Chapitre 10

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Un léger vent frais soufflait sur Poudlard, ce mardi soir pour la première nuit de garde d'Aethra. Debout devant les portes du château, elle attendait Tom, qui n'était pas à l'heure. Elle consulta sa montre. 21h07. Ils étaient censés commencer à patrouiller à 21h, selon les consignes données par les Préfets-en-Chef.

Enfin, elle le vit arriver par un chemin sur la droite. Elle marcha vers lui à pas vifs.

— Où étais-tu ? La ponctualité ne semble pas être l'une de tes qualités !

Tom sourit.

— Tu comptes me faire la morale dès le premier soir ?

— Non, je sais que ça ne sert à rien avec toi.

— Au moins, tu apprends vite. C'est étonnant, pour une Gryffondor : vous n'êtes pas réputé pour votre intelligence ni pour votre vivacité.

Aethra préféra ne pas relever. Elle se laissa guider par Tom, qui avait visiblement décidé de commencer la patrouille par les extérieurs du château.

Ils arpentèrent donc la pelouse en silence et se dirigèrent vers la Forêt Interdite. Ils restèrent à une distance respectable de l'orée des bois, d'où émanaient de temps en temps des hurlements lugubres.

— Pourquoi tu veux commencer par-là ? demanda Aethra.

— C'est évident, non ? Les sorciers qui veulent s'en prendre à Poudlard se tapissent sûrement dans les ténèbres de la forêt.

Oui, c'était évident. Il avait raison.

Tom tira sa baguette de sa cape et s'avança d'un pas déterminé vers la lisière de la sylve.

— Que fais-tu ? questionna Aethra, surprise.

— Je ne compte pas attendre que les ennemis viennent à nous. Je vais aller les chercher et les neutraliser moi-même.

— Ce plan n'est pas digne d'un Serpentard, murmura Aethra. Et encore moins venant de son descendant.

— Certes, cela peut te paraître étrange. Mais tu crois que je vais foncer tête baissée dans la forêt comme un Gryffondor ? Non.

— C'est quoi ton plan, dans ce cas ?

Aethra eut la réponse à sa question avant même que Tom ne lui dévoile ses projets : trois élèves de Serpentard, de Sixième ou de Septième année, les rejoignaient depuis le château.

— Que font-ils là ? s'enquit Aethra, méfiante. Nous ne devions n'être que deux... Ils ne sont pas préfets.

— Ils vont couvrir mes arrières.

Tes arrières ? répéta Aethra.

Tom pointa sa baguette sur sa poitrine et prit un air menaçant. Il chuchota froidement :

— Soit tu m'aides, soit tu restes là. Je ne veux pas traîner un boulet à mes côtés. Je sais que tu possèdes un énorme potentiel et se serait dommage de la gâcher. Alors, quelle est ta réponse ? Décide-toi rapidement...

Ses trois derniers mots, prononcés sèchement, ressemblaient à un ordre.

Aethra ne quitta pas Tom des yeux. Une lueur étrangement cruelle dansait dans ses iris bleu sombre. Une lueur rougeâtre.

La jeune femme sortit sa baguette à son tour et décida de l'accompagner. Elle pourrait au moins le surveiller, car elle doutait qu'il veuille se rendre dans la forêt pour pister des ennemis.

— Bon choix, approuva Tom.

Ils se dirigèrent tous les cinq vers la Forêt Interdite. Chaque pas qu'elle faisait remplissait Aethra de doutes : avait-elle raison de rester avec Tom ? Et s'il essayait de l'impliquer dans ses sombres manigances ?

L'héritier de Serpentard aboya des ordres à ses camarades :

— Macnair ! Avery ! Nott ! Sortez vos baguettes et assurez nos arrières ! Personne venant de Poudlard ne doit nous surprendre !

Aethra ouvrit la bouche pour poser une question mais se retint. Elle brûlait d'envie de découvrir ce qu'il préparait mais craignait un sale coup. Elle resterait sur ses gardes.

Ils s'enfoncèrent donc tous les deux dans la Forêt, entre les larges racines et les troncs centenaires.

— Où allons-nous ?

— Régler leur compte à des créatures. Tu n'as pas besoin d'en savoir plus pour le moment.

— Comment veux-tu que je te fasse confiance, Tom ?

— Encore faudrait-il que je veuille que tu me fasses confiance.

— Pourquoi ? Tu ne le souhaites pas ?

Tom ne répondit pas et accéléra le pas. Aethra le suivit, en retrait, troublée par les propos qu'il tenait. Elle avait la curieuse sensation qu'il s'isolait un peu plus chaque jour et que son âme s'assombrissait. En vérité, il lui faisait de la peine car elle aimerait bien l'aider, mais ne savait comment s'y prendre. Il risquait de l'envoyer balader.

Ils arrivèrent dans une clairière où la lumière de la lune éclairait une pierre gravée d'étranges symboles. Des runes. Mais Aethra jurait de ne jamais les avoir étudiées en classe.

Tom s'arrêta devant la pierre plate.

— D'après ma source, c'est ici.

Aethra ne lui demanda même pas de quelle source il parlait. Quant à ce qu'il y avait ici, elle allait sûrement rapidement le voir.

Tom pointa sa baguette vers la pierre et prononça une formule qu'elle ne connaissait pas. Aussitôt, la pierre s'illumina et glissa vers la droite, dévoilant une petite cache dans laquelle il y avait des parchemins et un livre en cuir à la reliure grenat.

Tom utilisa un sortilège d'Attraction pour attirer à lui les documents dans la cache et s'en saisit adroitement. Il rangea les parchemins dans la poche intérieure de sa robe et observa longuement le livre.

— Je peux savoir ce que tu magouilles ? osa demander Aethra.

En guise de réponse, Tom pointa sa baguette sur elle et prononça un sort qui immobilisa la jeune femme. Dépitée, elle étouffa un juron.

Tom s'approcha lentement d'elle, le livre toujours entre les mains.

— Je sais que tu vas voir régulièrement Dumbledore, cette année. Je ne sais pas de quoi vous parlez, mais comme je suis loin d'être idiot, je peux le deviner.

Il fit encore un pas vers Aethra, si bien que leurs visages se touchaient presque. La jeune femme osait à peine respirer.

— Je sais que je suis le sujet de vos discussions.

— Dumbledore s'occupe de Grindelwald. On n'a pas le temps de parler de toi : cesse de croire que tu es le centre du monde, Tom. Tu...

— Ne me fais pas rire ! répliqua sèchement Jedusor. Dumbledore a demandé à Norbert Dragonneau, un ancien élève de Poudlard, de s'occuper de Grindelwald. Cela lui laisse le champ libre pour étudier un autre sujet qui le préoccupe... tu ne crois pas ?

Aethra retint son souffle : il savait. Il savait tout. Par quel miracle ?

— Dumbledore est inquiet pour toi, Tom.

Tom, surpris, leva un sourcil. Puis il sourit froidement et déclara :

— Je ne suis pas de ton avis.

Sur ce, il s'éloigna de trois pas.

— Je vais te poser une question, et une seule : es-tu mon alliée ou mon ennemie ?  

La Lionne dans les crochets du Serpent - LDH 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant