Chapitre 2

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« - Non, Méaly, tu ne comprends rien. Je ne suis pas furieuse, je suis au-dessus de ça, je suis morte de trouille. Ça fait une semaine entière que tu ne réponds plus à mes SMS, que tu ne donnes plus de nouvelles. Tu ne te rends pas compte je crois. Tu sais ce que ça fait d'appeler cinquante fois et de toujours tomber sur le répondeur ? Je vais te le dire, c'est très frustrant et angoissant. Tu réalises que je suis obligée d'appeler sur ton fixe pour avoir un signe de vie ?
- Je sais Anaé, je suis vraiment désolée, mais j'avais besoin d'être seule et de me couper du monde.
- Non mais ce n'est pas ça le problème Méa ! Je sais qu'en ce moment ça ne va pas fort et pas besoin de me dire le contraire. Je suis ta meilleure amie, je te connais depuis quinze ans, je sais quand tu vas mal.
- Justement, la coupa brusquement Méaly, si tu le sais, pourquoi tu m'appelles ? Tu vois bien que je n'ai pas envie de te répondre, alors fiche moi la paix !
- Arrête Méa, on en a parlé des centaines de fois et tu sais très bien ce que tu dois faire dans ce genre de situation. Tu le sais et tu te moques de moi quand tu ne le fais pas. Ça me met hors de moi, parce que je m'inquiète comme une dingue et toi, tu t'en moques. Et je ne le supporte pas.
- Ça va, c'est bon, il n'y a pas mort d'homme non plus Anou.
- Tu me gonfles là Méaly. Tu me gonfles sérieusement.
- Si je suis autant insupportable, alors raccroche, la défia Méaly.
- Je te déteste tellement quand tu es comme ça.
- Je te déteste tellement quand tu es comme ça.
- Maintenant écoute moi, reprit Anaé avec colère, je sais pertinemment qu'il y a des choses que tu ne me dis pas. Je l'accepte parce que je t'aime et parce que je sais que tu fonctionnes comme ça. Je sais aussi que je ne peux pas te forcer à me parler de ce qui te tracasse. Mais je le vois Méaly. Ne crois pas que je suis aveugle. Je vois tes faux sourires, je vois tes faux rires, je vois que tu es triste derrière ta façade. Je vois que tu es mal. Alors je m'inquiète. Et ça, tu ne peux pas t'en moquer. Je ne t'embête pas avec tes problèmes et toi en retour tu fais comme on a dit. Et je te laisse tranquille.
- Je suis désolée Anou, désolée que tu te sois inquiétée. Je ne m'étais pas rendue compte que ça se voyait tant que ça et que je t'avais fait du mal. Pardon.
- Ce n'est pas grave Méa, souffla Anaé. Rappelle-moi la Promesse.
- Je te jure de toujours t'appeler avant de couper les ponts. Juste un petit SMS disant que je n'ai pas envie de parler les prochains jours pour ne pas que tu t'inquiètes. Tu es rassurée maintenant ? Tu me pardonnes ?
- Oui, maintenant c'est bon, ça me va. J'imagine que je ne vais pas avoir de tes nouvelles avant la rentrée ? »

Méaly resta silencieuse à l'autre bout du fil. Elle entendit sa meilleure amie soupirer lentement.

« - Je prends ça pour un oui. Allez Méa je vais te laisser. Tu sais que tu peux tout me dire ?
- Oui je sais.
-OK, ça va alors. Je t'aime Méa.
- Je t'aime aussi Anou. »

Et Anaé raccrocha. Méaly s'en voulait de ne pas avoir respecté la promesse qu'elle et Anaé s'étaient faites en sixième. Cette promesse était venue après la fameuse nuit sept ans plus tôt. Anaé n'était, bien sûr, au courant de rien, mais c'était à partir de ce moment là que sa meilleure amie était devenue renfermée et distante. Alors Anaé, inquiète, l'avait faite jurer de toujours l'appeler ou lui envoyer un SMS pour la prévenir qu'elle ne voulait pas parler.

Méaly avait presque toujours respecté la promesse. C'était seulement la deuxième fois qu'elle la rompait. La première fois, lorsqu'elles étaient encore en quatrième, Méaly avait eu un gros coup de blues, qui c'était transformé en déprime, ce qui l'avait obligée à louper quelques jours de cours. Elle n'avait pas prévenu Anaé, et celle-ci, terriblement inquiète, était venue jusqu'à chez elle pour savoir comment Méaly allait. Celle-ci n'avait aucunement l'intention de lui expliquer ce qu'il se passait, mais avait été obligée devant l'insistance de sa meilleure amie.

Elle ne l'avait jamais regretté, et aujourd'hui, seuls ses parents, son frère et Anaé étaient au courant pour ses tendances à la déprime. Cela ne l'empêchait pas directement d'aller en cours, elle passait outre, mais cela la fatiguait beaucoup et la rendait nerveuse et angoissée. Les cours, malgré ses très bonnes notes, n'étaient pas une partie de plaisir pour Méaly. Depuis cet épisode, elle avait toujours fait attention à prévenir à l'avance Anaé. Mais cette fois, c'était trop dur. Elle n'avait pas trouvé le courage de l'appeler.

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