32. L'ombre d'un doute

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Musique : AL9000 - Cry-Baby (Pour le coup je vous recommande chaudement d'écouter la musique en lisant. Merci à @Elow pour me l'avoir montrée !)


   -   Jack ! Est-ce que tout va bien ? Ah ça y est tu reviens à toi !

   -   Hein ? Mais qu'est-ce que... Albert ?

   -   Oui c'est ! Je suis désolé la machine s'est emballée !

   -   Quoi ? Mais quel ma... non...

   Je me trouvais dans la pièce au premier étage du vieux manoir de mon vieil ami. Assis sur le siège en bois modifié, dos à la monstrueuse machine rutilante et avec un casque sur la tête. Je posais l'appareil de côté et me levais. Pas de doute, c'était bien la pièce dans laquelle j'avais fait ma première projection.

   -   Albert mais qu'est-ce que je fais là ? Comment as-tu fait pour me ramener ?

   -   Que veux-tu dire ? Tu n'as pas bougé d'ici !

   -   Quoi ?

   Je sentis une pression sur ma poitrine et ma respiration s'emballa.

   -   Je suis vraiment désolé ! J'étais pourtant sûr de moi cette fois-ci... je pensais vraiment pouvoir t'impressionner avec une machine qui fonctionne. Tu n'as pas l'air bien ! Tu veux que je t'emmène à l'hôpital ?

   -   Je crois... que je ne me sens pas très bien en effet...

   -   Viens je vais t'aider à aller jusqu'à mon auto !

   Ainsi il m'amena à l'hôpital. Il semblait réellement inquiet à mon sujet. Mais que se passait-il ? Et la maison ? Et le Roi sans couronne ? Je ne comprenais plus rien... tout tendait à démontrer que je n'avais que rêvé tout cela. Mon cerveau pouvait avoir été affecté par quelques ondes étranges à cause de la machine. Cela tenait debout. Mais comment ? Pourquoi ? Je n'eut pas le temps de trouver une réponse satisfaisante que j'étais déjà dans une chambre. Il y avait quelque chose d'anormal. Mais quoi ? C'était justement la terrible normalité des événements qui me mettait mal à l'aise. Oui, c'était là le scénario le plus logique pour expliquer tous ces événements.

   Mais mon esprit ne semblait pas vouloir l'accepter. Albert avait conçu la machine, il l'avait essayé avant de m'appeler et... une seconde. Il l'avait essayé ? Oui je m'en rappelle très bien. Il l'avait testé sur lui-même avant de me la montrer avec enthousiasme. Alors pourquoi avait-il dit qu'il était sûr de m'impressionner cette fois-ci avec une machine qui fonctionne ? Elle fonctionnait, il me l'avait dit lui-même ! Cela n'avait rien d'un rêve ! Cet endroit n'était pas réel !

   -   Monsieur Hillman ! On dirait que vous souffrez d'une légère commotion et d'une confusion générale. Vous avez-dû subir un choc important ! Me dit le docteur Clark en entrant dans ma chambre.

   -   V... vous !

   Je sautais sur mes pieds et m'éloignais à l'autre bout de la pièce.

   -   Calmez-vous voyons ! Vous ne risquez-rien !

   -   Non ! Pas encore ! Laissez-moi tranquille !

   Je poussais le loquet de la fenêtre et passais par-dessus le garde-corps. Nous n'étions qu'au premier étage. Je me suspendis au rebord avant de me laisser tomber au sol lourdement. Le docteur Clark criait pour que je revienne et soit raisonnable. Je m'enfuis. A toutes jambes. Aussi loin que mes jambes purent me porter. Je devais mettre fin à tout cela. Mais comment ? Provoquer une incohérence, un élément perturbateur pour me réveiller. Je finis par arriver chez moi et m'y enfermais. Je soufflais longuement et maudissait mon manque d'exercice avant de me traîner jusqu'au dernier tiroir de mon bureau où je rangeais mon revolver. Je le chargeais lorsqu'une auto se gara dans mon allée. Je me levais et me rendit dans l'entrée avec mon arme.

   Albert ouvrit la porte avec un air inquiet sur le visage et je pointais mon arme sur lui.

   -   Attends Jack ! Calmes-toi d'accord on va discuter ! Je suis vraiment désolé je pensais que cette machine serait une incroyable invention mais elle n'a fait qu'endommager ton cerveau !

   -   Elle fonctionne ! Tu me l'as dit toi-même !

   -   Je n'ai jamais dit une chose pareil voyons ! Et comment l'aurais-je su ?

   -   Parce que tu l'as déjà essayé !

   -   Bien sûr que non ! Tu voulais absolument être le premier !

   -   C'est faux !

   -   Ecoute-moi Jack ! Ton esprit est confus à cause du choc et cela fausse tes souvenirs ! C'est moi Albert ! Tu ne vas pas me tuer hein ?

   Que penser de tout cela ? Et s'il avait raison ? Si j'avais imaginé tout cela et que ces incohérences entre ses dires et mes souvenirs n'étaient dû qu'à mon état mental ? Dans l'hypothèse où la machine avait bien endommagé mon cerveau, mes souvenirs n'étaient pas fiables. Et personne ne semblait se rappeler de tout cela. Qu'est ce qui prouve que quelque chose est arrivé si personne ne s'en souviens ? S'il n'existe plus aucune preuve de cette chose, alors on peut dire que ce n'est jamais arrivé. Comment différencier le délire de la réalité ? C'était possible et même plus que cohérent. Pourtant je refusais de croire que ces deux dernières années n'avaient été que dans ma tête.

   -   Ecoute-moi Jack. Que te dis ton esprit scientifique ?

   -   Je... je ne sais pas ! Sanglotais-je.

   Oui. Pour la première fois de ma vie je cédais à l'angoisse de l'ignorance. Tel un enfant qui ne peut répondre à un examinateur je pleurais. Je n'avais pas de réponse à lui donner. Qui croire ? J'étais totalement perdu, confus et désorienté. Alors je le levais mon arme, pointait le canon vers son visage et appuyais sur la détente. Un coup de feu retentit et le corps de mon ami heurta le sol. Le sang avait éclaboussé les margelles de mon entrée. Il ne se passait rien. Pas de bug dans la matrice. Mais d'incohérence provoquant la chute du système. Non car c'était la réalité. Je venais de faire le mauvais choix.

   Qui étais-je ? Cet homme que j'étais devenu au fil de mes aventures n'avait pas lieu d'exister. Ce même homme qui venait d'abattre mon meilleur ami. Cet homme qui avait pris la place du calme professeur de biologie à cause d'illusions formées par mon propre esprit. Je n'aurais jamais dû exister tel que je suis. Je ne suis que le fruit de la folie. L'essence d'un délire hallucinatoire digne d'un esprit malade. Je posais le canon encore brûlant sur ma tempe, expirais bruyamment avant de déglutir pour me donner du courage. Et j'appuyais sur la détente.




Jack... Jack ! Vous pensiez vraiment pouvoir en finir avec cette histoire si facilement ?

The Weird Tales of Jack HillmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant