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J'avais mal, mal au cœur de manière physique. La douleur était devenue si réelle que mon cœur me faisait vraiment mal. Comme si on le déchiquettait ou qu'on le brûlait. J'avais envie de vomir, de crier, de pleurer. Mais je ne faisais rien.

Allongé calmement sur mon lit, je regrettait l'époque des nuits blanches ou je pouvais encore fixer les étoiles au plafond de ma chambre. Ou j'avais mes parents en vie. Ou j'avais une perspective d'avenir.

Les paroles de ma mère résonnait en boucle dans ma tête. Toutes les émotions que j'aurais dû ressentir ces derniers temps se déversaient en moi maintenant. j'avais mal. La douleur était insupportable.

- Ça va Orlan ?

Je n'avais pas entendu la porte de ma chambre s'ouvrir. La voix de ma grand mère me parvenait lointaine.

- cette après midi tu voudras aller au parc pour voir Zéphyr ? Cela fait longtemps.

J'hochai la tête sans répondre. Mamie posa une main apaisante sur mon bras. Je me Tournai instinctivement vers celle ci.

- il faut que je te dise un truc.

Le ton de mamie était grave. Je n'étais pas sur d'être prêt à apprendre encore une fois une mauvaise nouvelle.

- oui ?

- comme tu es devenu orphelin, ta garde a été décidé par tes parents qui avaient déjà tout préparé. Ta tante va venir vivre ici. C'est elle qui va s'occuper de toi.

- mais et toi ?

- je vais retourner chez moi à Nantes. Ce n'est pas si loin tu sais. Je viendrais passer pleins de Weekend ici ne t'en fais pas.

J'avais pensé que j'allais vivre avec mamie. Cette pensée me paraissait si evidente que je n'y avais jamais serieusement réfléchie.

- je vais devoir partir dans 3 jours. Ne t'en fais pas tout ira bien.

En une fraction de seconde mon cœur me fit si mal que je faillis crier de douleur. Je me retournai dans mon lit, mis ma tête sur mon oreiller et le serra dans mes bras. Je savais que je pleurais et je sentais mon corps trembler. La main me mamie se posa sur mon dos.

- je suis désolée.

***

Comme prévu on sortit. J'avais peur de reparler à Zéphyr après ça. Je ne savais pas comment elle avait réagit. Car dans la petite ville où nous habitions, tout le monde était déjà au courant.

- Zéphyr est là, dit joyeusement mamie.

- Salut Orlan !

Effectivement c'était bien la voix de Zéphyr. Une main plus froide que celle de mamie m'attrapa.

- viens, on va discuter.

Sa voix était joyeuse à elle aussi. J'étais un peu rassuré, je la suivis en faisant attention à mes jambes.

- Orlan, dit elle plus sombre, je ne veux plus être ton amie.

- quoi ?

- ça ne sert à rien de venir ici. Tu as tué tes parents ! Plus personne ne voudra de toi. En plus tu es aveugle maintenant.

Elle ne blaguait pas.

- j'ai pas tué mes parents.

- ils sont morts par ta faute. Tu les as poussés à mourir.

C'était tout ce que je me souvenais de la conversation. Par principe je n'avais rien dit à mamie : autant ne pas l'inquiéter. En plus si elle partait dans 3 jours cela ne servait à rien.

J'avais peur de ce que j'allais vivre au collège maintenant. Malgré les nombreuses protestations de mamie, Sonia (ma tante) avait décidé que je ne bougerait pas de mon collège actuel. Personnellement je m'en fichais. Aller dans un collège pour aveugle ou ici cela ne changerait rien.

***

Cela fait 4 ans que j'allais tout les jours au collège. Cela faisait 3 ans que ma grand mère était morte de vieillesse. Et cela faisait 2 ans que j'avais arreter de pleurer.

Au collège on m'insultait, on me frappait, on me détestait. Mais qu'y faire ? J'avais déjà essayé de prévenir des gens, de me sortir de la. Mais rien à faire. Je leur faisais croire que cela ne me faisait plus rien comme si j'étais indifférent. Mais même avec ces 4 ans passés plus Sigrid, rien ne reparaît mon cœur.

À la maison Sonia était là sans être là. Elle me faisait à manger, m'offrait des trucs à mon anniversaire. Point. Ce n'était pas une deuxième mère. C'était quelqu'un qui s'occupait de moi : que j'ai à manger et un toit ou dormir.

Je culpabilisais d'être aveugle, d'avoir tué mes parents, tout le monde disait que c'était ma faute. Mais je savais que tout était involontaire, un coup du destin. Évidement que j'en avais marre de cette vie. Mais je pourrais en avoir des pires. Et puis j'ai Sigrid.

Sigrid me faisait penser à la Zephyr d'avant. Mais Zéphyr à bien changer. Son amitié me manquait. J'étais sur que nous serions restés amis longtemps si cet incendie ne s'était jamais déclanché. Enfin maintenant c'est trop tard. Plus jamais je n'aurais de parents, plus jamais je ne verrais. Tout est trop tard.

AveugleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant