The First Flight [FR]

Chapitre 49 ❀ Epilogue

Vous avez à boire et à manger ? Votre famille est bien dans l'autre pièce pour que vous puissiez péter les plombs en toute tranquillité ? Vous êtes prêt(e)s pour la dernière partie ?

Ok, c'est parti...

Je l'ai regardé dépasser les autres passagers, et à chaque pas qu'il faisait dans ma direction, il me paraissait de moins en moins réel.

Jusqu'à ce qu'il se retrouve à seulement quelques centimètres de moi, le téléphone toujours à l'oreille. Et il était si réel.

« Que je te montre la maison ? » ai-je demandé, trop secouée pour me rendre compte que je tenais toujours le téléphone moi aussi.

« La maison de ton rêve. Elle est réelle, non ? Cette maison est vraiment ici, à Vancouver ? »

Son regard était rivé au mien avec une telle intensité que ça a coupé toutes mes réserves d'air, mais j'ai fini par hocher la tête.

J'ai raccroché le téléphone. « Oui, la maison est bien réelle. »

« Ok, montre-moi. »

Je ne comprenais pas où il voulait en venir, et j'étais à peu près sûre de n'avoir toujours pas compris alors qu'on marchait vers sa voiture, sans dire un mot, mais une chose en revanche était claire comme de l'eau de roche.

Il était censé attraper son vol dans moins d'une heure. Mais il était là, avec moi, et il voulait que je lui montre la maison dont j'avais rêvé.

Je me suis installée sur le siège conducteur. Mes mains ont tremblé pendant tout le trajet, et je serrais le volant si fort que mes articulations sont devenues toutes blanches. Je ne pouvais pas le regarder, et sans trop savoir comment, je savais qu'il ne me regardait pas non plus. Plus on se rapprochait de la maison, plus j'étais tendue.

Jusqu'à ce que je sente qu'il savait où on allait.

Et mon cœur a commencé à battre à toute vitesse.

On est arrivés dans le quartier le plus calme de Vancouver, et on est passés devant le petit parc avec la fontaine, les balançoires et le toboggan. J'ai dépassé la petite supérette ouverte en continu, puis il n'a plus fallu que quelques pâtés de maison avant que je me gare devant la maison.

Quand j'ai coupé le moteur, tout est devenu si silencieux qu'on pouvait s'entendre respirer. Colin a regardé par la fenêtre, puis il m'a regardée moi, puis de nouveau à travers la fenêtre.

Je ne pouvais pas le regarder. Mes mains serraient toujours le volant, mes articulations toujours blanches.

J'ai lâché le volant et je me suis mordu la lèvre.

« Je – je ne comprends pas. » Son regard s'est promené sur la façade la maison une dernière fois, du portail bleu à la porte d'entrée, puis il s'est entièrement tourné vers moi.

« Ça c'est ta maison. »

J'avais énormément de mal à contrôler mes émotions, j'avais même l'impression que j'aurais pu éclater en sanglot d'un instant à l'autre.

« Oui, » ai-je dit.

Je suis sortie de la voiture, me sentant assez instable sur mes jambes alors que je m'avançais vers l'entrée. J'ai levé la tête, et nos yeux se sont rencontrés pour la première fois depuis l'aéroport ; si Colin avait été un personnage de dessin animé, ses yeux seraient sortis de leurs orbites à cet instant.

Je suis partie devant et j'ai ouvert le portail bleu. J'ai marché jusqu'à la porte d'entrée, cherché mes clés dans mon sac et je nous ai fait entrer. C'était tellement bizarre de se retrouver de nouveau ici à peine une demi-heure après avoir quitté la maison, persuadée que je n'y remettrai jamais les pieds, et pourtant j'avais l'impression d'être partie il y a des mois.