La Lionne dans les crochets du Serpent - LDH 1

Chapitre 3

Aethra passa les jours suivants à errer entre la bibliothèque, en quête de sorts anciens et puissants, et en lisière de la Forêt Interdite pour s'exercer. Près d'une rivière qui se jette dans le lac de Poudlard, elle s'entraînait à l'abri des regards. Elle redoublait d'efforts pour gagner en rapidité, en précision et en puissance. Elle excellait déjà pour les deux premiers domaines.

Quand elle ne s'entraînait pas, elle épiait les faits et gestes de Tom et de ses amis. Elle ne les lâcherait pas. Et le constat était désolant : sa bande de Serpentard passait son temps à brutaliser les élèves de première et de deuxième année. Tom avait beau n'être qu'en cinquième année, il enrôlait dans son entourage les élèves de dix-sept ans. Et pas uniquement des étudiants de sa maison. Depuis deux jours, Aethra voyait un Serdaigle et un autre de Poufsouffle traîner avec eux. Cela l'étonna. Que leur avait donc promis le préfet de Serpentard ?

Trois jours avant le début des vacances d'été, alors que les températures du mois de juin devenaient caniculaires, Aethra décida d'aller se tremper les pieds dans le lac, non loin d'une petite crique sauvage appréciée des élèves de l'école. Quand elle y arriva, un groupe mêlant des Gryffondor et des Poufsouffle se trouvait déjà là.

Et un peu plus loin, à l'ombre d'un rocher, Tom Jedusor lisait un livre à la reluire de cuir noir.

Aethra décida de ne pas s'occuper de lui et alla s'asseoir près de la rive, où elle ôta ses chaussures et savoura la fraicheur de l'eau. Tandis qu'elle laissait la bise caresser son visage et soulever ses cheveux, son regard se perdit sur l'horizon.

Plus que deux ans d'étude, et elle pourrait devenir une Auror.

Son rêve de toujours.

Son frère aîné l'était, son oncle aussi et avant elle, son grand-père et son arrière-grand-mère. Les descendants de Gryffondor étaient réputés pour leur puissance et leur habileté lors des duels, qualités précieuses quand on luttait contre des mages noirs.

Aethra se tira de sa torpeur en sentant une présence non loin d'elle.

Elle tourna la tête et constata que Tom Jedusor était planté à deux mètres derrière elle, sur la berge.

Il la dévisagea avant de lui lancer froidement :

— Tu ne m'espionnes pas, aujourd'hui ?

Aethra tâcha de rester de marbre, de ne pas pâlir. Elle déglutit en pensant qu'il savait. Il savait qu'elle l'épiait.

— Tu n'es pas très discrète, se moqua Tom. Ce n'est pas une qualité chez les descendants de Godric Gryffondor, je suppose.

La jeune fille ignorait comment réagir : être en opposition contre lui ? Nier en bloc ? Jouer la carte de l'humour ? Elle ne pouvait prédire les réactions de l'héritier de Serpentard.

Enfin, elle sourit, se releva et dressa les mains.

— Tu as raison : je ne suis pas prête d'entrer dans la brigade d'espionnage des Aurors du ministère !

— Parce que tu comptes devenir Auror ? demanda-t-il en haussant un sourcil.

Aethra n'aimait pas quand il faisait cela : ce tic montrait son arrogance et sa supériorité. Il agissait ainsi quand il voulait avoir le dessus.

— Oui.

— Quel gâchis ! cracha-t-il. Moi aussi, je t'ai surveillée, ces jours-ci. Plus discrètement que toi, visiblement – ajouta-t-il en voyant la stupeur qui peignit le visage d'Aethra. Et je remarque que tu es vraiment douée. Tu es de noble sang, de noble lignée, et tu es très puissante. Réfléchis à ton avenir. Je peux t'offrir ce que le Bureau des Aurors ne te permettra jamais d'avoir.

— Je n'ai pas envie de rejoindre ta bande d'amis bizarres. Vous passez votre temps à traumatiser les jeunes élèves ! Tu es préfet, Tom, tu ne devrais pas les laisser faire !

Tom ricana nerveusement.

— Ils font ce que je leur ordonne de faire. Et ce sera ton tour, un jour.

Aethra décida de ne plus l'écouter. Elle récupéra ses affaires, enfila ses chaussures et marcha d'un pas vif. Elle eut juste le temps de voir le sourire ravi sur le visage de Tom.

Ce sourire ne la laissa pas indifférente, mais au fond d'elle-même, elle savait qu'il n'augurait rien de bon.

Elle eut rapidement l'occasion de se remettre de ses émotions : son frère arriva vers elle en courant et lui remit une lettre.

— Le prof de Défense contre les Forces du Mal veut te voir, sœurette !

Il lui sourit puis jeta un œil derrière elle. En voyant Tom Jedusor, il perdit son sourire et détala le plus vite possible. Aethra eut le réflexe de cacher la lettre dans sa cape. L'instant d'après, elle vit que Ton était à sa hauteur, juste sur sa gauche.

— Que te veux Dumbledore ? questionna-t-il.

Son ton de voix était légèrement tendu. Il ne s'attendait pas à ce que la jeune fille reçoive une missive du directeur.

— Cela ne te regarde pas, Tom, lui répondit-elle sans le regarder.

Elle se mit en marche.

Sans prévenir, le préfet de Serpentard se saisit d'elle par le bras gauche et lui bloqua le passage en la menaçant de sa baguette. Par pur réflexe, Aethra tira sa propre baguette et une gerbe d'étincelles dorées en jaillit. Cela eut pour effet de repousser Tom de deux mètres. Le sort aurait dû être plus puissant, mais le jeune homme l'avait bloqué.

Une lumière rouge sortit de la baguette de Tom et fusa en direction de la Gryffondor. Celle-ci recula d'un pas et clama :

— Protego !

Un bouclier argenté se créa devant elle et absorba le sortilège. Puis elle lança sa contre-attaque, par un sort de Désarmement, qu'elle pensa.

Tom serra les doigts sur sa baguette, qui ne lui échappa pas. Aethra le vit froncer les sourcils, contrarié.

Ils échangèrent encore quelques maléfices, avant de s'immobiliser, l'un en face de l'autre, le souffle court.

Enfin, Tom étira ses lèvres en un sourire satisfait :

— Tu es prodigieuse... Utiliser des Sort Informulés en Cinquième Année. Je pensais être le seul à le pouvoir.

Il abaissa sa baguette et s'approcha d'elle à pas lents. Par mesure de précaution, Aethra garda la sienne levée. Ce fut Tom qui la lui fit baisser, en posant sa main dessus. Tout en douceur.

— Toi et moi, nous pouvons changer le monde. Nous sommes les deux meilleurs élèves de l'école. Et maintenant, j'en suis sûr, nous sommes les deux sorciers les plus puissants de notre génération. Mais il y a une petite différence entre nous : moi, je connais davantage de choses que toi. Laisse-moi te les apprendre.

Aethra décida de ne pas lui répondre. Elle l'ignora avec superbe et le planta là. Pour de bon, cette fois.

Elle marcha en direction du château et s'éclipsa dans un endroit reculé pour sortir la lettre et la lire.

« Aethra.

Rejoins-moi dans mon bureau ce soir à 20H. Veille à ne pas être suivie. Surtout pas par certains de tes camarades.

Albus Dumbledore. »

Aethra fronça les sourcils, intriguée. Elle jeta un œil autour d'elle, tira sa baguette de sa poche, frappa le papier d'un geste sec et murmura :

— Incendio !

Le papier brûla et ses cendres se dispersèrent dans le vent.