Chapitre 18 - partie 2 -

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Lorsque Méaly arriva chez elle, elle monta directement dans sa chambre, esquivant les reproches de sa mère qui l'attendait devant la porte. Elle s'enferma dans sa chambre, se jeta sur son lit, et fixa le plafond. Cette dispute avec Matthew l'avait touchée plus qu'elle ne voulait bien l'admettre, parce qu'il remettait en cause les sentiments qu'elle éprouvait. Elle s'était ouverte à lui, plus qu'elle ne l'avait jamais fait avec personne, et lui, il doutait d'elle. C'était bien la preuve que cela ne servait à rien de s'attacher à qui que ce soit, on finissait toujours pas être déçu d'eux. Ou pire, ils nous abandonnait.

Une vague de colère la traversa. Elle entendait son sang battre contre ses tempes, elle avait envie de crier, de tout envoyer en l'air, de fuir, de disparaître. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle y pensait, et de plus en plus sérieusement. Elle se voyait faire son sac, écrire une lettre à ses parents expliquant qu'elle allait bien et qu'il ne fallait pas qu'ils essaient de la retrouver, et partir. Elle s'imaginait marcher au hasard, prendre un train à destination de n'importe où, puis se laisser porter de rencontres en rencontres, finir par changer d'identité et ne plus jamais revenir. Elle voulait fuir son passé, elle voulait le renier, oublier qui elle était pour devenir quelqu'un d'autre, tout recommencer à zéro.

Elle voulait les abandonner, tous, avant qu'eux le fasse. Elle voulait oublier jusqu'à son propre nom, pour retrouver une nouvelle chance de vivre. Au-delà de cette idée, elle voulait que tout s'arrête. Elle était fatiguée de souffrir, pour rien. Elle essayait d'avancer, elle se battait, elle faisait des efforts, mais elle ne voyait aucun résultat. Elle était tellement fatiguée de toutes ces histoires, elle ne trouvait plus de solutions pour arranger cela. Elle ne voyait plus aucun échappatoire et cela lui faisait peur. Elle avait peur d'elle-même, de ce qu'elle pourrait faire.

Un éclair de rage, de peur, et d'autres émotions qu'elle n'identifiait pas s'empara d'elle, elle se redressa et mordit de toutes ses forces son poignet, serrant les dents aussi fort qu'elle le pouvait, fermant les yeux pour retenir ses larmes. Lorsqu'elle le lâcha, la marque de ses dents était imprimée, et un peu de sang coulait. Elle le regarda longuement, essayant de faire le point sur ce qu'elle ressentait, puis abandonna.

Au fond d'elle, elle s'en fichait. Elle se moquait de tout, des conséquences, de son avenir, de sa vie future. Partir, fuir, agir, cela demandait de l'énergie, et Méaly n'en avait plus. Alors, tant pis, elle abandonnait.

Elle se leva brusquement, ouvrit son tiroir où était cachée sa drogue, et sniffa un rail, puis deux, puis plusieurs, et elle perdit le compte. Parce qu'au final pourquoi faire attention ? Pourquoi devrait-elle essayer de faire quelque chose de sa vie ? Pourquoi tenter de s'en sortir ? Cela était inutile de toute manière, et sa relation avec Matthew en était la preuve vivante. Elle avait fait des efforts, s'était ouverte à lui, avait changé pour lui, et au final, tout ce qu'elle gagnait, c'était qu'il doutait d'elle.

Renversant sa tête en arrière, elle partit d'un rire hystérique. Mais oui, si même lorsqu'elle faisait des efforts, les gens la rejetaient, alors pourquoi faire attention ? Il n'y avait plus aucune raison de faire attention, désormais, elle se moquait de ce qu'il pouvait bien lui arriver, si elle allait blesser des gens. Maintenant, elle allait se droguer, boire, avaler des cachets, se couper la cuisse, encore plus fort ; jusqu'à en oublier son existence. Elle voulait que tout cesse, elle voulait cesser de vivre, de respirer, de souffrir, plus rien n'avait d'importance maintenant, absolument rien ne la retenait ici, alors tant pis pour les conséquences, tant pis pour eux, tant pis pour elle.

Elle se rendit soudain compte qu'elle n'arrivait plus à respirer. Elle étouffait ici, il fallait qu'elle sorte, qu'elle parte. Dévalant les escaliers, elle ne prêta aucune attention à sa mère qui lui demandait où elle partait, et sortit en claquant la porte. Une fois dehors, elle mit son cerveau en pause, et elle se mit à courir, pour mettre le plus d'espace entre elle et sa maison, entre elle et ses problèmes, entre elle et sa vie. Elle courut doucement, puis de plus en plus vite, à mesure que des souvenirs douloureux, qu'elle avait longtemps enfouis au fond de son être, lui traversaient l'esprit.

AutodestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant