais pas ce qu'était son problème, mais elle allait me donner du fil à retordre celle-là.

-Vanessa, je te présente Virginie et Sandra. Je dois vous laisser, je reviens plus tard, j'ai d'autres invités à accueillir.

Je lançais un regard paniqué et chargé de reproches à Abby qui l'ignora complètement et m'abandonna au milieu de ses amies. Mon Dieu, heureusement que Virginie était là, je n'étais pas sûre de pouvoir rentrer en vie chez moi après la crémaillère si j'étais restée seule avec Sandra. Cette dernière était presque effrayante. Je ne comprenais pas pourquoi elle avait l'air aussi antipathique, il me semblait lire de la haine en elle à mon égard alors que nous ne nous connaissions même pas !

-C'est donc toi la fameuse Vanessa ? me demanda l'intéressée en me déshabillant du regard.

Elle avait craché mon nom, comme un serpent crachait son venin.

-Je dois avouer malgré tout qu'Abby a plutôt bon goût, s'empressa-t-elle d'ajouter, en esquissant un sourire charmeur.

Me voilà rassurée, elle savait sourire. Je ne savais pas quoi penser d'elle. Vraiment étrange son comportement, elle soufflait le chaud et le froid dans une même phrase, dans un seul et même geste. Heureusement Virginie vola à mon secours :