Une semaine, sept jours, 168 heures, 10080 minutes et 604800 secondes qu'elle était partie sans aucune explication. J'avais fait la conversion moi-même dans différentes unités. Je n'avais plus que ça à faire. Le temps s'écoulait à une vitesse atrocement longue. Une semaine dans le monde réel, des années dans ma réalité. Chaque jour, j'espérais la voir franchir ma porte, venant s'excuser, me donner les raisons de son départ, mais il n'en était rien. Je m'étais murée dans un silence où je repassais sans cesse cette foutue vidéo comme pour être sûre que je ne l'avais pas rêvée. Un véritable cauchemar, il ne pouvait en être autrement. Elle avait emporté avec elle, une partie de moi. C'est comme si toute la vie en moi s'était échappée.
J'inquiétais énormément mes proches qui se trouvaient vraiment désemparés face à mon état. Carine avait organisé une réunion de crise et de commun accord, les filles avaient déclaré l'état d'urgence : elles restaient avec moi à tour de rôle, de peur que je ne dépérisse davantage. Je n'étais plus qu'une enveloppe corporelle, une sorte de zombie, complètement morte à l'intérieure. Me lever, prendre une douche, m'habiller, travailler, tel était mon quotidien. C'est à peine si j'avais conscience du monde qui m'entourait, mon monde était mort lorsqu'Abby m'avait quittée. Etrangement, la seule chose que j'arrivais encore à faire c'était écrire des articles, ils étaient sombres mais très bons. Cela me permettait, inconsciemment, d'extérioriser ma peine. Je n'arrivais pas à jouer de la guitare et prendre la moto ne changeait absolument rien si ce n'est me rappeler notre dernier week-end passé ensemble. C'en devenait presque une torture.
Je ne dormais presque pas, et lorsque je m'endormais d'épuisement, je faisais des cauchemars. Il y avait Abby bien sûr, mais aussi des anciens qui refaisaient surface. Je revoyais l'accident, du moins je l'imaginais. C'était terrible, je voyais leur visages déformés de terreur, leurs corps se disloquer sous l'impact, du sang, beaucoup de sang, des membres arrachés, je pouvais ressentir leur souffrance, ma souffrance. Puis une explosion qui effaçait presque toute trace d'eux, comme s'ils n'avaient jamais été de ce monde, il ne restait plus que des cendres et des os calcinés. J'avais même des hallucinations olfactives de chair brûlée qui me donnait la nausée à en vomir. A chaque fois, je me réveillais en sursaut et courrais aux toilettes régurgiter toute ma bile. Carine avait tenté de me convaincre d'aller parler à un professionnel, en vain.
Je me haïssais d'être ainsi, pour une simple histoire de cœur, il n'y avait pas mort d'hommes. Je savais que c'était bien plus mais je n'avais pas le droit de réagir ainsi. Comment pouvais-je être aussi égoïste ? Comment pouvais-je être autant affectée par cette fille que je ne connaissais presque pas finalement, après tout ce que j'avais déjà traversé ? Et par-dessus tout, je haïssais Abby de m'avoir laissée ainsi, je haïssais mes parents et mon frère de m'avoir abandonnée. J'en voulais à la Terre entière. Paradoxalement, je tenais à cette colère car cela prouvait qu'il restait un peu de vie en moi. Alors je la laissais monter en moi, espérant qu'elle explose et se manifeste de quelconque manière, mais elle retombait aussitôt avant d'arriver à son apogée, me laissant de nouveau vide face à l'écho de mon silence, de son silence.
J'avais tenté de joindre Abby, chaque jour, mais je tombais à chaque fois sur son foutu répondeur dans lequel une voix métallique et robotisée m'informait que mon interlocutrice n'était pas joignable. Sans blague ! J'avais bien cru comprendre en effet...
Un autre de mes rituels : passer ma fin de journée devant la maison d'Abby. J'observais le moindre changement potentiel, mais rien ne bougeait. Tout était désespérément calme, dénudé de toute vie, les volets restaient clos. J'étais de nouveau prostrée devant la maison lorsque j'entendis des pas derrière moi. Je ne tournai même pas la tête, je savais pertinemment de qui il s'agissait.
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VIRTUELLES VIRTUOSES
RomanceQuand le virtuel prend le pas sur la réalité. Voilà un exemple d'un amour naissant qui commença sur un site de rencontres. Est ce que nos deux protagonistes vont oser franchir le pas ou préférer la sécurité de leur écran d'ordinateur et smartphone?