Chapitre 8

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Après exactement quatre heures et vingt sept minutes d'un trajet aussi glacial que son humeur, James serre à droite et s'arrête devant un petit hôtel miteux.

-C'est une blague ? Je lance en regardant par la fenêtre.

-Tu n'es pas en mesure de faire une quelconque remarque, il me coupe sardoniquement.

Alors toute envie de parler m'est coupée. Pourquoi est-il aussi dur avec moi ?

Je détache ma ceinture avec attitude et descends de la berline. L'hôtel ne fait que deux étages et la façade est toute abîmée par la pluie. Le toit est un vieux toit en tuile et les fenêtres sont petites. C'est un hôtel ou un cachot ? Je suis James dans l'entrée et une vieille dame nous accueille avec un grand sourire, puis échange quelques mots avec James. Il semble toujours aussi tendu. La vieille dame nous montre le chemin et nous donne une seule clé, puis je suis James sans un mot jusqu'au premier étage. Il ouvre la porte puis la verrouille derrière moi, pour aller poser son sac sur la table de chevet. Ici, le parquet est très ancien, et il y a beaucoup de plantes dans la pièce. Il y a un grand lit avec des couvertures affreuses sur la droite, ainsi qu'une commode contre le mur de gauche. Un vieux fauteuil est disposé en face de la fenêtre. James le saisit sans aucun effort et le traîne jusqu'à la commode, où il dispose un ordinateur noir qui ressemble aux ordinateurs de gamers. Son fond d'écran est une photo de coucher de soleil ; très impersonnel.

Je me dirige vers le lit et ouvre mon sac, pour en ressortir mon portable et mes écouteurs.

-Nous nous sommes arrêtés ici seulement pour la nuit, commence James. Il faut que l'on continue notre chemin. Et tu dois éteindre ton téléphone, on ne sait jamais.

Je soupire, excédée. Moi ? Sans téléphone ?

-Je t'ai pris ça, fait-il en balançant un ipod sur le lit.

Je prends le petit appareil et y branche mes écouteurs.

-Merci, lui dis-je sincèrement.

Je me dirige vers la petite salle de bain et referme la porte. Je me fige devant le miroir ; mes cheveux sont emmêlés, mes yeux cernés et j'ai un hématome sur la joue droite. J'ai encore de grosses traces sur le cou et la nuque à cause de la ceinture et mon regard semble vide. Je saisis une brosse qui se trouve sur l'étagère et commence à brosser mes cheveux, sans aucune force. A chaque fois que je ferme les yeux, je le vois. Son expression déterminée lorsque je me suis retournée et que je l'ai reconnu. Avant, je voyais Lily lorsque je fermais les yeux, et beaucoup de sang. Maintenant, je le vois lui en train de m'attaquer, ainsi que son sang repeindre les murs de ma cuisine. Je soupire, tremblante. Je me démaquille entièrement et passe sous la douche, que je prends très chaude, à en devenir presque rouge. Je retiens mes larmes tout du long. A quoi bon s'effondrer sous la douche ? Si je dois le faire, autant que cela soit dramatique à souhait ; devant la fenêtre ou en me laissant glisser contre une porte, la main sur la poitrine.

Je m'habille et sors de la pièce, en meilleure forme. Je tombe sur James, mon portable dans les mains ;

-HEY ! Je m'exclame en tentant de lui prendre des mains.

Il lève son bras pour m'empêcher de le prendre et je me sens ridicule tout à coup. Il fait au moins un mètre quatre-vingt dix. Je soupire, hors de moi.

-Rends-le moi. De quel droit fouilles-tu ?

-Et toi ? De quel droit quittes-tu ta maison alors que tu es sous surveillance ?

Touchée.

Il recule et re baisse son bras pour mettre le portable a hauteur de son regard ;

-Je regarde juste tes contacts rapidement... Je ne fouillerais pas dans ta vie privée,il déclare en faisant défiler les noms.

Il fronce les sourcils.

-Step... Step-fucker ? Qu'est ce qui lui vaut ce fabuleux surnom ? Il demande en me regardant.

-C'est Richard. Mon beau-père. Enfin, ancien « beau-père » je ne sais pas trop, ils sont en break. Il est né en amérique et voulait que je l'appelle « step dad » sauf que c'est un connard misogyne et arriéré.

Son expression change et il me regarde longuement.

-Pourquoi penses-tu cela ?

-J'avais mis une jupe en cuir un jour et il a dit que j'avais une « tenue de pétasse » alors je lui ai jeté mon verre d'eau à la figure, je lui dit en partant m'asseoir sur le lit.

Il semble retenir un sourire et mon coeur s'emplit de joie à cette pensée. Lui arrive-t-il réellement de sourire ?

La porte sonne et je me relève brusquement, apeurée.

-Ce n'est rien, c'est pour moi, dit James en partant ouvrir.

Il échange quelques mots avec une personne que je ne vois pas, puis referme la porte, les mains pleines. Il a un gros sac rempli de nourriture.

-Il faut que tu manges.

RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant