11. Les hommes en noir

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   Je ne comprenais pas. Que m'était-il arrivé ? Comment avais-je pu me retrouver dans cette salle de bain ? Je ne pouvais l'accepter mais l'évidence était là. C'était la meilleure explication. J'avais voyagé corps et âme à travers la quatrième dimension. L'autre étant que tout cela ne soit une vaste machination à base d'acteurs jouant la famille dans une maison du New Green Hill, des policiers qui me passaient les menottes pour m'emmener dans un poste de police factice et bien entendu d'un cocktail explosif de sédatifs expliquant ma terrible migraine. On me fit d'abord porter un grand cache poussière pour cacher mon outrageante nudité et un médecin m'examina. Il désinfecta la plaie à l'arrière de mon crâne et la recousut sans anesthésie. Un vrai boucher ! Une fois au poste on me fit enfiler un pantalon à l'odeur douteuse provenant très certainement des objets trouvés. J'étais exténué. Mon cerveau fonctionnait au ralenti. L'inspecteur Harrison qui vint m'interroger me prit d'abord pour un drogué totalement cinglé.

   -   Et donc ? Qu'avez-vous pris ?

   -   Je n'ai rien pris du tout... vous n'auriez pas quelque chose pour la douleur ?

   -   Nous ne pouvons rien vous donner tant que nous ne savons pas ce que vous avez pris. Monsieur... Hillman c'est bien ce que vous avez déclaré ?

   -   Oui.

   -   Vous n'avez aucun papier d'identité et vous n'êtes pas dans les registres de la région.

   -   C'est parce que je ne viens pas de la région.

   -   Ah oui c'est vrai ! Vous avez dit venir de Holmes c'est bien cela ? C'est pourtant à plus de soixante-dix miles d'ici ! Comment expliquez-vous cela ?

   -   Je... ne l'explique pas. Dis-je un peu confus. Ecoutez-moi ! J'ai été kidnappé par un homme ! C'est lui qui m'a fait ça ! Dis-je en montrant ma blessure.

- Ah oui ? Et comment vous-êtes-vous échappé ?

   -   J'ai... voyagé à travers la quatrième dimension... Dis-je tout bas.

   -   La quoi ? Demanda-t-il d'un air incrédule.

   -   La quatrième dimension.

   -   Est-ce un code ou une façon de parler d'une route ?

   -   Non.

   -   Je vois ! Eh bien bonne chance monsieur Hillman ! Un aliéniste va venir d'ici peu et ce sera à lui de démêler tout cela ! Moi je m'en lave les mains ! Dit-il en sortant.

   C'était évident. Lui dire ça avait été stupide de ma part et sa réaction était parfaitement légitime au vu des circonstances de mon arrestation. Impossible d'expliquer ce qui m'était arrivé à ces hommes. Et cette maudite douleur qui cognait contre mon crâne. Je ne pouvais pas réfléchir calmement. Si seulement j'avais pu avoir un bon café. Noir avec un seul sucre. J'entendis alors des voix à travers la porte de la pièce où j'étais enfermé. Puis la porte s'ouvrit à la volée et deux hommes en costumes noirs entrèrent.

   -   Monsieur Hillman ?

   -   Oui ?

   -   Vous venez avec nous !

   L'inspecteur n'avait pas vraiment insisté lorsqu'ils avaient montré leurs badges. Mais qui étaient-ils ? Cela n'augurait rien de bon pour moi. On me fit entrer dans une voiture noire aux vitres teintées. Les deux hommes ne dirent pas un mot. Mais j'avais aperçu des pistolets sous leurs vestes alors je n'osais pas opposer trop de résistance.

   -   Euh excusez-moi. J'aimerais beaucoup passer un coup de téléphone s'il vous plaît.

   -   Plus tard. Répondit sèchement l'homme sur le siège passager.

   Nous parcourûmes au moins 10 miles avant de nous arrêter au milieu d'une route de campagne. Un homme se tenait debout au milieu de la route. Il ne bougeait pas. Mes deux geôliers échangèrent un regard et le passager sortit d'un air résolu. Il souleva sa veste pour laisser apparaître son arme de poing et intima à l'inconnu de dégager la voie. Mais ce dernier ne fit pas le moindre geste. Il ne regardait même pas dans la direction de celui qui le menaçait. Non, il regardait vers la voiture. Les vitres étaient teintées, mais j'étais absolument certain que cet homme étrange au regard affreusement vide me fixait. J'eus un terrible frisson car à cet instant je sus que ce qui allait suivre ne serait en aucun cas plaisant.    



Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Quelles sont vos hypothèses sur l'identité des hommes en noir et de ce mystérieux inconnu au regard vide ?

Qu'auriez-vous fait à la place de Jack ?

The Weird Tales of Jack HillmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant