Chapitre 19

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Plus tard dans la journée, à peine remise du baiser fougueux que lui avait donné Silas, Hannah s'installa sur le lit de son amie en exhalant un soupir.

- Tu es sûre que tu ne veux pas m'accompagner ? Insista-t-elle avec une moue désespérée.

- Ce n'est pas que je ne veux pas, rectifia Louane en sortant sa robe de sa housse, je ne peux pas rater cette soirée.

Hannah acquiesça silencieusement.

- Tu peux m'en dire plus sur cette soirée ? Questionna-t-elle en l'aidant à sortir sa robe.

- Tous les avocats les plus réputés seront là-bas pour réunir des fond pour une association, expliqua-t-elle d'une voix tendue qu'elle ne lui reconnaissait pas : J'ai peut-être gagné une affaire, mais je suis toujours une jeune avocate qui manque d'expérience, j'ai besoin de montrer que je m'applique et que je cherche qu'à réussir.

Hannah sauta du lit quand elle vit une lueur d'inquiétude traverser les beaux yeux verts de son amie.

- Tu n'as aucune raison de t'inquiéter ma chérie, je suis certaine que tu sauras te défaire des autres femmes avocates.

Louane grimaça en posant sa main sur son bras qu'elle avait posé sur son épaule.

- Je l'espère, il y aura beaucoup de bébé.

- Hein ? Des bébés ?

Elle rit doucement avant de lui expliquer.

- Les grands avocats, magistrats, juges, pour eux nous sommes des bébés.

- Eh ben...dit Hannah interloquée par cette confidence assez drôle.

- Quoi qu'il en soit, je suis certaine que je saurais me montrer à la hauteur. Déclara Louane avec assurance en relevant le menton.

- J'en suis persuadée.

- Et toi ? Demanda-t-elle songeuse, en plissant des yeux, tu t'es remise de ton agression.

Hannah croisa son reflet que lui renvoyait le miroir et posa ses doigts sur les rougeurs encore visible sur son cou.

Elle ignorait ce qu'il lui avait pris de l'embrasser.

- Il....enfin je ne sais pas ce qu'il lui a pris.

- Ne te pose pas de question Hannah.

- Facile à dire ! S'exclama Hannah en un rire étouffé.

Louane posa sa robe sur le lit.

- Quand un homme t'invite à une soirée dans un hôtel cinq étoiles et qu'il te mange littéralement la bouche, ça veux dire beaucoup de choses.

- C'est bizarre ! Il me semble avoir déjà entendu cette phrase ! Railla-t-elle en esquissant une moue dérisoire.

Louane plaida coupable en levant ses mains avant de rétorquer :

- Je me suis foiré je l'avoue, concéda-t-elle, mais là, je refuse de te laisser passer à côté de ça, c'est trop....merveilleux et irréaliste, je suis jalouse.

Hannah se mordilla les lèvres.

Devait-elle se bercer d'espoirs comme elle l'avait fait avec Gabe ?

Silas Poloskhïa était...comme un mi-dieu, mi bête sauvage et elle adorait ça. Ce simple aveu suffit à faire bouillir son sang.

- On va passer une bonne soirée, j'en suis certaine, chuchota Louane en lui embrassant la joue.

Celle-ci quitta la chambre en fredonnant un air joyeux. Hannah redressa les épaules et inspira profondément, décidée à donner une chance à Silas Poloskhïa, de lui montrer qu'elle pouvait lui faire confiance.

Le lendemain, Hannah quitta son immeuble et ne put que constater qu'il n'avait pas menti. Une voiture noire l'attendait, et le chauffeur marqua son arrivée avec un sourire chaleureux.

- Bonjour mademoiselle Stewart, je suis chargé de vous emmener chez monsieur Poloskhïa, annonça-t-il en s'inclinant.

Hannah lui rendit son sourire et monta dans la voiture entièrement fait de cuir. Pour se détendre, elle mit ses écouteurs et lança son morceau préféré. La musique ne fit que lui passer le temps, car son esprit était ailleurs. Elle avait l'impression que chaque mètre parcouru la rapprochait dangereusement vers un autre monde.

Elle garda en mémoire les précieux conseils de son amie et se promit de ne jamais parler du baiser qu'ils avaient échangé. Pour savoir si elle intéressait réellement Silas, elle devait feindre d'ignorer ce qu'il s'était passé entre eux. Si elle ne cessait pas immédiatement de repenser à ce baiser, elle allait devenir complètement dingue. Et ce n'était ni le moment ni l'endroit pour se mettre à parler toute seule....même si...Hannah supposait l'avoir déjà fait quand elle vit les yeux du chauffeurs se plisser légèrement accentuant ses rides.

Bravo Hannah !

Quand la voiture s'arrêta devant un imposant gratte ciel, Hannah en eut le souffle coupé.

- Étage cinquante-sept. Indiqua le chauffeur en lui glissant un papier dans les mains : Faites ce code quand on vous le demandera.

- Quelle porte ? S'empressa de demander Hannah, alors qu'il se dirigeait vers sa portière.

Un sourire presque amusé se peignit sur les lèvres du chauffeur.

- Il n'y a pas de numéro, il n'y a pas de porte.

Incrédule, elle le regarda partir, plantée sur le trottoir.

Pas de porte ?

Elle pénétra dans la tour, et fonça tête baissée dans l'un des ascenseurs, ignorant certains regards posés sur elle. Alors elle suivit les instructions et composa le code qu'une voix robotisée lui demanda.

- Pas de panique, pas de panique, se murmura-t-elle à elle-même.

L'ascenseur s'ouvrit.

Hannah se retrouve face à un immense salon massif entouré de baie vitrées surdimensionnées. La bouche entrouverte, elle posa le pied sur le carrelage lisse et noir. Dans le silence le plus total, Hannah pénétra dans l'immense appartement et demeura interdite en balayant l'immense foyer. L'escalier en colimaçon vernis d'un bois sombre coupait l'étendue de la pièce absolument captivante.

Silas quitta son bureau à pas de loup, silencieux, pressé de revoir celle qui l'avait fait vibrer la veille. Il appuya ses mains sur les rambardes qui lui donnait une vue imprenable sur le rez-de-chaussée et observa la jeune femme si timide, avec cet air femme-enfant pénétrer chez lui pas par petit pas. Goûter ses lèvres n'avaient fait qu'accentuer son désir primitif, presque animal...il s'était promit de lui donner un simple baiser, une danse languide, mais à peine sa bouche posée sur la sienne qu'il n'avait rien pu contrôler. Silas s'effaça de là où il se tenait, l'esprit torturé de ne pas savoir si elle lui en voulait

Jetant un coup d'œil sur sa droite puis sur sa gauche, Hannah découvrit deux portes fermées. Ne résistant plus à la tentation d'en découvrir plus elle monta les quatre marches qui l'a séparé du salon surréaliste et ne put qu'admirer le luxe renversant. Une cheminé murale apportait de la chaleur au lieu boisé de toute part. Les canapés, les fauteuils, la table en verre fraichement fleurie d'un bouquet de roses....Hannah ne savait plus où donner de la tête.

Elle s'avança plus près encore et tourna sur elle-même, captivée.

Devant les impressionnantes vitres qui apportaient une vue panoramique sur New-York, elle sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine en dévisageant le piano à queue avec les yeux d'une petite fille. Des souvenirs alors lui remontèrent. Comment oublier ses leçons de piano quand elle était enfant qui lui avaient permis de panser ses douleurs, ses chagrins.

Elle ne put résister à l'envie de s'approcher et de poser son index sur le Si et le La. Pour vérifier qu'elle n'avait rien perdu de son talent, elle ébaucha les premières notes de la berceuse que sa mère lui chantait dans son enfance.

- Vous savez jouer du piano ?

Hannah Tome 2 :  Vaincue par le désir  -  ( La vengeance de Silas PoloskhÏa )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant