Retour à SigridJe le regardai atterrée. J'attendais qu'il rajoute quelque chose. Qu'il me dise la fin heureuse de l'histoire. Même si je savais que cette fin heureuse n'existait pas.
- voilà, dit-il en brisant le silence.
Qu'est ce que je pouvais dire ? Du début à la fin l'histoire était horrible. Mais plusieurs choses s'eclairaient comme sa peur du feu par exemple.
- Orlan...
Il fallait que je fasse quelque chose maintenant. Il ne m'avait pas simplement raconter quelque chose. Il avait fait un appel à l'aide. Une nouvelle motivation naissait en moi : il fallait que sa situation au collège cesse pour commencer. Je devais faire en sorte que Zéphyr et les autres lui foutent la paix.
- Je te promets que je vais faire quelque chose.
Il sourit sincèrement. Il devait être rassuré d'avoir réussi à tout m'avouer.
- Elle est où ta grand mère ?
- morte de vieillesse.
Je sentais les larmes affluer sur mes joues. Il souffrait vraiment. Il paraissait toujours indifférent aux critiques au collège c'était pour cela que je m'étais toujours inquiétée sans trop m'inquiéter. Mais maintenant que je savais ce qu'il ressentait, cela m'était insupportable.
- Sigrid, je veux rentrer à la maison.
- mais et...
- je veux pas rester à l'hôpital !
Je pouvais le comprendre. Moi aussi à sa place j'aurais détesté l'hôpital.
- on va essayer. On va rentrer le plus vite possible d'accord ?
Il hocha la tête.
***
Enfin à la maison, après beaucoup de trucs plus ennuyeux les uns que les autres, je guidais Orlan à sa chambre. Il était bien sûr blessé mais cela n'était que superficielle. Alors on l'avait laissé rentrer.
- au fait, ta tante voulait savoir si tu avais besoin qu'elle revienne ici et qu'elle arrête son stage ?
- non, c'est pas la peine.
J'avais l'impression de voir le Orlan qui existait il y a quelques années. Il n'était pas dans son etat normal : sûrement un trop plein de souvenirs.
- Tu devrais te reposer, tu es encore faible.
Je l'emmenais de force à son lit.
- d'accord ?
- ok si tu veux.
Il ne souriait pas. Cela m'enervait de ne pas le voir sourire. Il souriait environ 99% du temps habituellement. Il s'allongea sur son lit.
- tu as pas trop mal ?
Je regardai avec inquiétude ses quelques bandages.
- non, pas du tout.
Avec soulagement je vis un sourire se dessiner sur son visage. Moi même je me mis à sourire de toutes mes dents ressentant une bouffée de bonheur. Pendant quelques secondes je le regardai puis je me rendis compte qu'il fallait que je parte.
- euh bah bonne nuit !, Dis-je avec précipitation.
Je reculai et partis de la chambre après avoir entendu son "bonne nuit". Syria était dans le canapé, elle se leva rapidement.
- alors vous vous êtes raconté quoi à l'hôpital ? Vous avez discuté longtemps !
- il m'a raconté... La mort de ses parents et aussi comment il est devenu aveugle mais...
- tu dois rien me dire je sais.
En principe il ne m'avait pas interdit de raconter quoi que cela soit mais je ne le ferais pas.
- et toi ça va ?
- bah oui.
- je veux dire... C'est ton ami. Tu es pas trop triste pour lui ?
Je baissai les yeux. J'étais vraiment triste pour lui, mais cela n'était pas à moi d'etre faible en ce moment. au contraire je devais l'aider et commencer par parler à Zéphyr.
- si mais ne t'en fais pas. Maintenant je sais ce que je dois faire !
- c'est bien.
Je souris, le téléphone de Syria sonna. Elle devait encore régler des choses pour ce qu'il s'était passé avec Orlan, mais elle gerait très bien. Malgré son côté légèrement immature elle était très organisée et faisait bien son travail.
Je me comparais rarement à Syria. Mais je reconnaissais qu'elle avait un courage que je n'ai jamais eu. Elle, elle savait prendre ses responsabilités. Je ne pouvais plus rester dans rester dans l'ombre, il était temps que j'agisse pour Orlan. Il m'avait fait confiance en me racontant toute son histoire. Il fallait que je me montre digne de cette confiance.
"À la rentrée je parlerai à Zéphyr", me promis-je.