18. Lewis

35 5 8
                                    



   On sous-estime souvent les bienfaits du sommeil. Dormir est le meilleur des remèdes après une journée aussi mouvementée. Moi-même j'avais beaucoup de mal à croire à une telle histoire. Je me disais que tout cela s'était sans doute déroulé dans ma tête et me préparais en bon café de retour chez-moi. Je le savais. Je savais que cela ne servait à rien d'espérer en rester là. J'avais un scientifique cinglé et une agence fédérale obscure à ma recherche. Je ne pouvais pas espérer rester chez-moi tranquillement. Je n'eus même pas le temps de terminer ma tasse de café que des bruits de coups retentirent depuis l'entrée. Qui était-ce ? Qui était venu me chercher ? Peu importait après tout. J'allais devoir affronter au minium l'un des deux pour retrouver une vie normale. Je ne pouvais pas vivre en étant recherché par les deux camps à la fois. Je m'étais donc préparé.

   La veille je m'étais procuré une montre à gousset et avait retrouvé une boussole de poche dans un placard. J'avais également demandé à Albert de m'emmener dans l'armurerie la plus proche pour trouver un nouveau revolver puis m'étais couché tôt. Ce matin, après trois cycles de sommeil réparateur j'avais enfilé un costume et une cravate et m'étais préparé un café en attendant celui qui viendrait me chercher. La situation était assez comique. Oui, sur l'instant j'envisageais même de jouer à pile ou face pour deviner qui serait là le premier. J'ouvrais ma porte déjà déverrouillée et affichait un grand sourire aux deux hommes en noir qui parurent troublés.

   -   Messieurs, je vous suis ! Dis-je gaiement.

   Après ça, ils m'escortèrent à leur voiture et me bandèrent les yeux. Nous roulâmes pendant plus de deux heures et je recouvris enfin la vue dans un grand espace sans aucun doute sous-terrain où la voiture s'était garée. On m'escorta jusqu'à un ascenseur qui descendit d'une douzaine d'étages. Mais où m'emmenaient-ils ? J'arrivais enfin dans une grande pièce lumineuse où une femme en uniforme avec une coiffure parfaite me toisa et me demanda de m'asseoir.

   -   Vous êtes le professeur Jack Hillman c'est bien cela ?

   -   En effet. Et à qui ai-je l'honneur ? Dis-je en tentant de garder mon calme.

  -    Vous pouvez m'appeler Lewis. Répondit-elle.

   -   Je vois. Et bien madame Lewis...

   -   Mademoiselle. Me corrigea-t-elle avec un sourire en coin.

   -   Mes excuses. Et bien mademoiselle Lewis puis-je savoir ce que je fais ici ?

   -   Je pense que vous avez déjà votre petite idée. Nous vous surveillons depuis que vous êtes entré en contact avec le dénommé Fréderic Clark. Ancien médecin de l'hôpital de Holmes et suspecté d'être membre d'une société secrète.

   -   En effet j'ai eu le malheur de rencontrer cet homme à quelques reprises. Dis-je en me frictionnant la nuque encore en partie rasée.

   -   Bien je vois que vous semblez comprendre votre situation et vouloir jouer franc-jeu alors je vais faire de même. Possédez-vous ou non la capacité de voyager à travers les dimensions ?

   -   Voyons... bien que votre question soit assez mal posée, j'avoue avoir à plusieurs reprises traversé ce que ce Clark nommait « barrière de Cromwell ».

   Sur ces mots Lewis me fixa longuement comme si j'avais dit venir de Venus.

   -   Je le savais ! Laissa-t-elle échapper. Etes-vous prêt à coopérer avec nous ? En échange de cela, nous vous protégerons du docteur Clark et de ses semblables.

   -   Et bien je suppose que je n'ai pas vraiment le choix ! Mais de quel genre de coopération s'agit-il ?

   -   Vous le saurez bien assez tôt. Dit-elle l'air satisfaite. Oh et autre chose. Si vous nous aidé nous fermerons les yeux sur votre intrusion dans un complexe secret de la Fondation et sur votre rôle de l'incident d'un certain numéro -0131.

   Je restais figé en entendant ces mots. Alors cette femme avait un lien avec ce monstre fantomatique ? Quel terrible hasard m'avait-donc fait atterrir dans un complexe militaire secret ! Je n'avais aucune idée de ce qu'il s'était passé après mon départ mais si ce numéro -0131 avait tué des gens on pouvait tout à fait me tenir pour responsable. Je devais donc réparer cela et me racheter auprès d'eux.

The Weird Tales of Jack HillmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant