Chapitre 18 - partie 1 -

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Cela faisait maintenant une semaine que Méaly prenait la drogue que lui avait vendue Ray. Elle faisait attention à ne pas éveiller les soupçons, à garder la même attitude afin que ses amis ne se rendent compte de rien. Elle se répétait sans cesse « s'ils savaient ». S'ils savaient en effet. S'ils savaient, ils pourraient peut-être l'aider, la soutenir. Mais Méaly refusait de les mettre au courant, parce qu'ils ne comprendraient pas. Et elle serait incapable de leur expliquer, de leur montrer ses faiblesses. Elle s'en sortirait seule, elle ne pouvait pas leur parler.

Il en allait de même pour Matthew, même si cela allait mieux entre eux. La jeune fille ne pouvait pas s'empêcher de se dire que c'était parce qu'elle taisait ses problèmes. Elle comprenait tout à fait Matthew, elle savait qu'il la préférait lorsqu'elle était enjouée et joyeuse, et elle ne pouvait pas lui gâcher cela. Alors elle restait muette, enfouissant ses secrets au fin fond de son corps.

Matthew, de son côté, faisait absolument tout ce qui était en son pouvoir pour la contenter. Il était adorable, prévenant, patient, et Méaly le remerciait en sortant chez Ray ce soir encore. Elle culpabilisait, mais plus le jeune homme lui faisait sentir qu'il l'aimait, plus elle se sentait illégitime d'être avec lui, et plus elle avait envie de sortir avec Ray. Elle aurait pu, elle aurait dû, lui expliquer qu'elle avait besoin de plus d'espace, qu'il se montre moins prévenant envers elle, qu'il pousse ses questionnements sur ses états de santé encore plus loin, mais elle ne pouvait pas.

Elle ne pouvait plus, après lui avoir interdit d'en parler, après lui avoir affirmé qu'elle allait bien, elle ne pouvait plus. Elle regrettait tellement de lui avoir interdit de lui parler, parce que c'était ce qu'elle souhaitait par dessus tout, qu'il lui demande si elle allait bien, pour qu'elle puisse enfin lui dire que non, qu'elle voyait tout en noir, qu'elle se coupait, qu'elle abusait des cachets, qu'elle buvait, qu'elle se droguait, qu'elle avait l'impression de perdre le contrôle de sa propre vie, qu'elle ne savait pas où elle allait et que cela lui fichait la trouille. Et surtout, elle aurait aimé lui avouer qu'elle ne savait plus si cela valait vraiment le coup de vivre, si cela valait le coup d'endurer tout cela, sans avoir aucune certitude d'être heureuse à la fin.

Secouant la tête, elle se regarda longuement dans le miroir, cherchant comment annoncer à Matthew qu'elle ne restait pas chez lui cette nuit. Elle le provoquait en partant en soirée chez Ray, c'était sa manière de le pousser dans ses retranchements, pour qu'il la rejette. Elle était tellement persuadée qu'il allait partir, qu'inconsciemment, elle faisait tout pour que cela arrive. Refoulant ses émotions, elle se composa un sourire, effaçant les dernières traces de douleur dans son regard, et partit le retrouver.

Ils étaient assis dans leur position dans le lit du jeune homme, Hadès couché à leurs pieds. Matthew avait définitivement renoncé à lui en interdire l'accès, abandonnant au passage l'espoir d'avoir un chien bien éduqué. Pour la première fois de la semaine, Méaly se sentait calme et apaisée, comme toujours au contact du jeune homme. Elle savourait chacun de ces instants hors du temps, trop consciente qu'ils ne dureraient pas éternellement.

Matthew frottait doucement son nez contre le cou de la jeune fille, respirant son parfum si particulier qui définissait son identité. La sentant frissonner et se détendre, il sourit, heureux de son effet, et posa ses lèvres contre sa peau à plusieurs reprises. Méaly sentit une chaleur agréable l'envahir et se retourna dans ses bras pour lui faire face.

« Tu es tellement belle. Je crois que je ne te le dis pas assez souvent, mais tu es magnifique. »

Comme à chaque fois qu'elle entendait ces mots, Méaly rougit, et une vague de plaisir et de peur lui comprima l'estomac. Matthew l'embrassa, passant une main au bas de son dos pour la soutenir. Méaly repoussa l'ordinateur qui reposait sur ses genoux, et monta ses mains autour du cou du jeune homme pour approfondir leur baiser. Matthew lui répondit avec joie, grognant de contentement. Méaly le repoussa gentiment, l'obligeant à s'allonger, tandis qu'elle s'asseyait sur son bassin. Matthew posa ses mains sur les hanches de la jeune fille, évitant de toucher sa cuisse, et se retenant de passer ses mains sous son pull. Il ne voulait pas interrompre leur baiser, c'était bien trop plaisant.

AutodestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant