Chapitre 32 : Je suis fou

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Chapitre 32 : Je suis fou

Quelqu'un entre et je le regarde d'un œil mauvais. A la vue de sa blouse blanche, c'est un putain de médecin. Je recule le plus possible mais la pièce est tellement petite que mon dos rencontre rapidement le mur. Qu'est-ce qu'ils veulent encore ? Laissez-moi partir d'ici...

- Bon, on va commencer simplement. Comment vous sentez-vous ?

- Fermez-la.

- Je note. Savez-vous où nous sommes ?

- Non et je veux partir !

- Ça, n'y comptez pas. Vous allez rester longtemps ici, c'est vos parents qui décident.

- Laissez-moi les tuer ! m'exclamai-je en m'approchant de lui pour le menacer. C'est de leur faute !

- Je vous déconseille de lever la main sur moi.

- Et qu'est-ce que vous allez me faire hein ? J'ai pas peur de vous au cas où vous n'auriez pas remarqué !

- Isolement. Restez ici pendant une semaine, sans contact humain. Je reviendrai quand vous serez plus calmé.

Il sort sans que j'aie eu le temps de réagir. Je m'allonge sur ce lit. J'ai toujours éviter cet endroit... Si mes parents avaient pu, j'y serais depuis ma première journée avec eux. Ce médecin est comme les autres, aussi con. A part Jay, les médecins sont pour moi des imposteurs. A vrai dire, Jay aussi m'a menti... Comment je vais faire pour sortir d'ici ? Il n'y a personne que je connaisse et je ne pense pas que les visites soient autorisées... Et cet enfoiré de médecin m'a enfermé ici en me promettant de ne rencontrer personne pendant une semaine. Je vais devenir fou.

* * * *

Cet endroit est le plus horrible au monde. Le monde n'existe plus autour. Il n'y a rien à l'extérieur. Je me réveille doucement, enfin, à cause des coups sur ma porte. Tous les matins, le réveil est le même, pour tous les patients. De violents coups contre nos portes respectives. On a trois minutes exactement pour sortir parfaitement habillé. Comme un robot, je me dépêche d'enfiler les mêmes habits depuis... depuis... je ne sais pas. C'est ma maison ici.

Je sors et me dirige vers le réfectoire. On doit être une centaine à vivre ici. On n'a pas le droit de se parler. Je ne sais pas pourquoi. C'est une bonne chose. Chacun choisit ce qu'il veut manger et des infirmiers nous amènent nos médicaments que j'avale rapidement. Je me sens bien ici. On s'occupe de moi sans que j'aie besoin de rien demander. Quelques-uns tapent des crises de nerfs, on les emmène à l'écart rapidement. Normalement, on les revoit au bout de deux ou trois jours. Il faut juste être calme et tout se passe parfaitement bien ici. Sans que je m'y attende, le médecin qui s'occupe de moi se rapproche. Je le vois tous les jours et il est vraiment gentil. Il m'a beaucoup aidé depuis que je suis ici.

- Samaël, aujourd'hui, tu as de la visite. Ils sont déjà arrivés. Suis-moi.

De la visite ? Mais je ne connais personne. Depuis que je suis ici, personne n'est venu parce que je n'ai personne. Tout simplement. Etonné, je me lève, range mon petit-déjeuner et suis le médecin. Tous les autres jeunes me regardent bizarrement. On ne reçoit pas beaucoup de visites. On a tous été abandonné à vrai dire... Derrière le médecin, je regarde ces nouveaux couloirs que je n'ai jamais emprunté. Deux infirmiers me suivent. Mesure de sécurité que je respecte. Il y a des vrais tarés ici.

Au bout d'au moins deux minutes de marche, on s'arrête devant une porte. Le médecin se retourne et me prévient :

- Tu as exactement cinq minutes, pas une de plus.

- Qui sont ces personnes ?

- Ton ancien médecin et un jeune avec lui.

- D'accord.

Alors là, je ne les connais pas. Qui sont-ils ? Mais eux doivent me connaître sinon ils ne seraient pas venus me voir. Bon, on va voir ce qu'ils me veulent. J'entre dans cette pièce équipée de plusieurs petites tables individuelles avec une chaise de chaque côté. Des infirmiers sont postés sur les quatre coins de la pièce. Je découvre enfin ces deux inconnus. Je m'assois devant eux et les regarde plus attentivement. Mon médecin comme on me l'a dit ne me dit absolument rien. C'est juste un mec banal quoi. Et l'autre qui le suit a des lunettes de soleil. C'est quoi cette mode d'avoir des lunettes de soleil alors qu'on est à l'intérieur ? Des guignols les deux.

- Samaël... lance le plus âgé.

- Oui ? Qui êtes-vous ? demandai-je d'amblée.

- Comment ça ? Tu ne te souviens pas de nous ?

- Non.

- C'est pas vrai... C'est un cauchemar.

- Répondez-moi. Qui êtes-vous ?

- Je suis Jay, ton ancien psychologue avant que tu n'arrives ici. Et voici Eden, ton... un de tes amis qui vit avec moi. On ne te dit vraiment rien ?

- Je ne suis pas un menteur au cas où vous ne le savez pas. Je n'ai personne en dehors de cet endroit qui est ma maison. Si c'était pour seulement me dire ça, vous n'auriez pas dû venir.

- Samaël... Tu as tout oublié ? demande l'autre en sanglotant.

- Oublié quoi ? Je ne te connais pas. Laissez-moi tranquille, je veux retourner dans ma chambre.

En disant ces mots, le plus jeune se lève et part en courant. Bon, je n'ai pas que ça à faire moi. Leurs prénoms m'ont peut-être dit quelque chose mais rien de plus. Un infirmier m'annonce que le temps est terminé. De toute façon, je n'avais rien d'autres à leur dire. Je me lève et me dirige vers la sortie. Ce Jay dit quand même.

- On te sortira de là. Je te le promets. Il a besoin de toi.

Je ne réagis pas plus que ça et on me ramène dans ma chambre. On n'a pas d'exercice à faire aujourd'hui alors je reste tranquillement dans mon petit endroit. J'ai réussi à obtenir quelques bouquins pour passer le temps. On arrive rapidement à s'ennuyer ici malgré les quelques petites sorties qu'on peut faire. Mais cette visite m'a perturbé.

Alors que je suis allongé sur mon lit, je repense à ces deux hommes. Plus je réfléchis, plus je pense les connaître. Ils me disent quelque chose. Surtout le jeune. Eden... J'ai déjà rêvé de ce nom. Eden... Il était gentil avec moi. On était très proche... Très proche même... C'était un de mes amis, c'est ça ? Je n'ai jamais eu d'ami. On m'a toujours fui comme la peste. Mais il n'est pas comme tout le monde. C'est plus qu'un ami non ? Je suis totalement perdu... Eden... C'est un beau prénom. Je t'aime. Aimer ? Quelqu'un m'aime ? Non, si je suis là, c'est qu'il y a une raison, n'est-ce pas ? Je ne peux pas aimer quelqu'un. Mais qui est-il pour moi alors ? Réfléchir me fatigue.

* * * *

Je me réveille en un sursaut. Non, c'est pas possible. C'est lui ! Je m'en souviens. Mais où suis-je alors ? Je le connais. Je les connais, les deux. Eden... Quelqu'un m'aime et j'aime quelqu'un. Il est à moi... Je dois sortir d'ici au plus vite. Mon amour m'attend... Comment ai-je pu t'oublier ?

No one can save me [boyxboy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant