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/Quelques phrases du chap précédent #39~

Au loin, je percevais des cris, ceux de Yael. Puis des pas vers moi. Des ombres. On me porta et puis ce fut le noir. Tout était allé trop vite. Encore une fois.



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La semaine avait été rapide pour moi. J'avais dormi presque tous les jours. Ma crise avait été particulièrement forte, je ne pouvais pas me lever.

Kyron avait pris bien soin de moi. Il m'avait prescris les médicaments que je prenais avant, chez moi, et dont je n'en avais pas vu la couleur depuis presque 3 mois.

Tout était calme dans ma grande chambre.

Je n'avais pas eu de nouvelles de Yael, depuis. J'avais seulement entendu Nilson discuté avec le médecin il y a deux jours, disant que le jeune homme était encore attaché.








Les paupières closent, je dormais silencieusement. Seulement, je sentais cette présence. Comme à chaque nuit. Il y a quelque chose qui me dérangeait dans mon sommeil.

C'est alors en grimaçant et en me remuant dans mon lit que je sortis de ma sieste.

Le réveil affichait 4 heures du matin. Depuis quelques jours, j'avais l'habitude de me lever à cette heure-ci.

Les muscles encore endoloris, j'abandonnai mon lit pour prendre un gilet. Je remarquai que ma porte était entre-ouverte. Sûrement Nilson ou Kyron. Ils venaient me voir vers minuit pour s'assurer que j'allais bien.

Haussant les épaules, je sortis de ma chambre et montai les quelques marches dans le noir pour arriver dans la salle de bain.

J'allumai une petite lampe et me rinçai le visage. Ma tâche disparaissait un peu plus chaque heure mais restait pourtant encore visible.

Je soupirai et frissonnai. L'idée me vint de lire un peu. Alors je me rendis vers les fauteuils en cuir et choisis un livre sur la cuisine. Mais quand je tendis ma main vers la bibliothèque, je sentis que quelque chose n'allait pas. Ma main trembla et je ne pouvais plus la bouger. Pétrifiée, je déglutis et reculai doucement.

Je percevais quelque chose. Comme si on m'observait à travers la porte blindée de ma chambre. Je tournai mon visage vers celle-ci et attrapa une petite lampe de chevet installée là. La débranchant au passage, je m'avançai avec prudence.

Aucun bruit. Bizarre.

Je fis le code et sortis prudemment. Les couloirs étaient vides et silencieux. Tout le monde semblait dormir.

J'entrepris de marcher tout de même un peu. Je sentais ce regard sur moi. J'en étais sûre.

Je tournai dans le labyrinthe -que j'arrivais à reconnaître à présent-. À chacun de mes passages, certaines des lumières des couloirs s'allumaient automatiquement. Je n'en avais plus peur, maintenant.

Après plusieurs minutes à tourner dans les couloirs, je me détendis. Il n'y avait rien de suspect.

Au moment où j'allais me retourner pour faire marche arrière, je vis une ombre se faufiler dans le couloir dédié aux autres filles qui étaient ici, avec moi. Je serrai les dents et ma poigne se fit plus forte autour du pied de la lampe –dont le fil trainait d'ailleurs parterre-. Posant un pied devant l'autre rapidement, j'arrivais dans le cul de sac sombre. Mais il n'y avait personne. Seulement une des portes ouvertes.

Je fronçai les sourcils. Qui essayait de me faire peur parmi les filles ? Pas Iris, elle est trop fatiguée. Peut-être Alma. Elle ne m'aimait pas vraiment, je crois.

Je me rendis devant la fameuse porte. Une lumière faible en sortait.

Il s'agissait de la chambre de Raphaëlle.

Bizarre, je croyais qu'elle était malade en ce moment... Pourquoi voudrait-elle me faire une frayeur ?

Je poussais la porte et pénétrais dans la chambre de celle-ci. Je ne vis personne. Il y avait seulement la lumière sur son bureau en vrac qui était allumée. La pièce où se trouvait son lit avait aussi la porte ouverte, mais elle était plongée dans le noir.

Je m'avançai vers celle-ci en soupirant.


« Raphaëlle ? Raph, je sais que tu es là. Si tu essaies de me faire peur, ça ne marche pas. Tu devrais dormir, tu es malade. Hein ? Raph, tu m'entends ? »


Mes doigts glissèrent sur l'interrupteur et la lumière éclaira la pièce, ainsi que le corps de Raphaëlle, pendu par le cou. Une corde la tenait fermement, accrochée à la tringle des rideaux.

Ma lampe tomba dans un fracas contre le carrelage de la chambre et j'hurlai d'horreur face à cette scène.

Elle était pendue de dos, la tête penchée sur le côté. La chaise de son bureau était tombée au sol.





Mes cris interpellèrent les autres filles qui sortirent aussitôt de leurs chambres. Quand à moi, j'étais déjà en dehors de la pièce, choquée et en pleurs.

Quelques Rôdeurs m'entendent aussi et vinrent vers nous.

Ensemble, ils découvrirent le corps mort et pendu de la jeune fille.






On la détacha et Kyron la prit dans son laboratoire. Il allait procéder à une autopsie de Raphaëlle dans les plus brefs délais.

Keith me raccompagna avec Shey. J'étais épouvantée par ce que j'avais vu.

On me consolait comme on pouvait. Mais rien ne me calmait. Je me réfugiais sous ma couette, en sanglots, et ne bougeais plus d'un poil.

Les autres filles, tout aussi choquées, furent raccompagnées également dans leurs chambres respectives.

Raphaëlle avait laissé un mot dans ses affaires. Elle s'était suicidée car elle ne supportait plus de vivre ici. Elle savait qu'Iris allait mourir, alors elle préférait partir avant. Elle s'excusait à nous, les autres kidnappées, mais elle ne pouvait plus vivre. Tout était devenu une souffrance et insurmontable pour elle. Elle avait préféré se suspendre à la tringle des rideaux pour en finir.


Ses affaires furent distribuées à Lyna, Alma, Iris et moi. Nous n'avons jamais su ce qu'il était advenu de son corps. Peut-être brûlé, ou même découpé pour Yael.

Sa mort fut un choc pour tout le monde. Même pour certains Rôdeurs. Taleb, qui se montrait plutôt froid avec nous en ce moment, semblait très affecté les jours suivants.

De mon côté, je ne pensais qu'à ça. Raphaëlle était l'une des seules personnes « raisonnables » dans sa tête, ici. Elle était devenue une amie précieuse. Nous avions essayé de nous enfuir ensemble, sans succès. Nous étions devenues très soudées. Et je n'avais rien vu. Je m'en voulais tellement... Mais tellement... Elle me manquait. Vraiment.













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Nouveau chapitre pas très très joyeux... ❤
R.I.P Raphaëlle

LES RÔDEURS, tome un [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant