No one can save me [boyxboy]

Chapitre 27 : Des parents

Chapitre 27 : Des parents

Point de vue Samaël

- Faut que j'aille les voir... J'en ai besoin... Je t'en prie Jay...

Des lâches. Je n'ai rien d'autres à dire que ça. Jamais je n'avais imaginé ça... Je n'arrive pas à me dire que c'est moi qui ait vécu tout cela. Jay m'a raconté l'histoire d'un autre gars. Je ne veux pas y croire mais je n'ai pas le choix. Il a l'air de dire la vérité. J'espère seulement qu'il ne m'a pas menti ; si c'était le cas, je ne lui adresserais plus la parole. Plus jamais.

Quand il racontait son histoire, je sentais des larmes venir. Je m'imaginais à la place de cet enfant n'ayant rien demandé d'autre que l'amour de ses parents. Je ne connais pas ce sentiment qui pour moi est juste une invention. Les Hommes ont inventé l'amour pour se sentir important pour quelqu'un. Ils ont essayé de m'en donner mais ils ne savent pas s'y prendre. Je ne pourrais jamais éprouver ce sentiment. Impossible. Pourtant, dans toute cette embrouille, Eden demeure dans mon esprit. Lui essaie de me faire ressentir ce sentiment et j'ai malheureusement peur qu'il y parvienne un jour ou l'autre... Je dois l'en empêcher. Il ne peut pas réussir à contrôler mes pensées, mes mouvements, mes envies. Tout ça en même temps. La force de cette folie. Incontrôlable.

Mais il n'est pas question de lui ici. C'est de ma famille et de Jay également. Mon grand-frère. Je crois que je ne pourrais jamais le penser réellement. J'ai toujours été fils unique sans m'imaginer ma vie avec une sœur ou un frère. Comment ai-je pu tout oublier d'un seul coup ? Ce n'est pas normal. Je ne suis pas normal. Tous ces moments que Jay m'a décrit semblent irréels. Je veux pouvoir y croire, me les imaginer. Un anniversaire comme je n'en ai jamais connu. Un rire que je n'arriverais pas à retrouver. Une confiance que je ne ressens plus. Rien. A cause d'eux. Ils ont décidé de me pourrir la vie jusqu'au bout.

Pourquoi ma mère n'a-t-elle pas avorté ? Tout aurait été beaucoup plus simple pourtant. Je n'aurais pas dû venir au monde. C'était une connerie. Je leur en veux tellement ! Je n'avais pas à subir ça ! Autant crever au lieu de vivre sans être accepté par ses propres parents. J'en ai tellement envie... Mais ma curiosité m'en empêche. Ils doivent avant tout autre chose répondre aux questions que je me pose. Jay ne doit subir aucune répercussion. Je lui ai demandé, il m'a seulement répondu malgré ses réticences. Je comprends pourquoi mes parents me cachaient tout ; ils savaient que j'allais me réveiller. Sales enfoirés. Mensonge, encore et toujours la meilleure solution. J'étais la victime, eux, les bourreaux.

- Tu es certain de vouloir y aller tout de suite ? me demande Jay.

- Oui.

- Je pense qu'il vaut mieux attendre vu ton état. Tu trembles et tu pleures.

- Non ! Je vais très bien ! m'exclamai-je en le fixant droit dans les yeux. De toute façon, quoique tu dises, j'y vais, avec ou sans toi.

Je me lève, bien décidé à obtenir des réponses. Je m'empresse de me diriger vers la sortie quand Jay m'attrape le bras pour m'arrêter.

- Je ne vais pas te laisser partir seul. Ça risque de dégénérer rapidement. C'est à cause de moi que tu sais tout désormais, je ne veux pas que tu en subisses les conséquences.

- Ce n'est pas de ta faute... Je te l'ai demandé. Ne t'inquiète pas pour moi, je sais me contenir.

- C'est bien ça qui me préoccupe. Donc, je t'accompagne.

- Reste en retrait par contre, c'est à moi de régler cette histoire.

- D'accord, mais en cas de problème, j'interviens.

- Comme tu veux.

J'avance vers l'entrée et ouvre la porte. Eden sort de sa chambre et reste face à Jay qui me suivait de loin. Un ralentissement. Ils n'ont pas intérêt à causer pendant trente ans. J'irai tout seul sinon. Impatience. Je n'essaie même pas de savoir ce qu'ils racontent, bien trop occupé à réfléchir à ce que je vais dire à ceux qui me servent de parents. Beaucoup de questions viennent et repartent immédiatement. Je ne réalise pas que désormais je connais tout. J'attendais cela depuis des années. Autant dire que ça a eu l'effet d'une bombe en moi. Je ne pleure jamais en temps normal.