New life

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-Je ne sais pas, cela a toujours été comme ça, lâchais-je en haussant les épaules, désinvolte.

Je fixe le médecin du regard pendant quelques secondes.

C 'était déjà la deuxième fois que je le voyais. James avait insisté pour que je continue à être suivie par un psychologue.

Mais je n'en avais aucune envie. Surtout que ce n'est pas mon médecin habituel.

-Oui, cela a toujours été comme ça, mais pourquoi ? Demande-t-il en insistant sur le dernier mot.

Je sens mon ventre se crisper. Sa voix m'insupporte au plus haut point et la manie qu'il a de toujours remonter ses lunettes me donne des sueurs froides. Dès que je dis quelque chose, il se penche pour écrire dans son carnet, faisant alors glisser ses lunette rondes d'une couleur affreuse. Voilà pourquoi je ne souhaite pas parler.

Je hausse les épaules une nouvelle fois.

-C'est comme ça, dis-je en le fixant d'un regard provocateur.

-Peux tu me décrire dans quelles conditions la colère monte facilement ? Dans quelle conditions es-tu blessée facilement ?

Je soupire, excedée.

-J'ai toujours été comme ça... Du plus loin que je me souvienne. Mais... Je ne sais pas. Je me sens blessée très, très facilement.

J'attends qu'il gribouille ses feuilles.

Il ne fait rien à part me fixer de ses yeux gris.

-Par exemple, imaginons un couple. Un couple dans la chambre. L'un va commencer à faire des avances à l'autre, sauf que son partenaire lui réponds qu'il ne veut pas, car il est trop fatigué. Cette personne là ira alors se coucher frustré, voire vexée... Ou déçue. Mais moi ? Cela me tue. Je me sens bafouée, négligée, voire nerveuse. Les larmes me monteront forcément aux yeux.

Je le vois hocher la tête.

-Vous avez donc du mal à supporter le rejet.

-Mouais, je lâche en m'affalant sur le fauteuil.

En jetant un coup d'oeil vers la fenêtre, je vois les branches immenses des arbres bouger dans tous les sens. Il y a énormément de vent, et la pluie frappe contre la vitre.

-Autre chose ? Demande-t-il.

Je plisse les yeux et hausse les épaules.

-Je suis vexée et me sens coupable quand quelqu'un est énervé. Je n'ai jamais su pourquoi et je n'arrive pas à travailler dessus. Si quelqu'un claque la porte par colère, si quelqu'un me regarde de travers... Ca peut être complètement insignifiant pour eux, mais moi je détecte automatiquement l'énervement d'une personne, ne serait-ce que dans son ton. Quand quelqu'un prend un ton condescendant, alors la... Mes nerfs se crispent.

Il me regarde quelques secondes puis gribouille une nouvelle fois sa feuille.

Il remonte ses lunette d'un doigt et je sens mon ventre se serrer encore, lâchant un soupir.

-As tu pleuré ? Dit-il en coupant le silence d'une voix tranchante.
La surprise se lit sur mon visage.

-Bien sûr que oui ! Je m'emporte en fronçant les sourcils.

-Je veux dire, après le drame. Quand tu es arrivée ici et à eu l'occasion de faire ton deuil en paix. As tu pleuré ta petite sœur ?

Mes poings se serrent et je me crispe.

-J'ai.... non. Plus maintenant. Je n'arrive plus à pleurer.

Il hoche vivement la tête;

-Votre esprit est préoccupé par énormément de facteurs extérieurs. Je le comprends. Mais prenez du temps p...

Quelqu'un toque à la porte et je me redresse d'un coup ;

-Excusez-moi de vous déranger, mais j'ai besoin que Rose descende, déclare Eric en entre ouvrant la porte.

Je sens mon corps se décrisper rien qu'en voyant son visage plein de sagesse. 

Il me lance un regard amical et je me lève, décidée à partir.

-Bien, lance le médecin. Mais faites-moi plaisir, et essayez d'appliquer les exercices dont nous avons parlé. Mettez vous à la place des autres avant de vous emportez. Continuez d'écrire dans votre journal.

Je hôche la tête à son attention et me hâte vers la sortie pour retrouver le père de James.

-Que se passe-t-il ?

-James est au téléphone, en bas. Il souhaite te parler.

Mon coeur loupe un battement.

Je secoue la tête, resignée.

-Et bien dites-lui que je ne souhaites pas lui parler.

-Rose...

-Il m'a abandonnée ! Je suis ici depuis deux semaines ! Il a dit qu'il veillerait sur moi.

-C'est bien vrai, mais mon fils est un jeune homme occupé, dit Eric en forçant un sourire. Et puis après tout, c'est à moi que revient cette tâche dorénavant, et regardes comment je m'en sors !

Je ne peux m'empêcher de rire.

Lors de ces deux semaines, le couple et moi avions crée une réelle complicité. J'étais très proche du père de James, et n'avait aucun mal à lui parler de mes soucis, ou des pensées qui me hantent.

-C'est vrai, c'est du bon travail dis-je en rigolant.

Je le suis tout de même vers la cuisine rustique en observant la mini tempête à l'extérieur.

Quand je franchis le seuil, j'aperçus Jane debout près de la vitre, les bras croisés.

Le téléphone était en haut parleur et la voix de James fit trembler tout mon corps.

-J'ai pu parler à Alena, l'amie de Rose, dit-il. Elle regrette d'avoir parlé et se terre dans un centre de remise en forme. Elle se souvient de tout, désormais. Mais Rose reste en danger. Est-elle dans les environs ? Ses parents m'ont dit qu'ils étaient inquiets de n'avoir aucune nouvelles, je peux leur laisser un message.

Jane et son mari se tournent vers moi, attendant ma réponse. 

Je secoue la tête et croise les bras silencieusement.

RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant