Lorsque je me réveillai, un brouillard houleux semblait m'entourer, accompagné d'un mal de tête carabiné. Je lâchais un gémissement. Je sursautai en réalisant que je n'étais pas seule dans le lit. Deux jeunes filles étaient de chaque côté, lovées dans mes bras. Merde, mais où est ce que j'étais, aucun souvenir de la soirée de la veille. Aurais-je encore fini la soirée avec des conquêtes d'un soir. Putain Abby ! Elle va me tuer. Je repensais alors à notre « conversation téléphonique » il y avait quelques heures de cela. Il me fallut cinq bonnes minutes pour reconnaître Carine et Clara qui dormaient encore à mes côtés. Un immense soulagement me parcourut. Peu à peu, le fil de la soirée me réapparut. Il faut dire que je n'y étais pas allée de main morte question alcool. A force de m'agiter, j'avais réveillé les filles. Carine était aussi fraîche que j'étais mal. Clara semblait aller à peine mieux que moi.
-Ce n'est pas parce que tu ne dors plus que tu dois réveiller les autres, grommela Carine.
-Ne crie pas s'il te plaît ! M'exclamais-je d'une même voix avec Clara.
-Fallait pas boire autant les filles, se moqua Carine.
De mauvaise humeur, je me levai tant bien que mal. Je sentis le regard des filles sur moi. Je me retournais juste à temps pour apercevoir Clara qui détournait le regard en rougissant. Je n'étais vêtue que d'un simple boxer et d'un débardeur qui moulait un peu trop ma poitrine. Il faut dire que je n'avais pas prévu de dormir avec quelqu'un d'autre que Carine cette nuit. Je ne pus m'empêcher de me sentir flattée. Ce fut avec un sourire en coin que je repartis en direction de la salle de bain prendre une douche et enfiler quelque chose de décent. La douche fut brève et fraîche dans le but de faire de moi autre chose qu'un zombie pour le reste de la journée.
Une fois changée, je filai à la cuisine et pris une aspirine, tout en préparant le café. Paracétamol, le Saint Graal des lendemains de fête, accessible facilement. Morale : toujours en avoir sur soi, surtout quand vous avez une soirée de prévue, une soirée alcoolisée qui plus est. J'avais pour habitude d'en prendre avant de me coucher en prophylaxie. Le souci c'est que plus tu en as besoin, moins tu es en état d'y penser. Sans compter le facteur Abby qui me faisait perdre la tête. Heureusement, ce n'était pas la première fois que je passais ma nuit ici, je n'avais donc aucun mal à me repérer chez Lucie. J'étais la seule debout, j'en profitais pour consulter mon portable tout en sirotant mon café. Il indiquait quinze heures et que j'avais reçu un sms d'Abby. Je me ruais dessus de peur, complètement absurde, qu'il disparaisse soudainement.
Abby : Juste un petit message pour savoir comment tu allais. J'espère que tu as bien dormi et que tu n'as pas trop mal à la tête :p
Elle était vraiment trop chou à s'inquiéter ainsi pour moi, songeais-je niaisement avant de lui répondre :
J'ai juste l'impression que quelqu'un s'amuse à donner des coups de marteau dans mon crâne. J'ai même quelques trous noirs concernant la soirée d'hier... :/
Abby : Pas étonnant étant donné ton état d'ébriété avancé de la nuit dernière quand tu m'as appelée...
Moi : Je perçois une once d'inquiétude dans ton message. Je ne pourrai jamais oublier notre conversation d'hier, enfin très tôt ce matin...
Abby : Je n'en attendais pas moins de toi. J'étais cependant un peu inquiète, je plaide coupable. Maintenant que je suis rassurée, c'est l'heure des questions !
Moi : Je te préviens je ne suis pas trop inspirée...
Abby : C'est tout à mon avantage alors :p
Moi : J'ai une question tout de même : quand est ce qu'on se voit ? :p
Abby : Il faut le mériter :p
Moi : Et je ne le mérite pas, d'après toi ?
Abby : Il est encore trop tôt pour le dire...
Si je voulais un jour la rencontrer, il allait falloir user de toute la ruse et l'habilité dont j'étais capable. Abby semblait être quelqu'un d'extrêmement méfiant sur certains points. Je ne voulais pas la brusquer de peur de la faire fuir. Il allait falloir se montrer très patiente. Le moindre faux pas et tout était perdu.
C'est alors que me vint une question assez osée et culotée à poser à Abby. Je m'emparais aussitôt de mon téléphone :
Pourquoi est ce que tu fuis autant l'amour ?
Abby : Vaste question... Qu'est ce qui te fait penser une telle chose ?
Moi : Une fille telle que toi ne peut être célibataire seulement parce qu'elle ne veut pas s'engager. Ne t'inquiète pas je te ferai part de mon raisonnement tout à l'heure. :p
Abby : Je note ! Ma question : depuis quand joues-tu de la guitare ?
Moi : Réponse en fin d'aprèm quand je suis rentrée ? De vive voix ?
Abby : Marché conclu ! A tout à l'heure !
Quand je levai enfin les yeux de mon écran de téléphone, j'aperçu les trois filles attablées silencieusement juste devant moi. Je ne pus m'empêcher de sursauter. C'est dingue à quel point je pouvais faire abstraction de tout mon environnement lorsque je conversais avec Abby. Une vraie autiste !
-Deux fois en deux jours, railla ma meilleure amie. Je ne te demande pas avec qui tu discutais!
-Je veux savoir, renchérit Lucie, et en plus c'est mon anniversaire !
-C'était hier ton anniversaire, répliquais-je.
-Ne joue pas sur les mots, se plaignit Lucie. Que tu peux être rabat-joie !
-C'est ce que je me tue à lui dire sans arrêt, ajouta Carine.
Avant que je puisse répondre, Clara prit les devants et se chargea de faire un compte rendu détaillé du dossier Abby. Elle eut tout de même la décence de ne pas rentrer dans certains détails.
-Pourquoi tu ne m'avais encore rien dit? Ronchonna Lucie.
-Je ne l'ai pas encore rencontrée. Je suis la seule à ne pas m'emballer ici? Quand je la verrai, je vous en dévoilerai davantage.
-J'espère bien, répondirent d'une seule et même voix mes amies.
Sur ces bonnes paroles, Carine et moi-même décidâmes de rentrer, au plus grand damne des deux cousines.
Le chemin du retour se fit en silence. Des lunettes de soleil sur le nez pour atténuer la photophobie dont nous étions victimes, symptôme des excès de la veille.
Après ce trajet qui me sembla durer une éternité, nous arrivâmes enfin à destination. Carine me jeta, il n'y avait pas d'autres mots, juste devant chez moi, avant de partir comme une furie, pressée de retrouver son Jules.
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VIRTUELLES VIRTUOSES
RomantizmQuand le virtuel prend le pas sur la réalité. Voilà un exemple d'un amour naissant qui commença sur un site de rencontres. Est ce que nos deux protagonistes vont oser franchir le pas ou préférer la sécurité de leur écran d'ordinateur et smartphone?