Chapitre 23 : Je veux lui raconter
Point de vue Eden
Je me sens comme sur un petit nuage. Nous étions si bien l'un contre l'autre au milieu des autres lycéens. Ils se sont tous écartés de nous. J'aurais voulu arrêter à ce moment mais quitter ses bras était impossible. Les autres, je ne m'en occupais pas. Ils n'avaient plus aucune importance pour moi. Nous étions seuls. Notre revanche sur le monde a enfin commencé. Nous étions au centre de l'attention. J'espère seulement que tout cela n'aura pas de répercutions sur nous après. Je me suis toujours caché mais à partir de maintenant, je veux me sentir libre et faire ce qu'il me plait.
Alors que nous nous sommes enfin arrêtés, comme la musique douce, plus personne ne parle. Seules les quelques personnes ne nous ayant pas vu discutent. Le souffle de Samaël s'écrase sur mes cheveux. Je l'entends respirer fortement. Je ne veux pas que cette proximité se rompe. Je veux lui prouver à quel point je tiens à lui. Il ne me fait plus peur comme aux premiers jours. Il y a plusieurs étapes que j'aimerais franchir avec lui. L'effet qu'il me fait est incontrôlable. Je me sens tellement bien. Tellement que cette euphorie me fait prononcer ces mots :
- Je t'aime.
Je ne tenais plus. J'avais beaucoup trop de mal à le garder pour moi. Maintenant, j'ai peur de sa réaction. Je me rappelle encore de ce qu'il a murmuré avant de s'évanouir à l'hôpital. Je ne sais pas si on m'a entendu mais je n'entends plus aucun bruit. Pour moi, tout le monde me regarde. L'angoisse s'empare de moi immédiatement.
Finalement, au bout de quelques secondes seulement qui m'ont paru une éternité, sa réponse est prononcée difficilement :
- Je... désolé. Reste seulement mon ami. Je ne peux pas.
Même si je m'y attendais, je ne peux m'empêcher d'être déçu. Il ne peut pas m'aimer comme moi. Au moins, je n'ai plus à me cacher de ça. Je me sens mal pour lui. Si quelqu'un m'annonçait ça d'un seul coup, je ne saurais pas quoi répondre. C'est plus l'avis des autres qui m'effraie. Samaël m'accepte comme je suis mais eux, je ne peux pas savoir. Leurs réactions peuvent être bonnes, mauvaises ou encore indifférentes. Il y en a des cons dans le monde ; je suis bien placé pour le savoir.
On ne bouge plus et ce que j'entends me glace le sang : « tapette ! » ; « sale pédé » ; « tu prends combien ? ». Les larmes me montent aux yeux. Ce ne sont pas les seuls mots qui me parviennent. Des plus ou moins blessants sont prononcés. Je veux faire taire toutes ces insultes auxquelles j'ai essayé d'échapper depuis des années. Tout le monde sait pour moi. Je me retrouve tout seul. Rien ne s'arrête. Tout s'intensifie. Je dois partir. Je veux partir. Quitter cet enfer. Mais, comment savoir où aller ? Putain d'handicap.
Alors que je m'effondre de plus en plus, Samaël m'attrape la main gauche. J'ai tendance à l'oublier même s'il compte beaucoup pour moi. Il m'annonce :
- Viens. On y va. On a plus rien à faire ici. Si on reste une minute de plus, je crois que je vais tous aller les buter. Je ne veux pas entendre ces mots qui te désignent. Tu me suis maintenant, c'est bon ?
- O-oui, sanglotai-je en essuyant les larmes sur mes joues.
Il ne me lâche pas la main et j'avance derrière lui. Mon guide. Je l'entends pousser sans ménagement des mecs populaires qui m'ont sûrement insulté. Il n'hésite d'ailleurs pas à leur parler sèchement, sans oublier sa petite note ironique qu'il sait si bien faire. Mon protecteur. Une fois dehors, je me rends compte que ma canne blanche est restée à l'intérieur. La main de Samaël est bien plus agréable à tenir. On est sorti rapidement. Tandis qu'on commence à avancer, Samaël lâche ma main. Je m'arrête immédiatement. Avancer sans savoir ce qu'il y a devant moi est impossible.
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No one can save me [boyxboy]
RomanceSamaël, dix-sept ans, est contraint de vivre chez son psychologue. Ses parents ne veulent plus de lui. Quant à son psychologue, il pense mieux pouvoir l'aider à guérir cette folie qui le hante. Lors de l'emménagement, tout ne va pas se passer comme...