« Maintenant nous allons étudier la seconde voie du métabolisme énergétique. La fermentation lactique réalisée grâce à la lactate déshydrogénase... » Étais-je en train d'expliquer à mes élèves lorsqu'un étrange sentiment, ou plutôt un souvenir me terrassa. Mon cerveau était tout à coup assailli d'images incohérentes. Je perdais mes moyens et tombais à genoux. J'avais la sensation d'étouffer. D'être noyé dans un flot d'informations allant de la plus banale aux choses les insensées. Je ne comprenais pas. La seule chose qui émanait distinctement de ce brouhaha était l'image que je gardais des créatures que Clark avait qualifiées « d'extra-Cromwelliennes ». Les petites choses flottantes que j'avais rencontrées après avoir franchi la barrière des six degrés.
Maintenant que j'y repensais, je n'avais aucune idée de pourquoi l'ombre m'avait emmené jusqu'à son monde. Mon esprit était tout bonnement en surchauffe, comme si un ordinateur venait de lire par erreur un fichier dont il ignorait l'existence jusqu'à présent. C'était vraiment troublant et tout à fait douloureux pour mes pauvres méninges qui s'efforçaient de traiter l'information. Sans que ne puisse rien à cela, mon corps s'effondra au sol. Laissant mon esprit vagabonder dans les méandres infinis du monde que je venais d'entrevoir.
Je la voyais encore une fois. Cette fameuse île qui m'attirait. Ce magnifique océan d'étoiles et de nébuleuses sans fin qui s'étalait à l'horizon. Quel était la signification de cette vision ? Cette femme sur l'île qui regardait dans le lointain. Qui était-elle et pourquoi me semblait-elle si morose ? En tout cas j'étais pratiquement certain qu'il s'agissait d'une femme.
Lorsque mes paupières se rouvrirent, le professeur de médecine monsieur Guilroy m'examinait.
- Je vais bien. Dis-je en me redressant lourdement.
- Doucement ! Vous avez tout de même fait un malaise en plein cours !
- Ça va aller, je vais aller me reposer chez moi.
Je m'empressais de me débarrasser de mon collègue pour quitter la faculté. Et une absence de plus ! Décidément, vivre cette double vie n'était pas de tout repos ! Je pris ma voiture. Mais je n'étais pas prêt à rentrer chez moi. Il fallait que j'en aie le cœur net. Ainsi je me rendis chez Albert avec une idée stupide en tête.
- Tu veux te projeter de nouveau ? Après tout ce qui s'est passé ?
- Oui.
- Jack ! Es-tu certain de ne rien me cacher ?
- Contente-toi d'actionner la machine Albert !
Ainsi il s'exécuta et je m'asseyais sur le siège en bois qui avait changé ma vie. La machine se mit à vibrer de son vrombissement si particulier. Je dois avouer que j'appréhendais un peu. Mais j'avais la certitude que je trouverais des réponses à mes questions. C'est alors que le monde se disloqua autour de moi et je ressentis cette étrange sensation d'accélération. Les formes se rompirent et les couleurs s'atténuèrent. Non. J'avais déjà exploré cette phase-ci, et je n'avais pas besoin d'aller plus loin dans cette direction. Pour trouver ce que je recherchais il me fallait aller par-delà mon monde. Dans la direction négative.
Je rappelle que la quatrième dimension n'est qu'une flèche bidirectionnelle. En cet instant je n'avais exploré qu'une direction. Et un monde inconnu se cachait de l'autre côté. Comment savais-je tout cela ? Cela me semblais évident, mais j'avais l'intime conviction que tout cela ne l'était pas et que je n'aurais pas dû savoir dans quelle direction aller. Le monde qui défilait autour de moi m'apparaissait avec une clarté inédite. Je comprenais mes déplacements et savais à l'avance quelle forme allait prendre le monde. Quelle incroyable sensation !
Puis je la trouvais. Dans un recoin du sixième plan, c'est-à-dire après la traversé de six barrières de Cromwell dans le sens négatif et divers déplacements instinctifs à travers les trois autres dimensions. Mon esprit sortit tout simplement de ma réalité. Comment expliquer cela simplement... je ne sais pas moi-même comment j'ai pu comprendre cela. Disons que la quatrième dimension est un enchaînement de plans superposés. Mais ces plans ne représentent pas l'intégralité de l'univers. Il ne s'agit là que d'une ligne d'univers. Oui il me semblait que ce terme était adapté. Un genre de tunnel où se superposaient les dimensions toutes infinies dans les trois directions et reliées par la quatrième.
En connaissant chaque recoin de cette ligne on pouvait en sortir et le spectacle qui s'offrit à moi en cet instant était tout bonnement inimaginable. Des centaines de lignes d'univers s'entrecroisaient dans une gigantesque pelote comprenant toutes les couleurs du spectre visible et invisible. Le tout semblait se joindre en un point précis. Un nœud. Un nœud d'univers. Comment par tous les dieux savais-je cela ? Je me dirigeais lentement mais sûrement vers ce point miraculeux où brillaient toutes choses existantes. J'y entrais, ou du moins mon esprit y entrait. Et enfin je pu observer cette île mystérieuse vers laquelle convergeait l'univers entier. Je sortais d'un de ces minuscules points dans l'océan d'étoiles. Et m'approchait de cette île. La silhouette me regarda d'un regard brillant d'une intelligence supérieure.
- Je vous attendais, Jack Hillman.
TIN TIN TINNNN !
Je me suis bien lâché pour le coup et je suis partit loin !
Alors ? Qu'avez-vous pensé de cette partie ?
Aimez-vous ce genre de passages où préférez-vous les passages plus terre à terre comme ceux du Docteur Clark ?
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The Weird Tales of Jack Hillman
Science FictionJack est un professeur de science assez curieux de nature mais à l'esprit cartésien et peu impressionnable. C'est un homme sans histoire et plutôt ordinaire. Mais il va vivre une expérience extraordinaire qui va changer sa vie à jamais. Laisser vou...