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Exceptionnellement ce chapitre sera du point de vue de Orlan, il y a 4 ans. Je remets le contexte : Orlan est voyant, il a 10 ans et demie et il n'est ni orphelin ni harcelé. En bref il a une vie normale.

Tout ce que j'entendais, c'était les battements de mon cœurs. Tout ce que je voyais, c'était les étoiles fluorescentes collés au plafond. Ma vision se floutait puis revenait à la normale sous l'effet de la fatigue.
J'essayai d'être calme, il était tard je devais dormir. Mais je n'y arrivait pas : qu'y avait-il d'étonnant ? Un grand bruit retentit faisant trembler toute ma chambre. Je me recroquevillais contre moi même et me cacha sous ma couverture. Je ne voulais plus rien entendre.

Je me concentrais sur les battements de mon cœur de plus en plus rapides. Le temps passa lentement. Les cris cessèrent. Je me relevai presque timidement et me tourna vers la porte de ma chambre close. Je fermai les yeux en tentant d'oublier mon angoisse.

Le bruit d'une poignée qu'on abaisse me fit sursauter. Pendant quelque seconde je paniquai, persuadé que ma mère entrait. Mais non, c'était mamie. Rassuré je me redressai.

- Tu es réveillé ?, Dit-elle avec dépit.

- oui.

- tu ne devrais pas écouter cela.

Comme si j'étais un patient malade, elle s'assit au coin de mon lit. Son parfum envahit la chambre.

- ta mère t'aime tu sais.

- elle est juste trop jeune, completai-je habitué à son discours.

- tu ne peux pas comprendre. Mais je te promets qu'elle t'aime. Tu n'as pas à lui en vouloir.

Je trouvais cette idée absurde. Jamais je n'en voudrais à qui que ce soit. Maman n'avait rien fait.

- je ne lui en veux pas.

Dans la semi obscurité je vis le sourire de mamie se dessiner sur ses lèvres.

- bien sûr que tu ne lui en veux pas. Faudrait que tu dormes.

Un long silence s'ensuivit. Mais quelques pensées noirs restaient dans ma tête : des paroles ou des actes.

- j'arrive pas.

- demain tu vas voir ton amie à l'école ?

- oui !

- elle est très gentille cette demoiselle. Tu as des évaluations demain ?

- oui, en anglais.

Je Tournai entièrement mon corps vers mamie.

- ça va alors. Tu vas avoir une bonne note.

Mais maman ne sera pas fière de moi. Je ne pus m'empêcher de penser cela. Mon moral baissa mais je ne voulais pas pleurer. Mamie détestait me voir pleurer.

- elle s'appelle comment déjà ton amie ? J'ai oubliée.

- Zéphyr !

- ah oui. Je n'ai aucune mémoire désolée. C'est ta meilleure amie ?

- je n'en ai pas vraiment d'autres alors oui, dis-je ironiquement.

- c'est une bonne amie Zéphyr. Je suis sure qu'elle ne t'abandonnera jamais.

Au bout d'un moment, grâce à l'ambiance calme qui régnait dorénavant dans la maison, je finis par m'endormir paisiblement.

***

Un bruit me réveilla. Une sorte de crépitement. Épuisé j'ouvris les yeux en me relevant doucement.

Une mer. Non. Un océan de flamme m'entourait. La panique et l'adrénaline me gagnèrent d'un seul coup. Je me levais et fit un pas sur le sol froid de ma chambre. Mais rapidement je compris le problème : je n'avais aucune moyen de m'échapper, les flammes étaient partout. Pas de fenêtre comme dans les films, non rien. Juste le feu devant moi.

- a-au secours !

Je ne savais pas où étaient maman, papa ou mamie. Mais je ne les entendais pas. La porte de ma chambre resta fermée. Il n'y avait que moi, le feu, et le risque de mort.

Quel effet cela faisait-il d'être en danger de mort ? Tout ce que je puis dire c'est qu'il s'agit de la pire sensation que j'eus ressenti. Le stress, les battements de mon cœurs, ma respiration, tout s'accélérait. Mais aussi la solitude, je me sentais terriblement seul. Jamais je n'avais été aussi seul face à mon destin.

D'un pas peu assuré je reculai, mais les flammes elles avançaient ravageaient tout. Mes meubles, mon bureau, mes souvenirs, tout s'envolaient dans les jolies voûtes de fumée qui montaient au plafond. Le feu attaqua mon lit, tout allait bientôt se terminer. Je n'avais jamais été aussi proche du danger.

Les flammes m'effleuraient. J'avais mal, horriblement mal. Ma bouche était ouverte mais aucun son n'en sortait. Ou alors je ne l'entendais pas. J'avais du mal à respirer normalement, et ce que je respirais n'avait rien de bon. Au contraire il me brûlait la gorge autant que mon corps par le feu ardent.

Du rouge, je ne voyais que du rouge partout. De plus en plus près de moi, de mes yeux. Tout se bouchait. J'étais face à un rouge plus sombre, la couleur du sang. Une douleur aiguë frappa mon visage. Mon corps se cambra. Pendant les quelques secondes précédant mon évanouissement, je ne ressentais que de la douleur et les dernières images des flammes qui me traumatisèrent à vie.

AveugleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant