Comme il restait immobile, en état de choc, Hannah inspira profondément en essayant de résister au froid.
- Je suis navré, je ne m'en suis pas rendu compte, dit-il enfin.
- Est-ce que tu veux m'en parler ?
- Non ! S'empressa-t-il de dire sur un ton brusque.
Silas ferma les yeux en se maudissant intérieurement. Il avait tenté de refouler ses souvenirs douloureux. Il s'était persuadé être assez fort pour revenir ici sans que son passé ne revienne le hanter. Voyant que ses grands yeux marrons attendaient une réponse, Silas s'approcha d'elle en refusant de lui parler de son passé sordide au risque de souiller son cœur pure. Et surtout, il ne voulait pas de sa pitié. Il voulait seulement la voir sourire.
- Je suis désolé, je ne sais pas ce qui ma pris de laisser mes songes me dominer au point d'oublier ta présence.
Silas tenta de prendre sa main qu'elle serrait contre l'autre en constatant qu'elle était frigorifiée.
- Tu es gelée...
Elle grelotta, saisit de tremblement.
- Sois tu es inhumain et tu ne ressens pas le froid qui règne dans cette mai...son, sois tu as le sang chaud, dit-elle en claquant des dents.
Ni l'un ni l'autre conclut-il en se dirigeant vers le thermostat. Cette colère rugissante en lui était comme un anesthésiant. Il avait l'impression de ne plus rien ressentir. Sauf quand elle était là.
- Quel idiot, grommela Silas en voyant que la température se rapprocher des deux degrés. Il augmenta le chauffage principal puis étudia les autres de plus près. Sa belle Hannah continuait de claquer des dents sans cesse mais s'efforçait comme toujours à lui sourire comme si elle cherchait à lui cacher sa détresse.
Il la rejoignit et le souleva du canapé pour gravir les deux étages supérieurs.
- Tu seras mieux ici...
Silas l'allongea sur le lit et sentit ses pupilles se dilater. Rien ne pourrait effacer sa maladresse. Mais il refusait de laisser son passé jouer un rôle sordide entre elle et lui.
- Laisse-moi faire...
Hannah savait pertinemment qu'il ne lui dirait rien. Du moins pas ce soir. Elle le laissa la déshabiller de son manteau puis ses chaussures et se redressa sur le lit. Il y avait quelque chose dans son regard qui lui déchirait le cœur. Tout ce qu'elle avait pu rassembler comme informations sur lui l'avaient conduite à une conclusion assez sordide. Il avait quitté la Russie vers ses dix-neuf ans. Son père avait la réputation d'être un homme intransigeant et un faussé s'était creusé entre eux dès leur arrivée en Amérique. Elle en était persuadée, Silas n'était pas totalement guéri de cette relation chaotique. Et la prison ne l'avait pas aider. Un jour peut-être, il lui en parlerait. Ne souhaitant pas le bousculer ou anéantir son bonheur d'être avec lui, Hannah préféra s'abstenir.
- Le chauffage commence à réchauffer les pièces, expliqua-t-il sur un ton plus doux. Tu devrais te changer, mettre quelque chose de plus chaud.
- Cette chambre est vraiment très belle, commenta Hannah en espérant qu'il la regarde.
Il le fit enfin.
Tel un prédateur, il s'approcha et l'embrassa enfin.
- Je suis ravi qu'elle te plaise.
Hannah récupéra les vêtements qu'il venait de lui tendre et se leva du lit.
- Je t'attend en bas.
Elle ne le quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse puis exhala un soupir. À cet instant précis, Hannah comprit qu'elle allait devoir mener un combat rude pour qu'il efface de son esprit les mauvais souvenirs qui mettaient de la distance entre eux. Pour cela, Hannah utilisa la douche entièrement recouverte de murs en pierre et profita des jets d'eaux une bonne dizaine de minutes avant d'en sortir plus détendue.
Elle enfila une robe imprimée et passa un gilet sur ses épaules. Elle venait de s'enduire d'huiles essentielles, elle sentait délicieusement bon. Elle descendit les marches en bois massif sur deux étages et le trouva assis dans un fauteuil, le regard perdu dans le vide.
Enhardie par les moments de bonheur qu'elle avait vécu jusqu'ici, elle s'approcha discrètement et glissa la naissance de ses doigts sur son épaule. Comme s'il savait déjà qu'elle était là, il lui la main pour la porter à ses lèvres.
Il tira dessus pour l'inviter à s'installer sur ses genoux.
- Je dois juste endiguer les souvenirs douloureux qui me taraude et ensuite, ça ira mieux.
Hannah se mordit la lèvre.
- Tu n'as toujours pas envie d'en parler ? Demanda-t-elle prudemment.
Il soupir silencieusement.
- Pas ce soir, objecta l'homme en la regardant droit dans les yeux, laissant clairement son regard parler pour lui.
Hannah ne contesta pas son refus même si la déception prit le pas sur la compréhension.
- Je t'en parlerais que je serais prêt, ajouta-t-il néanmoins.
Hannah acquiesça.
Il termina son verre de whisky d'un trait, le regard plongé dans le sien.
- Je suis vraiment heureux que tu aies décidé de m'accompagner Hannah, confia-t-il sincèrement.
- Moi aussi je suis heureuse Silas.
Leurs regards demeurèrent soudés longtemps avant qu'il ne l'attire vers lui en lui saisissant la taille. Ses yeux noirs devinrent comme ciel d'orage. Hannah déposa un léger baiser sur ses lèvres froides en espérant qu'il retrouve ce beau sourire ravageur qu'elle aimait tant.
- Tu es quelqu'un de bien Silas, murmura-t-elle en se relevant sous son regard incrédule.
Il lui décrocha un regard faussement mécontent.
- Revenez ici mademoiselle Stewart !
Les mains dans le dos, elle continua son chemin en lui décrochant une petit œillade coquine.
Silas la vit disparaître derrière le mur adjacent. Manifestement, la jeune femme tentait de le réconforter à sa manière et fut surpris de découvrir que derrière cette apparence timide, se cachait un petit air taquin. Il posa son verre avec une lenteur délibérée. Il se leva, forcé de constater qu'elle avait réussi à lui rendre le sourire.
Il emprunta le chemin qu'elle avait pris et la trouva dans la cuisine, en train de fredonner un air de musique. Silas appuya son épaule sur le chambranle de la porte alors qu'elle faisait mine de ne pas l'avoir vu.
- Avez-vous faim monsieur Poloskhïa ?
- Qu'est-ce donc ce petit ton que j'entend là ?
La jeune femme fit mine de ne pas comprendre et s'affaira autour de lui.
Un désir violent s'empara de lui.
- J'ai faim, dit-il en s'approchant avec nonchalance. Mais de vous mademoiselle Stewart.
Bien qu'elle s'appliquait à tenir son rôle, la jeune femme rougit. Il se mit derrière elle, entourant sa taille pour plaquer son dos contre son torse. Instantanément, elle rejeta sa tête en arrière, les yeux fermés.
- Tu sens bon, susurra Silas en humant son odeur subtilement relevé par un odeur de jasmin.
Alors que l'atmosphère était chargé de bonnes ondes, Hannah retint un juron lorsqu'une sonnerie venait de retentir.
- Qui est-ce ?
Elle se retourna et constata que son regard venait de s'assombrir.
- Certainement une visite qui va fortement me déplaire.
Hannah le suivit....enfin, elle n'avait pas tellement le choix puisque sa main était fermement emprisonnée dans la sienne.
Il ouvrit la porte avec raideur et lança sur un ton assassin.
- Bonsoir mère...
VOUS LISEZ
Hannah Tome 2 : Vaincue par le désir - ( La vengeance de Silas PoloskhÏa )
RomansEn se réveillant dans un endroit qui lui est méconnu, Hannah sent la panique l'envahir. Le bal...le vin....peu à peu ses souvenirs réapparaissent. Loin d'être au bout de ses surprises elle se heurte de plein fouet à un mystérieux inconnu. Avec sa ca...