The Weird Tales of Jack Hillman

16. Numéro -0131

   L'alarme stridente me vrillait les tympans. Je m'éloignai de la porte en acier qui venait de bloquer la coursive en face de moi et me retrouvai face à une autre porte portant le nombre « -0131 ». J'ignorais ce qu'il signifiait ou même si le signe devant était un tiret ou un signe moins. Mais où étais-je tombé ? Je devais essayer de trouver une sortie ou au moins savoir si j'étais bien dans mon monde avant de tenter une nouvelle projection corporelle. En réfléchissant je me rendais compte que j'avais cette fois gardé mes vêtements. Étrange. Sans doute maîtrisais-je mieux le processus. Je remarquais avec joie que j'avais encore mon revolver. Je vérifiais que les balles étaient toujours dans le barillet quand soudain la porte s'ouvrit. Je sursautai violemment et attrapai plus fermement mon arme. La porte glissa dans un bruit de dégazage et un homme en uniforme brun uni et en une seule pièce apparut dans l'encadrement. La stupeur déforma son visage et il me fixa un instant faisant des aller-retour entre mon visage et mon arme. Il fit un pas en arrière pour s'échapper.

   -   Stop ! Criais-je.

   -   Que... qui êtes-vous ? Me lança l'homme.

   -   Vous qui êtes-vous et où est-ce qu'on est ? L'interrompis-je.

   -   Quoi ? Mais comment êtes-vous arrivé ici ? S'indigna-t-il.

   -   Dites-moi qui vous êtes !

   -   Je suis Jonathan King, membre du personnel de classe C et agent de surveillance affecté au numéro -0131 ! Me récita-t-il.

   L'homme visiblement troublé par ma présence et mon arme braquée sur lui ne semblait pas très apte à répondre à mes questions. Je le forçai donc à s'écarter pour me permettre d'entrer dans la pièce. Il s'agissait d'un grand espace comportant de nombreuses machines et une plaque de verre transparente sur un pan de mur. Derrière elle on pouvait voir un genre de grand bloc probablement composite et opaque d'environ un mètre par deux. Je m'approchai lentement de la vitre quand le dénommé King m'arrêta.

   -   Ne faites pas ça ! Les objets métalliques aux propriétés magnétiques sont interdits dans cette pièce !

   Il pointait une étrange arme en plastique vers moi. Mais de quoi parlait-il ?

   -   Reculez ! Ou bien je vous abats !

   -   Ok, ok, calmez-vous je vais poser mon arme. Dis-je d'une voix voulait rassurante en obtempérant.

   Je posai le revolver à mes pieds et me relevai sans geste brusque. Par soucis de confiance je la fis glisser d'un coup de pied loin de moi mais cela ne parut pas plaire à King qui se jeta dans sa direction en hurlant. Avant qu'il n'ait pu saisir l'arme les néons qui nous éclairaient s'éteignirent. L'espace d'un instant nous nous retrouvâmes dans l'obscurité jusqu'à ce que des lumières de secours n'illuminent faiblement la pièce en rouge. Ce que je vis alors me troubla profondément. Jonathan King, membre du personnel de classe C était assis sur le derrière tremblant comme une feuille en contemplant l'horreur qui se trouvait devant lui. Au-dessus d'une flaque sombre qui avait autrefois été mon arme une silhouette pâle, translucide, presque transparente même flottait doucement. Un genre de squelette interne d'une forme toute à fait inouïe vaguement humanoïde. En lieu et place de bras et de partie inférieure, le corps quasi imperceptible se terminait en trois parties effilées. Le tout avait la terrible apparence d'un spectre sans visage.

   King se releva et courut vers l'autre bout de la pièce où se trouvait un genre de gros bouton rouge qu'il pressa de toutes ses forces sans résultats. A partir du moment où mon arme s'était approchée de la vitre, c'était comme si tous les appareils électriques avaient cessé de fonctionner. Je commençais à avoir mal à la tête et des tremblements secouaient mes mains. King quant à lui venait de s'étaler au sol et était crispé dans une position de souffrance. Je m'éloignai lentement à reculons vers la porte et me retrouvais dans le couloir. A ce moment, la porte s'ouvrit et un groupe d'hommes en combinaisons apparut avec des armes du même genre que celles de King. Mais où étais-je donc tombé ? Les hommes avancèrent en pointant leurs armes vers moi. Je devais partir. A contrecœur je me projetai de nouveau de toutes mes forces vers l'inconnu.