Roses

Breathing

Juste un instant.

« Juste une seconde, juste une minute de plus, donnez-moi juste encore une heure ou peut-être le week-end pour réflechir »

*

-Tu es contente maintenant ?

Je ne me retourne pas, consciente d'avoir retrouvé une de mes personnalités. C'est la brisée qui vient de parler.

Je ramène mes genoux près de ma poitrine et les enlace en fixant le sable.

Le bruit des vagues est étonnamment apaisant.

Elle vient se planter à mes côtés et s'assoit a son tour.

-C'est ce que tu voulais ? Etre en paix ? Et si tu ne reviens jamais, tu y a pensé à ça ? Réplique-t-elle sèchement.

J'ai passé des semaines à la détester mais je comprends maintenant qu'elle me parle ainsi pour me faire comprendre les choses. Pour que je prenne conscience.

Comme un coach qui crierais trop fort sur son client.

Elle me brusque et me bouscule.

Mais mes pensées ont disparues. Mon stress également. La seule chose que j'entends, ce sont le bruit des vagues et le vent qui s'infiltre dans mes boucles d'oreilles en anneau. 

J'observe ses cheveux noir de jais flotter dans l'air et me demande si elle souffre autant que moi.

-Toi aussi tu ressens la douleur ? Je lui demande, n'ayant plus peur de ses réponses.

Elle tourne la tête et me fixe de son regard sombre et froid. Elle plisse les yeux.

-Non, pas vraiment, dit-elle après un temps. Mais je sens que toi oui.

J'attends le reste de sa réponse puis me tourne finalement vers les vagues.

J'entends des bruits au loin. Des bruits de verre, des gros coups.

Des cris de colère.

J'entends que quelqu'un appelle mon nom.

Mais je suis trop loin.

Je me penche en arrière et m'allonge dans le sable, fixant le ciel parfaitement bleu.

La température est parfaite, mais le soleil est absent.

Je revois des images de moi, me revenant par flash. 

Mon corps en train de convulser sur le carrelage froid.

Mon sang qui brûle dans mes veines, les sueurs froides.

Je me rappelle d'une sensation de froid intense, puis de chaud.

Une voix m'appelle encore, puis j'entends quelque chose se poser brusquement au sol. Quelque chose avec des roues. Je sens ma tête secouer de gauche à droite dans la précipitation, puis, quelques minutes plus tard, un bip bip strident.

Je me relève d'un coup et regarde mon alter ego, qui regarde au loin.

-Non.

Ce son. Je le connais trop bien. 

Le brancard. Les machines. Le lit d'hôpital. 

J'ouvre la bouche pour appeler mon alter ego, mais suis propulsée en arrière brusquement et mon corps semble être complètement aspiré dans un trou noir.

-RESPIRES ! Crie une voix paniquée.

Je sens quelque chose dans ma gorge, quelque chose de très désagréable.