The Weird Tales of Jack Hillman

9. Le docteur Clark

   Me voilà donc dans de beaux draps. Je pense que cet instant était le plus angoissant de toute ma vie antérieure. Des sangles empêchaient tout mouvement de ma part. Mes muscles étaient endoloris. Je me sentais comme un bovin envoyé à l'abattoir. Je n'avais aucun moyen de résister si ce n'était la parole.

   -   Biiiiien ! On dirait que vous êtes réveillés Monsieur Hillman ! Ou devrais-je dire professeur Hillman ?

   -   Que... que faites-vous ?

   -   Ah ! Voilà une excellente question ! Etant donné que j'ai besoin de votre entière lucidité, un peu de contextualisation ne vous fera pas de mal pour en finir avec les effets du sédatif. Calmez-vous voyons ! Vous n'avez pas besoin de gigoter ainsi ! Pour commencer, laissez-moi me présenter de nouveau. Je suis le docteur Frederik Clark ! Je fais personnellement parti d'un petit consortium visant à élucider certains mystères de l'existence. L'une des plus grande entreprise que nous ayons menées est le projet de l'œil d'Horus. Oui cela vous dit probablement quelque chose ! Il vise tout simplement à l'exploitation de ressources et de technologies ayant pour origine des espèces extra-Cromwelliennes. Oui c'est assez peu explicite dit comme ça mais je pense que vous avez une petite idée de ce que je veux dire.

   J'avais bien évidement compris que ce psychopathe parlait de créatures que j'avais vues en projection. Mais comment pouvait-il savoir ça ? Avait-il interrogé Albert ? Avait-il déjà voyagé dans la quatrième dimension ? Pour gagner du temps et le faire parler je prenais mon courage à deux main et lui posait des questions ciblées.

   -   Qu'appelez-vous des espèces extra-Cromwelliennes ?

   -   Hum, je suppose que je peux vous en parler. Vous savez je n'ai pas le droit de discuter de cela avec grand monde. Ce sont là les règles préétablies. Mais j'adore en parler avec des esprits vifs. Et je suis certain au vu des informations que vous possédez déjà que vous inclure dans le secret ne sera pas un problème. Voilà donc ma petite histoire. Je pense que vous savez déjà ce qu'est la quatrième dimension.

   Je hochais lentement la tête.

   -   Merveilleux ! Et biens il existe lorsque l'on se déplace dans ces dimensions des reliefs. Exactement comme les montagnes. Les vallées sont des espaces viables et les reliefs sont des genres de barrières naturelles difficilement franchissables. Et c'est un euphémisme. Ces reliefs, nous les appelons « Barrières de Cromwell ». Et les êtres dont je parlais sont des créatures vivantes au-delà de ces limites. Oui ! Je le savais lorsque j'ai croisé votre regard la dernière fois ! Vous avez contemplé la folie de ce monde ! Des créatures innommables capables de choses extravagantes ! Vous savez, l'être humain possède un organe atrophié qui permettait autrefois de projeter l'esprit à travers la quatrième dimension ! Oui je sais que vous voyez où je veux en venir.

   Cela me coûtait de le dire mais ce cinglé avait raison sur toute la ligne. Il avait dû me suivre ou me faire surveiller. Il savait tout de l'entreprise secrète que moi et Albert avions mené.

   -   La glande pinéale. Répondis-je.

   -   Oui ! Vous êtes vraiment incroyables pour avoir découvert tout cela en si peu de temps ! En effet ! La glande pinéale à une importance capitale dans ce que nous appelons « la dérive ». Il criait presque dans la pièce froide. Et la vôtre est extraordinairement bien développée ! Il y à longtemps que nous cherchions un candidat de votre calibre capable de franchir les barrières de Cromwell !

   Quoi ? Moi ? Particulier ? Je compris à cet instant que les choses n'étaient pas comme je les avais imaginées. Ils n'en savaient pas plus que moi. Bien au contraire. Moi seul avais pu observer les êtres sombres et vaporeux par-delà les six degrés. Moi seul avais suivi l'ombre infinie dans son monde et vu ces créatures surréalistes se mouvoir sous mes yeux. Moi seul avais pu comprendre que l'esprit était dissociable du corps de par sa capacité à traverser les dimensions au-delà de l'étendue de ce dernier. Je compris alors la raison de ma capture. Frederik Clark voulait soit des informations de ma part, soit utiliser ma cervelle si particulière à des fins douteuses. Et aucune des deux ne m'inspirait.