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Syria nous appelait pas ordre alphabétique. Olala je stresse. Techniquement je la connais, je sais juste pas la réciter avec le ton sans tout oublier.

- Sigrid Hyfila.

Olala ça va pas du tout ! Je me lève et vais sur l'estrade. J'aurais pu regarder mes pieds mais il fallait que je regarde devant moi. Je me concentrais sur Orlan, il m'encourageait avec son habituel sourire. Bon allez go.

- Voici venir les temps où vibrant sur sa tige, chaque fleur s'evapore ainsi qu'un encensoir....

À la fin, je me rendis compte que je n'avais pas fait d'erreur. Ouf.

- C'est très bien ça, même si tu hésite un peu, tu as 18. À toi Zéphyr.

Elle y alla. Tiens sa poésie me paraissait un peu plus compliqué que la mienne... CHUUUUT faut pas le dire.

- ah mais c'est presque parfait. Tu as fais quelques erreurs mais tu as mis le bon ton. Je te met 18,5.

Elle s'assit à côté de moi (j'étais dégoutée).

- buuum j'tai battu !

- oh la ferme !

- en plus je suis la meilleure de la classe.

Du coin de l'œil je voyais Orlan se lever.

- pour l'instant.

Je me mise à sourire. Il paraissait vraiment confiant. C'est vrai que quand j'y pense, quand il doit parler à l'oral comme ca,il était changé. Comme si plus rien ne pouvait l'arrêter.

Il commença à réciter, enfin non il racontait une histoire. Car il était juste parfait, je comprenais sa passion pour la poésie, il ne faisait pas d'erreur pas d'hésitation. J'étais obnubilée. Je le trouvais d'un coup très beau et mignon. Orlan avait vraiment un don pour être... Gentil chaleureux et compréhensif. C'était incroyable comme je l'adorais. Oui c'était vrai, j'adorais Orlan.

Puis il termina et je me frappai mentalement la tête contre un mur. Cte Baka avait réussi à me faire aimer la poésie pendant 30 secondes. Tout à l'heure je vais lui faire un câlin de vengeance (je vais essayer de l'étouffer).

- woa. Bien c'est juste parfait. Je suis obligé de te mettre 20/20. Bravo.

- merci madame.

Il alla s'asseoir et retourna dans le silence. Il était trop discret... Bon en même temps il n'avait pas le choix. Déjà qu'il vivait un enfer dans ce collège, si il s'exprimait il allait avoir encore plus de mal à survivre.

N'empêche, il récitait bien les poésies.

~~~

- AHH MES CHEVEUX SONT TOUT EMMELÉS !!!

Orlan soupira.

- ça fait 10 fois que tu me le dis...

- MAIS ILS RENTRENT DANS MA BOUCHE ! C'EST PAS BON LES CHEVEUX À MANGER !

- bravo c'est bien Sigrid...

- Pff ! (Je commençais à tourner en rond devant lui pour me réchauffer) pourquoi tes cheveux ils sont pas emmélés eux ?!

- peut être parce que j'ai les cheveux courts.

- C'est vraiment pas juste ! Ahhh mais sortez de ma bouche !!!

- tu es en train de parler à tes cheveux là ?

- ARRETES DE FAIRE DES COMMENTAI...

Dos à Orlan, mon sac à terre venait de me faire trébucher (oui oui c'est la faute du sac ! Moi j'ai rien fais 😜) et le paysage bascula.

- aie !

Je tombai, ma tête atteri sur les genoux d'Orlan et je voyais maintenant le ciel.

- t'en a pas marre de tomber ?

- T'EN À PAS MARRE D'ETRE SARCASTIQUE ?!!

- t'es pas obligé de crier tu sais.

- JTE BOUDE !

- tu boude souvent non ?

- tais toi ! En plus t'as mal récité ta poésie !

- ça fait toujours plaisir.

Pendant un long moment je me contentai de regarder les nuages pour me calmer. Ils avaient de drôles de formes, j'allai le faire remarquer à Orlan mais il ne pouvait pas les voir... Je ne voulais pas le blesser. C'est dingue comment de simples choses pouvaient être impossible à cause de ça. Juste regarder des nuages c'était impossible... J'avais de la peine. Il ne pouvait plus rien voir du tout. Rien du tout, y compris...

- Orla-chou ?

- oui ?

- du coup tu sais pas à quoi je ressemble ?

- bah nan.

J'y avais jamais pensé. Il ne connaissait que ma voix et mon caractère mais mon apparence, il ne l'a connaissais pas. C'était pour cela qu'il ne voulais pas me montrer ses yeux ? Il ne voulais pas être le seul à ne pas connaître totalement l'autre ? Peut être.

- J'te dirais rien !

- ça tombe bien, je veux pas savoir.

Je lève la tête et vois son petit sourire triste qu'il portait au collège.

- ah bon ?

- bah j'ai peur d'être déçu tu comprends. (...) Aie ! Me tape pas c'était un blague !

- sérieusement pourquoi ?

- je sais pas. Ça serait bizarre maintenant de te voir...

- je suis quoi pour toi du coup ?

- Euuuh... Une voix.

On partit dans un fou rire.

AveugleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant