XXV

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/Quelques phrases du chap précédent #24 ~

« C'est Juan qui lui à enseigner. Avec Ta'. Il a une super précision, c'est dingue d'ailleurs !»

Je ne savais plus quoi dire. Je m'assis plus loin sur le lit, sans le quitter des yeux. J'avais peur. Mais je savais que la suite allait être plus terrible encore.




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« Ensuite... Parlons de... Ah bah tiens, de Juan tant qu'on y est ! »





Le jeune homme se racla la gorge et me fixa avec de petits yeux.






« Juan... C'est l'un des premiers à être venu aux côtés de Nils. Ils étaient potes déjà de base. De lycée, si je me souviens bien.

-Ils se connaissent bien alors... »






Il approuva dun mouvement de tête.







« Juan a toujours été assez solitaire. Nils était l'un de ses seuls amis. Sa vie était plutôt compliquée... Il n'ose pas vraiment parler de son enfance, mais d'après ce que je sais, il na jamais connu son père et sa mère était une femme très sensible. Elle était souvent malade. Ça pouvait aller d'un simple rhume qui pouvait la clouer au lit, à un cancer qui la rendait mourante. Je crois d'ailleurs qu'elle est morte de ça. Et ça a beaucoup affecté Juan, avoua Heryk.

-Elle ne se soignait pas ?, demandais-je.

-Pas les moyens. Ils vivaient dans une vieille cabane sous un pont. »






Un frisson me passe sur le corps. Juan, ce personnage si froid et violent... Il avait vécu tellement de choses terribles... La pauvreté, la misère, la perte de sa mère, le vide paternel...





« Il avait déjà essayé de se tuer.

-Comment ça ? »






Heryk remonta ses manches et passa son doigt sur ses avant-bras.






« La mutilation avec des couteaux rouillés.

-Couteaux rouillés ?

-Des machins qui coupent et qui ont de la rouille, ouais. Bah ils vivaient vraiment dans un truc de SDF quoi. 'Fin bref, tout ça pour dire que la mort de sa mère l'a encore plus renfermé, et lui a forgé le caractère de merde qu'il a aujourd'hui. Et puis, sa passion pour les couteaux la conduit à en faire un manieur hors repère. C'est lui le pro du taillage de veines avec un couteau à beurre. »






Herykler se mit à rire, moi à frissonner encore plus.







« Premier dans sa catégorie.

-Je..., balbutiais-je. Vraiment ?

-Ouais. »





Je déglutis.





« Le cherche pas trop, c'est tout. Tu sais, je vais te dire... Le moment où tu sens qu'il va sortir son couteau pour t'inciser la peau, cours vite et loin. Heureusement, ça arrive pas trop souvent. Ça se sent : quand tu vois son regard changé en une couleur rougeâtre et que ses veines dans son cou apparaissent, c'est qu'il va se jeter sur toi, ricane Heryk.

-Je... C'est pas drôle !

-Ca va... Détends-toi. T'es là pour t'amuser, je te rappelle... »




Je détourne le regard et fixe le sol. Non mais sérieux bordel ! Pourquoi moi ?!

Après un léger flottement, il reprit.





« Juan est quelqu'un de bien, même si ça se voit pas au premier abord. Il faut bien le connaître et savoir comment il est avant de le juger.

-Mouais, frissonnais-je de nouveau.

-Fais pas cette tête.

- Et pourquoi il a rejoint les Rôdeurs ?

-Je t'ai dit qu'il connaissait Nils. Quand il s'est retrouvé sans sa mère, il a volé, il a commis des meurtres. Il a toujours été avec Nilson alors ils ont été les premiers à être dans les Rôdeurs. C'est eux qui ont été les « pères fondateurs » du gang. Et puis, Nils s'est autoproclamé chef car il a réussi à réunir une équipe de talents différents, mais surtout parce que c'est lui qui a eu cette idée de créer les Rôdeurs.

-Pourquoi l'avoir créé ? Et vous pourquoi vous avez accepté ?

-Parce que c'était notre dernière chance. Sans lui, on serait tous ici déjà en prison. Derrière les barreaux, expliqua Herykler. Mais avec Nilson, on a pu s'en sortir.

-S'en sortir ? Vous êtes tous aussi malades les uns que les autres ! Vous enlevez des gens pour faire je ne sais quoi avec et vous... »





Heryk se leva alors de sa chaise et me plaça sa main sur ma bouche, son regard est noir. Bien plus qu'avant.






« Et nous quoi ? Hein ? Nous égorgeons des gens ? Nous les dépeçons ? Nous les tuons ? »





Je ne bougeais plus, paralysée. Je reprenais peur, ça y est. Je sais que c'étaient des tueurs. Tous. Même Heryk.

Celui-ci soupira longuement et se gratta la tête.






« Excuse-moi Elie... Je n'ai pas envie de m'énerver, ni de... Enfin de devenir violent. »





Je ne fis rien. Je le regardais juste, sans faire un seul mouvement. Lui aussi pouvait devenir comme Yael ? Mon dieu... Dans quel endroit suis-je tombée ?






« Nils nous a sorti d'un destin horrible. Certes nous tuons. Certes nous volons. Nous faisons des trucs mals, affreux, monstrueux, tout ce que tu veux. Nous violons la loi. Mais et alors ? On a évité le suicide. On était foutus. Tous foutus. C'est notre sauveur. »






Le téléphone portable d'Herykler sonna. Il décrocha et me laissa dans ma chambre, seule.







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LES RÔDEURS, tome un [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant