Dans la bicoque exposée aux quatre vents, la température dépasse à peine celle de l'extérieur. Emmitouflée dans une couverture, une femme fait cuire des maigres galettes dans une poêle. Ses deux fils font leurs devoirs sur la table de la pièce unique.
La porte s'ouvre avec fracas, et une masse courbée percute le chambranle. D'un coup de pied mal assuré, il claque la porte derrière lui, et louvoie jusqu'à la table.
- Alors, bande de minables, on s'instruit ? J'espère que... que vous m'avez ramené mon pognon, parce que sinon, je sens que vous allez dérouiller, dit-il en giflant le crâne d'Igor, qui serre les poings sous la table.
- Et toi, ma petite garce, dit-il en agrippant les hanches de sa femme, qu'est-ce qu'on dit à son homme ?
Elle tente de se dégager mais il la tient fermement.
- Quoi, tu n'as pas un petit mot pour ton mari, qui a trimé toute la journée ? Viens ici que je t'embrasse...
L'homme saoul cherche brutalement les lèvres de sa femme qui se débat.
- Pas ici, Ivan, pas devant les garçons ! Et puis tu empestes l'alcool...
- Non mais pour qui tu te prends ? Je te dégoûte, c'est ça ? Tu vas me le payer, salope !
Tandis qu'il se recule et lève la main, sa femme ouvre des yeux ronds comme des billes. Avant qu'il ne la touche, sa tête résonne comme un gong et il s'effondre de tout son long en travers des chaises du salon. Derrière lui, la poêle à la main, Igor le regarde avec haine. Dans la terre, à ses pieds, les galettes baignent dans une flaque d'huile.
- Nicolaï, aide-moi à le tirer dehors. Maman, va chercher le fusil sur la commode dans la chambre. Prends deux cartouches dans le sac de cet enfoiré, il les emporte toujours avec lui.
- Mais Igor, qu'est-ce que tu veux faire avec ce fusil ?
- Ne t'inquiète pas, il n'y aura pas de drame. Je veux juste m'assurer que ce salopard fera ce que je lui dirai. Ensuite, amène-moi un seau d'eau dehors.
Les deux garçons tirent l'ivrogne par les jambes jusque sur le chemin. Ses bras tracent deux sillons dans la neige, et ses jambes giclent de la boue sur leurs pieds lorsqu'ils les relâchent. Igor prend le seau des mains de sa mère et le vide sur la tête de son père, qui se redresse en sursaut, assis dans la boue.
- Ecoute-moi bien, connard. Tu es une merde et un raté, et à partir de maintenant, tu vas arrêter de bousiller notre famille. Tu vas dégager d'ici, tout de suite, et ne t'avise pas de remettre les pieds à moins d'un kilomètre de cette maison. Sinon...
Igor arme le chien de l'arme et vise son père, qui se protège instinctivement derrière son bras. Igor dévie légèrement l'arme et tire dans la neige, juste à côté de son père, qui bondit tel un ressort et court maladroitement dans la neige, en glissant et tombant régulièrement.
- Espèce de petit vaurien, attends un peu, tu verras...
- Disparais, sac à vin, tu n'es plus mon père ! Si tu reviens un jour, je te jure que je te troue la peau !
Dans son dos, sa mère serre l'épaule d'igor tandis qu'elle voit son mari, le fuyard, celui qui fut son seul amour et son plus grand malheur, disparaître de sa vie. Dans un profond soupir, elle s'accroupit et sanglote, tenant son fils dans ses bras.
- Merci, mon tout petit... Merci...
Les larmes de sa mère, où se mêlent soulagement et détresse infinie, ruissellent sur la joue d'Igor.
- N'aie pas peur, maman, dorénavant tout ira bien.
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Polar Shield
Science FictionEté 2031. Les milliardaires se sont réfugiés avec leurs familles dans l'espace, tandis qu'une pluie d'astéroïdes ravage la Terre. Trois ans plus tard, ils recolonisent la planète et ses survivants. Quatre pôles sont fondés, des mondes-cités où les...