Chapitre 21 - partie 1 -

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Trois jours. Cela faisait maintenant trois jours qu'il n'avait plus de nouvelles de Méaly. Il avait laissé plusieurs messages, mais tous étaient restés sans réponse. Il avait hésité plusieurs fois à passer chez elle, mais il savait qu'elle le tuerait s'il le faisait. Il essayait autant que possible de prendre son mal en patience, mais il n'y arrivait pas.

Il avait aussi envoyé un message à Anaé, qui lui avait dit qu'elle n'avait pas eu de nouvelles de la jeune fille, mais qu'il ne devait pas s'en faire, qu'elle allait sûrement bien. C'était vraiment dur pour lui de ne pas avoir de contact avec elle. Tout son être lui manquait, et il comptait les jours avant de la revoir.

De : Matthew
Je sais que tu révises, que tu dois être en train de me maudire parce que je te harcèle, mais s'il te plaît, est-ce que tu peux m'envoyer juste un message ? Histoire que j'arrête de m'inquiéter et que je puisse me concentrer sur mes révisions moi aussi. Je n'y arrive pas, tu occupes toutes mes pensées.
Nathan et Louis te passent le bonjour. Surtout Louis, il dit qu'il aimerait te revoir pour continuer à parler avec toi. Dois-je être jaloux ?
Nathan nous force à travailler, et ce n'est pas plus mal. Sans lui, je n'arriverais à rien.
Tu me manques. Réponds-moi s'il te plaît.

Méaly ne prit même pas la peine de relever la tête lorsqu'elle sentit son téléphone vibrer. Elle savait que c'était Matthew, mais elle n'avait pas le temps de répondre. Cela faisait trois jours qu'elle passait son temps entre les révisions, les phases de désespoir où elle se disait qu'elle n'arriverait à rien, les cachets qu'elle avalaient sans y penser, les coupures qu'elle s'infligeait, la cocaïne qu'elle prenait de plus en plus. Elle noircissait son carnet de mots qui n'avaient plus aucun sens, qu'elle seule pouvait comprendre.

Elle n'arrivait plus à rien, lorsqu'elle révisait elle ne comprenait rien, elle était incapable de faire correctement les exercices, et cela la mettait dans un tel état de colère qu'elle se faisait du mal. Elle avait même tracé un trait si profond dans sa peau qu'elle avait saigné plusieurs heures. Pour la première fois, elle avait dû mettre un bandage autour de sa blessure. Elle n'avait même pas eu peur, et c'était cela le pire.

Elle se sentait comme coupée de monde, plus rien n'existait, à part ses cahiers de cours, ses cachets, sa cocaïne et sa douleur. Elle déraillait complètement, son esprit et son corps commençaient à lâcher, fatigués de cette année de torture. Plus rien n'avait de sens, elle pétait les plombs.

« Allez, tu peux faire ce foutu exercice, allez s'il te plaît, marmonna-t-elle. »

Se rendant compte qu'elle échouait lamentablement, elle jeta à terre tout ce qui se trouvait sur son bureau avec un cri de colère et de souffrance. Elle en avait plus qu'assez, elle voulait que tout cela se termine, elle ne pouvait plus continuer comme cela, c'était trop dur. Elle savait que ce n'était que des révisions, qu'elle ne devrait pas se mettre dans des états pareils, mais c'était comme si tout ce qu'elle avait enduré auparavant se manifestait aujourd'hui.

Et pourtant, ce n'était pas le moment de craquer. Il fallait qu'elle aille au bout, qu'elle résiste, juste le temps de passer son bac. Après, plus rien n'aurait d'importance. Elle pourrait enfin se laisser aller. C'était ce qu'elle se répétait sans relâche.

Elle se sentit subitement fatiguée, lassée de tout cela. Elle laissa ses affaires au sol, prit plusieurs rails de cocaïne avec l'aisance et l'assurance que donnent l'habitude, et se coucha dans son lit, en essayant de ne pas penser à quel point elle était pathétique.

A : Matthew
Ça va aller si tu me fiches la paix.

Elle n'avait même pas conscience qu'elle était blessante et agressive, elle voulait juste qu'on la laisse tranquille, que tout le monde la laisse respirer, elle ne voulait plus avoir de comptes à rendre à personne. Sous l'influence de la drogue, elle se leva et reprit ses exercices. Elle se sentait puissante, euphorique, intouchable, comme si rien ne pourrait jamais l'arrêter.

AutodestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant