Chapitre 25 : Avec toi
Point de vue Samaël
Le prendre dans mes bras était la meilleure chose à faire. Je le soutiens désormais. Il me cachait beaucoup de choses mais c'était compréhensible. Avouer à quelqu'un la circonstance de la mort de sa famille n'est pas chose facile. Je m'en veux d'avoir été aussi dur avec lui au début de notre relation. Mais je ne peux pas changer, je suis comme ça. Rien n'arrivera à me changer complètement. Je suis et resterai malade tout le long de ma vie. En une parole, comme pour lui, tout a basculé. Notre vie tient sur un fil. Un fil étroit, reliant deux montagnes. Il est compliqué de tout traverser. Un coup de vent et on chute. Pourtant, on s'accroche avec l'espoir d'y parvenir.
Je sens ses larmes tomber dans mon cou. Il a besoin d'évacuer. J'ai eu du mal à parler mais si je n'agissais pas, il partait. Hors de question qu'il s'en aille comme ça. On reste dans cette position plusieurs minutes ; le temps qu'il se calme. Sa respiration se ralentit pour enfin redevenir normale. Il se détache de moi, essuie ses yeux sous ses lunettes et, en me souriant, me dit :
- Merci... de m'avoir écouté jusqu'au bout.
- C'est normal. Tu es mon ami, mon vrai premier ami. Tu te rappelles tous les jours de cette nuit-là ?
- Oui, j'y pense tout le temps. Si j'avais agi plus rapidement, sans me poser cinquante mille questions, ils seraient sûrement encore avec moi...
- S'ils étaient là, nous ne nous serions jamais rencontré, annonçai-je pour détendre l'atmosphère.
- C'est vrai... je ne regrette pas de t'avoir rencontré Samaël. Malgré nos débuts difficiles, j'étais persuadé qu'avec le temps, tout allait s'améliorer. Depuis deux ans, j'avais pour habitude de rester à l'appartement, de ne sortir que très peu. Je n'ose pas affronter les autres. Jay essaie de me faire sortir le plus possible tout de même. Il a toujours tout fait pour moi, je ne lui serais jamais assez reconnaissant pour tout ça.
- Est-ce que je peux te demander quelques autres choses ?
- Oui.
- Tu sais ce qui a déclenché l'incendie ?
- Oui... On me l'a dit peu de temps après. Un court-circuit dans un des radiateurs de notre salle de bain. Notre maison a tellement brûlé qu'ils ont dû la démolir. Je n'ai même pas pu la voir une dernière fois...
- Ton piano vient de cette maison non ?
- Oui, il appartenait à ma mère. Il a réussi à échapper au feu. Les pompiers ont éteint le feu avant qu'il ne l'atteigne entièrement. Et il y a aussi la couverture sur le canapé. Elle est très vieillotte mais elle a une signification particulière pour moi. C'était un cadeau de mes grands-parents. Grands-parents que je n'ai toujours pas revus depuis l'accident. Toute ma famille m'a tourné le dos, comme si c'était de ma faute, que j'avais volontairement mis le feu à ma propre maison...
- Je comprends. Si ça peut te rassurer, ma famille ne m'a jamais apprécié. Je ne sais même pas s'ils savent que j'existe en fait, rigolai-je. Je suis sûr qu'un jour ils accepteront de te reparler.
- J'espère...
- Ta famille serait fière de toi.
- Pourquoi ?
- Tu as accompli beaucoup de choses malgré ce qui t'es arrivé. Si je ne pouvais plus voir, je me sentirais démuni.
- J'ai eu du mal à m'y habituer. Mais je n'avais pas le choix. J'essaie de vivre normalement.
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No one can save me [boyxboy]
RomanceSamaël, dix-sept ans, est contraint de vivre chez son psychologue. Ses parents ne veulent plus de lui. Quant à son psychologue, il pense mieux pouvoir l'aider à guérir cette folie qui le hante. Lors de l'emménagement, tout ne va pas se passer comme...