Chapitre 25 - partie 1 -

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« - Alors, apparemment ta deuxième rencontre avec Matthew ne s'est pas très bien passée.
- Non, pas vraiment. Au début, c'était bien, et puis il a commencé à dire des choses sur mes parents.
- Qu'est-ce qu'il a dit ?
- Qu'ils n'étaient pas si horribles que ça. Il discute avec ma mère tous les jours, elle lui fait passer de mes nouvelles. C'est ma meilleure amie qui leur a dit que je sortais avec lui. Je crois que mes parents l'ont bien pris.
- Pas toi ?
- Je ne voulais pas leur dire, ils ont fait ça dans mon dos.
- Pourquoi tu voulais que ça reste un secret ?
- Parce que maintenant, s'il part, tout le monde le saura. Je ne voulais pas qu'il laisse des traces ailleurs que sur moi. Et puis, mes parents n'ont jamais été au courant de ce qu'il se passe dans ma vie, je leur cache tout. Je ne me voyais pas leur dire que j'étais avec Matthew.
- Et maintenant qu'ils sont au courant, tu es gênée qu'ils le sachent ?
- Oui. C'est ma vie, ils n'ont pas à savoir ce que je fais, et avec qui.
- Mais maintenant c'est fait.
- Je sais. Mais je n'aime pas le fait que ma mère lui envoie des messages, qu'ils s'appellent pour parler de moi. Je ne le supporte pas. Je ne voulais pas que Matthew rencontre mes parents, parce que je savais très bien qu'il les verrait comme des personnes adorables et prévenantes. Ce qu'ils ne sont pas. Et comme je l'avais prévu, il les trouve gentils. Il ne les verra jamais comme moi je les vois, il ne comprendra jamais pourquoi je suis si horrible avec eux, et il passera son temps à me dire que je devrais faire un effort, ne pas être autant fermée. Et je ne le supporterai pas, parce qu'il ne sait rien, il n'a rien le droit de dire.
- C'est pour ça que vous vous êtes disputés ?
- En partie. Il n'arrêtait pas de me parler de mes parents, de mes amis, qui attendent tous ma sortie.
- Tu penses que c'est un mensonge ?
- Non, et c'est ce qui me fait peur. Je n'ai pas envie de les revoir, tous, je ne veux pas affronter ce qu'ils pensent de moi. Je n'arriverai jamais à passer au-dessus de cette soirée, rien ne sera jamais comme avant.
- Tu ne penses pas qu'ils seront juste heureux de te voir ?
- Non, ils auront toujours en tête ce que j'ai fait. Ils vont me voir comme un déchet.
- Tu penses que tu en es un ?
- Je suis pathétique. Boire, fumer, se droguer, se couper, prendre des cachets, tout ça, c'est pitoyable.
- Tu es très dure avec toi-même. Laisse-moi te montrer les choses différemment. Moi, je pense que tu étais simplement perdue, que tu ne savais pas qui appeler à l'aide, et que tu as fait ce que tu as pu pour vivre. Moi, je te trouve très courageuse d'avoir réussi à endurer tout ce que tu as vécu, en continuant de bien travailler en cours, et en donnant le change auprès de tes amis sans les inquiéter. Tu es une personne très courageuse Méaly. Et tu as le droit d'être fatiguée et de faire des erreurs. C'est humain, et tu dois l'accepter. »

Même deux jours après la discussion avec son psychiatre, ce qu'il lui avait dit avait continué de planer dans son esprit. Elle était courageuse, oui, elle venait d'en prendre conscience. Et surtout, surtout, elle avait le droit de faire des erreurs. Il fallait juste les réparer ensuite. Ce fut pour cette raison qu'elle fit une nouvelle demande pour voir Matthew le lendemain.

Le jeune homme était rentré chez lui perturbé. Les mots de l'infirmier avaient tourné toutes les nuits dans son esprit, il n'avait pas réussi à s'en détacher. Malade, elle était malade. Il avait passé ses nuits devant son écran, cherchant des centaines de millier d'informations sur ses troubles psychologiques. Il avait lu des dizaines de témoignages plus déprimants les uns que les autres. Il ne connaissait pas le nom précis du trouble de la jeune file, et il avait arrêté lorsqu'il était tombé sur des noms comme « schizophrénie », « névrose », ou « personnalité multiple ».

Puis il avait reçu l'appel de l'hôpital, et maintenant il patientait dans la salle de rencontre, la boule au ventre. Il ne se souvenait même pas avoir autant eu peur avant de voir la jeune fille. Il ne savait même pas s'il allait pouvoir ouvrir la bouche et lui parler.

AutodestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant