Chapitre 10

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Méaly se réveilla en sursaut. Elle avait terriblement mal au ventre et à la tête. Elle cligna plusieurs fois des yeux avant que le monde cesse de tourner autour d'elle. Elle essaya de faire le point. Elle ne reconnaissait pas l'endroit où elle se trouvait, et n'avait aucun souvenir de ce qu'il s'était passé hier soir. Elle allait se lever doucement, lorsqu'elle sentit un bras posé sur sa taille. Elle se tourna et découvrit Matthew, endormi à côté d'elle. Sa tête lui faisait de plus en plus mal, elle ne se sentait pas bien du tout. Elle se recoucha en veillant à ne pas réveiller Matthew, et se blottit contre lui. Instinctivement, il referma ses bras sur elle.

Elle somnola un moment, en essayant de se souvenir du plus de choses possibles. Les souvenirs lui revenaient petit à petit, et plus elle se souvenait, plus elle avait envie de disparaître sous terre. Elle avait honte, affreusement honte d'elle. Comment avait-elle pu en arriver là ? Au point de vomir ? Et d'ailleurs, pourquoi dormait-elle avec Matthew ? Était-il encore venu la chercher ? Non, Méaly refusait de croire qu'elle avait vomi devant Matthew, cela ne pouvait pas être possible.

Elle regarda autour d'elle, essayant de s'occuper l'esprit et d'éloigner le mal de tête. Elle s'aperçut qu'elle n'était pas dans la chambre de Matthew, enfin, pas dans celle qu'il occupait le week-end. Elle comprit rapidement qu'elle était chez le père de celui-ci.

Sa tête la faisait de plus en plus souffrir, elle se sentait à deux doigts de vomir à nouveau. Elle était fatiguée, désorientée, et elle avait mal. Elle décida de réveiller Matthew et de lui demander ce qu'il s'était réellement passé hier. Elle en profiterait pour lui demander un cachet contre le mal de tête. Elle se blottit encore un peu plus contre lui et l'appela à voix basse.

Le jeune homme se réveilla doucement. Lorsqu'il vit que c'était Méaly qui le tirait de son sommeil, il lui sourit gentiment. La jeune fille, ne pouvant pas supporter son regard, enfouit son visage dans le torse du garçon.

« - J'ai trop mal au ventre et à la tête, gémit-elle.
- Tu as pris une cuite monumentale.
- Arrête, j'ai honte. Je ne peux même pas te dire à quel point j'ai honte et comme je suis désolée. L'alcool c'est fini, je ne boirai plus jamais.
- J'en ai vu d'autre tu sais. C'est sûr que ce n'est pas agréable, mais tu t'en remettras.
- Même, c'est la honte. Je suis vraiment désolée de t'avoir imposé cette vision de moi. J'espère qu'un jour tu pourras l'oublier.
- Je pense que je vais plutôt m'en servir pour me moquer de toi pour le restant de tes jours.
- Arrête, ce n'est pas drôle du tout.
- Désolé.
- Pourquoi je suis chez ton père ? Tu as encore dû venir me chercher ?
- Oui. Anaé m'a appelé vers deux heures du matin pour me dire que tu vomissais et que tu ne répondais pas à leurs questions. Ils avaient peur que tu fasses un coma. Comme ils ne pouvaient pas vraiment s'occuper de toi, ils m'ont appelé. C'était soit moi, soit tes parents.
- J'ai encore une fois gâché ta soirée.
- Non, je m'ennuyais en fait. J'étais presque content de quitter la boîte.
- Je vais finir par te payer pour tous les trajets que tu fais et le temps que tu perds avec moi.
- J'aime passer du temps avec toi. Bon, ce n'était pas la meilleure soirée de ma vie, mais ce n'était pas la plus horrible non plus. Au moins, je pourrai dire que je t'ai vu dans tes pires états.
- Je ne suis pas sûre que ça me réconforte vraiment.
- Pardon. Ah oui, Anaé m'a dit de te dire que lorsqu'elle m'a appelé, elle n'a rien regardé d'autre que mon numéro dans ton téléphone.
- Merci. »

Les deux adolescents restèrent dans les bras l'un de l'autre pendant une bonne heure. Méaly partit ensuite prendre une douche et se lava les dents plusieurs fois. Elle s'habilla, et lorsqu'elle plia les affaires que Matthew lui avait passées pour la nuit, elle se rendit compte qu'elle avait dormi en T-shirt.

Elle regarda son bras, et les cicatrices qui se voyaient encore nettement. Méaly eut l'impression de tomber dans un puits profond, elle se traita de tous les noms. Si Matthew avait vu ses cicatrices, c'était la fin de tout ! Qu'allait-il penser d'elle ? Il ne fallait pas qu'il les ait vues, il ne pouvait pas. Il lui semblait que son monde s'écroulait, que le sol se dérobait sous ses pieds.

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