-Ca va aller ? Me demande James en plantant son regard dans le mien.
Un frisson électrique me parcourt la colonne vertébrale et je me demande s'il embrasse bien pendant quelques secondes. Je pense que oui, au vu de ses lèvres.
-Oui, ca va aller, merci, lui dis-je en ouvrant la portière.
Je me dirige vers la porte d'entrée sans un regard en arrière et profite de la lumière des phares pour trouver la serrure. Mon téléphone sonne encore ; c'est Grégoire.
J'ouvre la porte nonchalamment et me laisse traîner jusque dans la cuisine. C'est une belle cuisine, avec un îlot central couleur bois clair. Les murs sont gris et de nombreux tableaux décorent les murs. Mon père est designer, c'est pour cela qu'il gagne autant. J'ouvre le frigo, le parcourt des yeux pendant trois bonnes minutes, pour le refermer sans ne rien prendre. Je me fige devant le tiroir à couteau. Le grand couteau à pain ; celui qui retenait mon attention à chaque fois. Je pourrais en finir la, maintenant. Ne plus prendre ces foutus cachets, ne plus avoir ces souvenirs de tout ce sang, de Lily. De ma mère que je hais.
Je dépose le couteau sur le comptoir et pars me faire couler un bain, où j'hésites a rester la tête sous l'eau pour toujours. Ce serait tellement paisible. Je soupire en me rappelant que j'ai promis à ma mère d'aller à la messe avec elle le lendemain. Je sors la tête de l'eau en cherchant l'air bruyamment puis me frotte les yeux, avant de regarder autour de moi ; la grande salle de bains décorée de meuble en bois est vide. Trop vide. Trop silencieuse. Je sors de la baignoire quelques temps après et m'enveloppe dans un peignoir après avoir allumé la musique, que je mets à fond. Les voisins sont venus plusieurs fois se plaindre car quand j'agis comme cela, je ne regarde pas l'heure et dérange tout le quartier. Je chante à tue tête et danse devant mon miroir, me servant de mon déodorant comme micro. Puis, je décide de me raser. Puis, je décide de me couper les pointes. Pourquoi ne pas changer de couleur ? Je suis lassée du rouge. Je me dirige dans ma chambre et décide de la ranger de fond en comble, puis fais un tri dans mes vêtements. Je pourrais les donner demain à l'église. Je note toutes mes idées sur une feuille de papier froissée avant qu'elles ne s'entremêlent et m'échappent, puis enfile mon pyjama. J'ouvre mes boîtes et prend mon mélange de cachet avant d'aller dans mon lit pour ne m'endormir que trois heures après.
*****
-Je vous remercie de nous avoir rejoint aujourd'hui, dit le prêtre.
Je soupire silencieusement. Ma mère semble contente d'être là. Nous avons donné mes anciens vêtements à Emily, qui s'occupe d'une association pour les sans abris. Je pense déjà regretter le tri que j'ai fait hier. Y avais-je mis mon pull rouge ?
-Et merde !
Ma mère me donne un coup de coude et deux personnes se retournent devant nous.
-Désolée, je mens en regardant ma mère droit dans les yeux.
Le prêtre parle encore et encore et la foule récite quelques phrases en brouhaha, puis s'asseoit. Le prêtre aujourd'hui nous parle de la mort, et de la vie qu'il faut mener pour que le chemin que notre âme accomplit à la fin de celle-ci soit paisible.
Je soupire bruyamment.
-Tu as un problème, Rose ? Me demande ma mère.
-Il dit n'importe quoi.
-Il ne dit pas n'importe quoi, c'est un prêtre. Sois plus respectueuse.
-Et donc ? Juste parce que c'est un prêtre tu vas l'écouter s'il te dit de sauter d'un pont ? Lui dis-je en haussant les sourcils.
Ma mère penche la tête négativement sur le côté.
J'avais intelligemment utilisé une de ses phrases favorites.
Le prêtre aborde maintenant la mort. Il parle d'ange, de lumière et de rédemption.
-C'est juste que... J'ai vu la mort, dis-je. Et ce n'est pas du tout comme cela, c'est noir, froid et vide. Il n'y a même pas d'émotions concrète qui s'en échappe, mais ici, vous en parlez comme de quelque chose de fabuleux ou d'une seconde chance de rater sa vie. C'est du n'importe quoi.
Ma mère, abasourdie, ne sait plus quoi dire. Beaucoup de gens m'ont entendue et se sont retournés, offusqués. On me saisit brusquement par le poignet et me tire vers la grande porte. Nos deux pas résonnent dans l'allée.
-Tu es folle ?! S'exclame ma mère,une fois devant les portes de l'église.
-Non, mais tu sembles le penser depuis pas mal de temps, pourquoi ?
-J'en ai marre de ton comportement.
-Ce n'est pas mon comportement, c'est juste moi ! Je suis malade et tu ne fais rien pour y remédier, j'explose, furieuse.
Depuis des années, mon père était le seul à vraiment m'aider avec ma bipolarité.
Je la vois soupirer, puis elle baisse les yeux. Elle tente de me prendre la main.
-Tu peux me prendre la main et me dire que tu m'aimes trois cent fois, cela ne changera rien, lui crachais-je au visage. Ce ne sont que des mots.
Elle retire sa main, les larmes aux yeux, puis tente de dire quelque chose.
-Tu sais quoi ? Je vais rentrer, tu n'as qu'à rester et terminer la messe tranquillement, je suggère en sortant mon portable.
Elle acquiesce avec quelques doutes, puis me laisse partir. Sur mon passage dans l'allée, les gens me jettent de sales regards. Je vois que j'ai deux appels manqué de Alena, que j'évite depuis plusieurs jours. Je cherche le nom de Jason et l'appelle pour lui signaler que je suis en chemin. Il me faut une dose.
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Roses
ActionRose, une étudiante addict et hargneuse est dans le coma. Elle va devoir lutter contre elle-même pour que son âme cesse de vagabonder dans l'obscurité. Tout ce dont elle se rappelle : la souffrance et des coups de feu. #1 santé mentale le 9/08/2019...