J'avais mal partout. Tout mon corps était endolori et même ma colonne vertébrale provoquait des spasmes.- Orlan ?, Fit une voix familière.
Je fronçais légèrement les sourcils. Je me rappelais très bien de l'incendie, alors on m'avait sauvé. J'avais échappé à la mort. J'ouvris les yeux ne tenant pas compte de la douleur que ce geste provoquait. Mais la pièce autour de moi ne semblait pas être allumé car je ne vis que du noir ténébreux.
- maman ?
- mon chérie, je suis désolée.
J'entendais des sanglots dans sa voix. Mon cœur se serra un peu.
- il s'est passé quoi ?
- un incendie. J'aurais du te protéger je suis une mauvaise mère.
J'entendais ses pleurs de plus en plus forts. Meme si l'envie me prenait je n'allais pas pleurer.
- pourquoi ?
- l'incendie s'est déclenché tout seul. Il n'a été grave que dans ta chambre. Personne n'a rien sauf toi, dit elle en sanglotant toujours.
Quelque chose se posa sur ma tête et me caressa les cheveux. J'en déduis que c'était ma mère. J'essayai de me relever mais une douleur fulgurante me cloua au lit.
- ne bouge pas, tu vas te blesser, dit-elle doucement.
C'était étrange de constater que ma mère était aussi gentille et attentionnée avec moi. Cela n'arrivait jamais. J'aurais aimé voir son visage mais seules les images du feu tournaient dans ma tête. J'aurais aimé voir autre chose pour pouvoir les chasser.
- On est où ?
- à l'hôpital, tu es gravement blessé.
- Pourquoi t'allumes pas la lumière ?
Un long silence pesant s'ensuivit. La main de ma mère encore dans mes cheveux se crispa me les tirant légèrement. Je Tournai la tête pour essayer d'apercevoir quelque chose, mais l'obscurité était trop dense.
- maman ?
- Tu... Es devenu...
Sentant sa main vibrer, je la pris à tâtons et l'ota de mes cheveux pour la tenir à côté de moi. Pris d'une crise d'angoisse mon cœur se mit à battre beaucoup plus vite. Comme si toute ma vie allait se jouer ici.
- aveugle. Tes yeux ont été exposés à une lumière trop forte pour eux.
Tout tomba d'un coup. Je ne comprenais pas encore toutes les conséquences. Mais je savais que cela allait être terrible.
- mais.
Je ne savais pas quoi dire. J'ecarquillai les yeux pour voir. Mais c'était noir. Il n'y avait que du noir. Petit à petit, je pris conscience que ma vie ne sera jamais plus comme avant. J'étais étonné de la rapidité du changement, il y a à peine quelques heures j'étais dans mon lit à discuter avec mamie et maintenant...
- désolée. Désolée, répétais maman.
Je n'allais plus jamais rien voir pour toujours. Pour tout le restant de ma vie. Une sorte de peur que je n'avais encore jamais connu s'empara de moi. Même la voix de maman me semblait de plus en plus lointaine.
Pourtant j'arrivais encore à voir des images dans ma tête. Du rouge, les flammes. En à peine deux secondes tout s'accéléra.
- calme toi ! Orlan !
Mon corps me refaisais souffrir. Je ne remarquais même pas que j'étais en train de hurler. Quelque chose coulait sur mes joues. Est ce que je pleurais ? Puis je sentis les bras de ma mère autours de moi.