Prologue: Débauche et décadence

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Il était encore très tôt, l'aube venait tout juste de se lever. Un soleil orangé perçait timidement de ses rayons, les quelques nuages présents dans le ciel. Un mal de tête fulgurant m'avait réveillée, cause d'une nuit de débauche. Encore. Je vérifiais que mes conquêtes d'un soir dormaient à poings fermés. Oui, comme cela m'arrivait parfois, j'avais encore terminé ma soirée avec un couple qui recherchait un peu de piment dans leur vie. Ce soir ce piment c'était moi. Je m'habillais en silence, pris mes affaires, et m'éclipsais discrètement. Tel un fantôme, il n'y avait désormais plus aucune trace de mon passage chez ma jolie blonde et jolie rousse d'un soir. Je ne me rappelais même plus de leur prénom, si tenté me l'avaient-elles donné.

Je mis mon casque sur la tête, enfourchai ma bécane et me dirigeai à vive allure vers mon domicile.

A peine passée la porte, mon chat m'attendait devant sa gamelle vide, le regard chargé de reproches de l'avoir laissé seul, encore une fois. Je m'empressais de parcourir de mes doigts, son pelage noir, puis remplis sa gamelle.

Pendant que « Weeling » se précipitait sur sa nourriture, à croire qu'il avait passé une semaine sans manger, je filais prendre une douche. Pour une fois je pris mon temps, et me lavais avec insistance comme pour me purifier de cette nuit de décadence. J'avais encore bu, beaucoup trop bu, et même fumé quelques joints. J'essayais de  me souvenir de ma soirée. J'étais sortie avec des amies dans le « milieu » comme on aimait le dire entre nous. Il s'agissait pour nous, d'établissements gays. Comme à chaque fois, elles me surveillaient malgré leur état d'ébriété avancé, afin que je ne fasse pas trop de folies. Mais comme toujours, j'avais réussi à échapper à leur vigilance. Il faut dire que j'avais bien été aidée entre l'alcool, la drogue, et les jolies filles. Célibataires et lesbiennes comme moi, elles avaient fini dans les bras de leur conquête d'un soir. Mais contrairement à moi, cela leur arrivait rarement et n'étaient pas célibataire depuis aussi longtemps que moi.  Et bien sûr, il y a eu ces filles chez qui j'ai terminé ma soirée, ces inconnues qui ont eu le droit à cette partie sombre de moi. Celle où je me contente de baiser des nanas que je traite comme des objets, avant de disparaître telle une voleuse.

Depuis ce jour, je m'étais promis de ne plus jamais tombée amoureuse, ce jour où j'ai trouvé Anaïs dans les bras d'une autre dans notre lit. Je n'avais même pas vu son visage. Je ne savais même pas si  elle était au courant qu'elle venait de briser un couple. Tout ce dont j'étais sûre, c'est que je ne voulais plus jamais avoir affaire à ces deux là. Moi, qui me voyais finir ma vie à ses côtés. Celle à qui j'avais donné mon âme, m'avait trahie de la manière la plus banale qu'il soit. Elle avait tenté de justifier sa conduite, qu'elle ne signifiait rien pour elle, que c'était une erreur de parcours. Mais je savais que désormais je serais incapable de lui faire confiance et j'avais perdu foi en l'amour. Depuis j'enchaînais les histoires sans lendemain de peur de souffrir à nouveau.

Mais cela faisait plus d'un an maintenant que cette situation durait. Un an où je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Je ne savais même pas pourquoi je me levais encore chaque jour. Je me mis alors à pleurer, les larmes se mêlant à l'eau brûlante sous la douche. Perdue dans mes pensées, j'avais oublié que j'y étais encore. Une fois ma crise de larmes passée, je m'appliquai à me sécher, enfilai un boxer et un vieux t-shirt avant de m'écrouler de fatigue dans mon lit.

Quand je me réveillai, il était midi passé, j'avais du mal à émerger mais je finis par prendre une décision, ce que j'aurais dû faire il y a un moment déjà : il était temps pour moi de reprendre ma vie en mains. J'étais fatiguée de cette vie, de toutes ces conquêtes que j'enchaînais comme pour combler ce vide qui s'était emparé de moi. J'avais l'impression que plus je continuais et plus je me sentais seule. Il fallait que je trouve une solution, je ne pouvais plus continuer de cette façon! J'y réfléchirai demain. Aujourd'hui je n'avais pas la tête à ça.

Je m'habillai rapidement, descendis à la cuisine et avalai un morceau en vitesse avant d'enfourcher mon deux roues. Il fallait que je vide ma tête et c'était le meilleur remède que j'avais trouvé pour le moment. Je me dirigeai vers un coin idéal pour une balade en moto, plein gaz, le bitume et le paysage défilant à toute allure devant moi. J'enchaînais les courbes et les virages, mes genoux frottant le sol, des étincelles provenant des cale-pieds. Je me sentais vivante. Après quelques heures à me défouler sur ma moto, je décidai de rentrer à la maison. Demain, c'était lundi et il fallait aller travailler.

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