Londres, novembre 1950.
Une silhouette encapuchonnée se faufilait en toute hâte entre les maisons sombres et serrées de l'Allée des Embrumes. Elle jetait de fréquents coups d'œil derrière elle, comme pour s'assurer que nul ne la suivait. Autour d'elle, les ténèbres régnaient sur les lieux et la pluie tombait à verse. Un épais rideau cristallin brouillait la vision des rares sorciers qui s'aventuraient dehors par un temps pareil.
La silhouette bifurqua à droite et pressa le pas. Elle tenait dans sa main crispée une fine baguette magique en bois noir. Parvenue à la faible lueur d'un chandelier, elle s'immobilisa. Des voix graves se faisaient entendre dans la rue, un peu plus haut. Elle se glissa dans l'ombre de la ruelle la plus proche et attendit sous le perron enténébré d'une habitation.
Deux hommes passaient non loin d'elle, discutant à voix basse. Il ne fallait pas qu'ils la voient... Personne ne devait savoir qu'elle était là. Encore moins sa hiérarchie. C'est vrai, après tout : que venait faire une Auror d'élite dans un endroit aussi mal famé et mal vu ?
Mais elle n'avait pas le choix. Elle devait à tout prix parler à quelqu'un.
Les deux sorciers s'étaient éloignés, désormais.
La silhouette pouvait reprendre sa route.
Sa destination lui apparut rapidement, au détour d'une énième ruelle. Il s'agissait d'une demeure exigüe comprenant un étage. Un heurtoir représentant un serpent se mordant la queue ornait la porte de bois qui marquait l'entrée.
L'Auror s'arrêta devant la porte et ôta sa capuche détrempée, dévoilant les traits d'une jeune femme aux longs cheveux bruns. Sa robe de sorcière était de couleur sombre, tirant légèrement sur le pourpre. Elle portait également un pantalon en cuir et de hautes bottes noires, ainsi qu'une tunique d'un rouge plus vif.
Après avoir pris une profonde inspiration, elle leva la main, se saisit du heurtoir et le cogna contre la porte. Elle répéta son geste trois fois et attendit patiemment.
Sauf qu'elle n'avait pas le temps.
Son absence au bureau des Aurors finirait par se faire remarquer. Et elle savait que certains de ses collègues ne mettraient pas longtemps avant de la retrouver ici. Elle avait beau être la plus puissante sorcière du bureau, elle demeurait loin derrière son collègue Rupert Evans, un Auror spécialiste des énigmes et enquêtes en tout genre.
Lassée de n'avoir aucune réponse, elle frappa avec le poing et cria :
— Tom ! Ouvre-moi ! Je sais que tu es là ! Tom !
Elle baissa les yeux et, visant la serrure, dressa sa baguette et souffla :
— Alohomora !
Une légère lueur jaillit du bout de la baguette, fit frémir la serrure mais ne la déverrouilla pas. Elle pesta. Elle savait très bien que la personne qu'elle venait voir était au moins aussi puissante qu'elle... Si ce n'était bien plus.
Si ce n'était bien plus...
Ces mots la firent frissonner de peur. Avait-elle bien fait de venir rendre visite à Tom ? Comment son ancien camarade de Poudlard allait-il réagir en la voyant devant sa porte ? Avait-il tellement changé au point de ne pas la reconnaître ? Ou pire... de la considérer comme une ennemie ?
Et la question dont elle désirait plus que tout connaître la réponse : était-il vraiment le responsable de toutes ces disparitions et de tous ces meurtres, qui ensanglantaient le monde des sorciers ?
La jeune femme recula, descendit les trois marches et cria de nouveau :
— Tom ! Je dois te parler ! Je...
Elle ne termina pas sa phrase en entendant le bruit familier du transplanage. Un sorcier venait d'arriver.
Elle fit volte-face, dressa sa baguette et vit trois personnes.
Des Aurors.
Ceux qu'elle n'appréciait guère.
— Eh bien, que fais-tu là, Aethra ?
— Mêlez-vous de vos affaires ! répliqua-t-elle sèchement.
— Ce que tu fais n'a pas été autorisé par le bureau, donc ça nous regarde. Nous sommes là pour t'empêcher de faire une grosse bêtise...
— Je ne fais aucune bêtise ! Je viens faire mon boulot !
— Bien sûr ! persiffla le plus petit des trois. Et le livre de magie noire qui se trouve dans ta bibliothèque, c'est aussi ton boulot ?
— Que... Comment ? bredouilla-t-elle en fronçant les sourcils.
Aethra connaissait par cœur le contenu de sa bibliothèque et savait très bien qu'il n'y avait aucun ouvrage de ce genre-là chez elle. Son collègue lui mentait. Il cherchait à la déstabiliser.
— Je ne lis pas ça, dit-elle simplement.
— Gale, montre-lui donc ce que nous venons de trouver dans son appartement !
Le plus grand des trois sortit un livre à la reliure noire d'un sac en tissu. Il le montra à la lumière du réverbère et Aethra vit effectivement qu'il s'agissait d'un document au thème peu légal.
L'avaient-ils vraiment trouvé chez elle ? Si oui, de quel droit avaient-ils fouillé sa demeure ? Et si oui, qui avait bien pu déposer cela ?
— Arrêtez ce cirque ! cracha-t-elle, agacée. Vous...
Aethra ne termina pas sa phrase qu'un éclair vert illumina la rue de toute part. Même les recoins les plus dans la pénombre furent irradiés par cette éblouissante lumière émeraude.
Quand elle se dissipa, les trois Aurors étaient étendus sur le sol mouillé, dans des postures grotesques, morts.
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La Lionne dans les crochets du Serpent - LDH 1
FanfictionAethra est la descendante et l'héritière de Godric Gryffondor. Tom Elvis Jedusor est le descendant et l'héritier de Salazar Serpentard. A Poudlard, ils sont les deux meilleurs élèves, les deux sorciers les plus talentueux. Tandis que l'un glissera...