Hannah Tome 2 : Vaincue par le désir - ( La vengeance de Silas PoloskhÏa )

Chapitre 18

Le sang d'Hannah quitta son visage. Non, il faisait erreur sur ce qu'elle pensait réellement, et savoir qu'il avait éludé ça de son expression horrifié lui fit mal au cœur.

- Je n'ai jamais pensé une telle chose. Murmura-t-elle d'une voix invoquant son pardon.

Mais son expression dure ne le quitta pas. Une lueur indéchiffrable passa dans son regard, brillante et furtive. Ne comprenait-il pas qu'elle avait tant de mal à le croire ?

Risquer de s'amouracher de Silas Poloskhïa ne lui apporterait bien plus de peine et de chagrin que quand elle pensait avoir des sentiments pour Gabe. Elle refusait de croire en l'impossible et se sentait salie qu'il ne veuille pas mettre un terme à cette désillusion.

Car quand bien même une infime lueur d'espoir lui faisait croire à un miracle, Hannah savait déjà que leur histoire ne serait qu'une page écrire d'un livre déjà refermé. Son milieu et le sien étaient deux opposés.

- Je suis désolé si c'est l'impression que je vous ai donné. Ajouta-elle en se levant pour mettre assez d'espace entre eux afin de mieux respirer.

Il la rattrapa par le bras et la ramena contre son torse. Hannah effleura son torse sans jamais oser le toucher et rejeta sa tête en arrière pour le regarder.

Son expression de rage contenue fut remplacée par quelque chose qu'elle ne parvenait pas à expliquer.

- Vous êtes la seule femme qui ne me regarde pas comme un monstre, avoua-t-il d'une voix précipitée comme si cet aveu lui coûtait.

Tant, qu'il ne la regardait même pas.

Bouleversée, Hannah se risqua de poser sa paume sur son torse et n'y trouva qu'un mur de pierres.

- Allez avec vous à ce bal n'est pas seulement qu'une invitation que l'on accepte mais un moyen pour moi d'exorciser tout ce qui m'empêche d'avancer.

- Le regard des autres ? Questionna-t-elle d'une voix douce et lente afin de ne pas invoquer de nouveau cet accès de rage qui l'habitait.

Il s'arrêta de respirer et arrima son regard au sien.

- Bien plus, dit-il sans vouloir en dire plus.

Hannah baissa la tête vers son torse qui était à quelques centimètres d'elle. Sa main de fer resserrait toujours son bras plus fort chaque seconde.

Un acte qu'il ne contrôlait visiblement pas.

- Puis-je avoir votre parole que je rentrerai chez moi en un seul morceau ?

Un éclat illumina son regard couleur ardoise. Un fin sourire retroussa le coin de ses lèvres.

- À minuit tapante, ici, je vous le promet.

Il s'était abaissé légèrement près de son visage pour lui souffler sa promesse. Un courant d'électricité courut le long de son épine dorsale.

Hannah s'empressa d'esquisser un sourire et s'écarta complètement, ravie de récupérer son bras.

- Je vous veux...

- Hein ? S'entendit-elle lui répondre avant même qu'il ne finisse sa phrase.

Hannah se morigéna intérieurement.

- Je vous veux demain à midi chez-moi, reprit-il une lueur amusée au fond du regard, une voiture passera vous chercher.

- Très bien, dit-elle d'un soupir nerveux.

Hannah prenait à peine consciente de la folie qu'elle venait d'accepter. Mais comment pouvait-elle se montrer égoïste ? Il avait clairement besoin de son aide et Hannah ne doutait pas un seul instant de son honnêteté.

- Alors je vous dis à demain Hannah.

À peine eut-elle le temps de comprendre ce qu'il se passait, que déjà il remit son manteau pour s'en aller.

Les mains dans le dos, elle le raccompagna jusqu'à la porte.

- À demain monsieur Poloskhïa.

Quand la porte se referma sur lui, Silas sentit un goût d'inachevé lui monter à la gorge.

En revenant dans cet appartement, Silas n'avait pas prévu qu'une image aussi nauséeuse qu'insupportable lui revienne à l'esprit.

Depuis des jours Silas en avait presque oublié que le dernier souvenir qu'elle avait d'un homme était les lèvres de Gabe sur sa bouche. Une colère monta en lui, incontrôlable. Il avait été témoin de leurs baisers. Et si une pointe de dégoût l'avait saisie au bal, aujourd'hui, c'est une immense jalousie qui l'empêchait de tourner les talons et de quitter l'immeuble.

Pouvait-il laisser Hannah sur cette impression pathétique des hommes ? De la laisser avec les empreintes de Gabe Slander sur elle ?

Après plusieurs aller-retour sur le palier c'est empli de rage et de désirs presque incontrôlables qu'il tambourina à la porte comme si un démon avait prit possession de son corps.

Hannah s'entoura de ses bras et fit demi-tour jusqu'à la porte pour la rouvrir.

- Oh...vous avez oublié quelque chose ? S'enquit-elle troublée de le voir devant sa porte.

Elle recula quand il s'avança encore plus près, tel une masse noire qui se mouvait avec grâce et détermination.

Hannah scruta la cuisine en se détournant de ses yeux noirs pour partir à la recherche d'un quelconque oublie de sa part.

Comme un prédateur près à se fondre sur sa proie, Silas attrapa son bras et l'obligea à se retourner pour écraser ses lèvres contre les siennes. Ce fut comme une explosion dévastatrice. Hannah écarquilla les yeux et fut obligée de se retenir à ses avant-bras sous la force de ses lèvres contre les siennes. Un désir impétueux s'empara d'elle si violemment qu'elle gémit au plus grand plaisir de l'homme qui lui offrait le plus ardent des baisers.

Silas glissa sa main dans ses cheveux retenus en queue-de-cheval et de l'autre l'attira à lui.

Avec avidité il dévora sa bouche, la retint par la taille lorsqu'elle chancela contre lui. Hannah sentit sa main appuyer sur sa tête, évitant le choc contre le mur, mais le cadre qui y était accroché se brisa à terre comme si le mur avait tremblé. Bouleversée par la tempête d'émotions qui lui serrait le ventre Hannah répondit enfin à son baiser sans précédent. Le temps s'abolit, elle ne touchait plus le sol. Elle put reprendre son souffle quand il glissa un sillon de baisers passionnés sur sa gorge. Sa barbe affola son épiderme.

Il encadra son visage de ses mains abîmées et l'acheva d'un baiser fougueux.

Il s'écarta le souffle haché, tremblant.

- Demain, midi...murmura-t-il d'une voix rauque en passant son pouce sur ses lèvres enflées.

Les yeux embués, le souffle tremblant, Hannah n'entendit que la porte se fermer. Contre le mur, la bouche humide et brûlante, Hannah avait l'impression de ne plus toucher terre. Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'elle reprenne ses esprits. Ses joues étaient brûlantes, son regard tomba sur le cadre brisé à terre.

- Mon dieu...

Une main sur le cœur, elle laissa le cours de ses pensées la transporter plus loin de ce moment intense.

- Coucou ! C'est moi !

Hannah cligna des yeux rapidement pour revenir à le réalité. Louane entra dans le salon et se figea d'horreur en la voyant. Hannah trouva la force de remonter le décolleté de sa robe qui avait subit les assauts de Silas.

- Mon dieu ! Que s'est-il passé ? S'écria-t-elle en visant le cadre par terre : Tu t'es fait agresser ?

Les lèvres entrouvertes et encore gonflées, Hannah mit le temps nécessaire pour insuffler une bouffée d'air afin de lui répondre.

- Oui....souffla-t-elle d'une voix rêveuse et enfiévrée : Et c'était...fantastique.