Chapitre 36 : Paranoïa
Nous sommes restés longtemps dans les bras l'un de l'autre. Sa chaleur m'avait tellement manqué. Jamais plus, je te le promets. Quand nous nous sommes enfin détaché l'un de l'autre, il me dit :
- Il faut qu'on retourne à l'hôpital... je suis tellement désolé d'avoir fait ça... je me sens tellement idiot aussi...
- Ce n'est pas de ta faute, répondis-je. C'est plutôt à moi de m'excuser, je t'ai laissé seul.
- Tes parents t'ont éloigné de moi.
- Ne t'inquiète pas, on ne les reverra pas de sitôt. Ils sont partis aux Etats-Unis sans même prendre la peine de prévenir leur fils. Je l'ai su aujourd'hui. Ils ne reviendront plus nous faire chier.
Il sourit et semble enfin soulagé. Qu'est-ce que j'aime avoir cet effet-là sur lui. Quand je pense qu'avant je ne voulais même pas entendre parler de lui, je me retrouve maintenant à ne plus vouloir le quitter. Je n'ai jamais voulu tomber amoureux de qui que ce soit et pourtant, c'est arrivé malgré tous mes efforts pour éviter ça. Il doit avoir froid seulement vêtu ainsi. Je suis moi-même frigorifié alors que je ne suis qu'en débardeur en plein milieu de la nuit pendant un mois de mars. J'attrape sa main et le ramène vers moi. Dernier petit bisou avant de retourner à l'hôpital où Jay doit nous attendre impatiemment. On marche enfin côte à côte, main dans la main, sans se préoccuper du regard des autres. Le seul point fort à être aveugle c'est qu'on ne voit pas leurs regards oppressants sur nous. Eden en a peut-être conscience mais il a la chance de ne pas les voir. Ne t'occupe pas d'eux... Eden est là et il compte beaucoup plus pour toi que tous ces connards qui se croient plus forts que tout le monde. J'aimerai tellement écraser leur tête sur le sol et les voir me supplier de les laisser tranquilles.
- Sam ? m'appelle Eden.
- Oui ?
- Tu vas bien ?
- Euh oui, pourquoi ?
- Tu semblais tendu et préoccupé par quelque chose.
- Je...
- Tu peux tout me dire tu sais.
- J'aime pas voir les autres nous regarder de travers et j'étais en train de m'imaginer en train de les buter un par un.
- Attends, dit-il en nous arrêtant. On s'en fout des autres. Ça fait deux ans que je ne vois plus la tête de personne. Fais comme moi, ignore-les. Je sais qu'ils nous regardent tous, je ne suis pas con. Il n'y a qu'un seul visage que j'aimerai bien voir en train de me regarder, le tien. Je voudrai tellement savoir à quoi tu ressembles.
- Tu pourras toucher mon visage autant que tu veux... tu devineras à quoi je ressemble facilement.
- On verra quand on sera rentré, termine-t-il en souriant.
Je l'embrasse furtivement et nous reprenons la route vers l'hôpital. J'ai confiance en Eden. Il faut que je le croie. Main dans la main. Comme des amoureux. Je suis amoureux. J'aime quelqu'un pour la première fois de ma vie et surtout, quelqu'un m'aime. Je me sens bizarre. Ce n'est pas moi cette personne calme qui aime les autres. Pourquoi je suis comme ça ? C'est un rêve, n'est-ce pas ? Je vais me réveiller et me retrouver comme avant. Comme j'ai toujours été. J'ai envie de disparaitre, là maintenant tout de suite. Eden. Il est là. Il est là. Ne l'oublie pas. Je vais devenir fou.
Heureusement pour moi, on arrive enfin à l'hôpital. Eden semble fatigué. Il aurait dû rester ici au lieu de partir... On entre et je le soutiens un peu pour l'aider à avancer. On retrouve Jay rapidement alors qu'Eden s'endort presque dans mes bras. Jay me demande :
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No one can save me [boyxboy]
RomanceSamaël, dix-sept ans, est contraint de vivre chez son psychologue. Ses parents ne veulent plus de lui. Quant à son psychologue, il pense mieux pouvoir l'aider à guérir cette folie qui le hante. Lors de l'emménagement, tout ne va pas se passer comme...