**Deux jours plus tard ;
Je regarde autour de moi, encore perdue. Je me réveillais pour la deuxième fois dans cette chambre d'hopital aux couleurs bien trop vives. Je me rappelle parfaitement de ce que j'ai fais, et pourquoi je l'ai fais, mais les infirmières n'arrêtent pas de dire que j'ai sûrement les idées confuses a cause du choc. Je me rappelle du soulagement dans le regard de l'une d'elle quand elles ont compris que tout ce sang n'était pas le mien. Elles, elles se rappellent de l'immense soulagement que procure une potentielle victime de moins; moi, je me rapelle avoir tenu le corps ensanglanté de Lily dans mes bras en essayant de soutenir sa tête de mes mains tremblantes. C'est vrai que les urgences étaient surpeuplées ce jour là.
Inondées de victimes, de familles en pleurs, de médecins et d'infirmières qui couraient dans tous les sens; mais je ne pensais qu'a une chose : voir Lily. Je voulais savoir où ils l'emmenaient, et pourquoi. Allait-elle s'en sortir ? Dans quel état était-elle ? Je me rappelle avoir giflé un des urgentistes car il ne voulait pas me laisser entrer dans la camionnette, qui n'avait pas coupé son alarme stridente.
Je m'assois sur mon lit et fixe l'écran de la télévision, en divaguant. Je me demande réellement si Alena est dans le même hôpital que moi, et si elle y est encore...
Le docteur m'a dit que la police allait venir aujourd'hui, ils ne devraient pas tarder. Je ne lui avais même pas demandé pourquoi, car je le savais, tout au fond de moi.
Je me concentre sur la série télévisée deux secondes, pour avoir le temps d'apercevoir un surhomme briser la nuque de son ennemi. Encore une mort. Etaient-ils tous morts ? Deux coups a la porte me font sursauter, et je remonte la couverture sur mes épaules. Deux personnes entrent dans ma chambre, accompagnées du docteur Galéfakis, qui leur fait signe de se placer juste sous la télé. Ce sont un homme et une jeune femme, d'a peine quelques années de plus que moi. L'homme semble avoir la trentaine et a la peau noire. Ils ont tous les deux des uniformes de police. Le docteur quitte la pièce après m'avoir donné une tape sur l'épaule. Je le toise de haut en bas pour lui signifier que je ne suis en aucun cas son amie, puis me redresse et me tourne vers les nouveaux.
-Voici le commandant stagiaire Jessira, et moi, je suis l'officier Brag mais tu peux m'appeler Sam, dit l'homme en montrant son insigne.
-J'peux la voir de plus près ? Je demande en tendant la main.
Les deux officiers se regardent, puis "Sam" s'avance et me donne son insigne avant de prendre une chaise et de s'installer a coté de moi. Je n'ai jamais vu de vraie insigne, seulement dans les films. « C'est plutôt cool », je pense en lui la lui rendant. Je lui rends sans le regarder et croise les bras.
-Alors, te sens-tu prête a parler de ce qui est arrivé ? Dit-il en sortant un carnet.
-Oui, je l'ai toujours été, mais personne ne veut m'écouter ici. Quand est-ce que je peux partir ?
-Tant mieux alors. J'aurais besoin de ton aide, il n'y avait pas énormément de caméras dans le restaurant.
Il n'a pas répondu a ma question et cette omission a le don de me mettre en colère. J'attends trois secondes, puis inspire fort;
-Je mangeais simplement avec Alena et...
-Tu n'es pas obligée de dire son nom. Nous comprenons tout à fait.
Une douleur insoutenable prend une forme de tourbillon dans ma poitrine et se propage dans tout mon corps, tel de la fumée noire. Je prend une grande respiration, la gorge nouée ;
- Il se sont mis a tirer dans tous les sens et j'ai voulu la proteger. Tout ce que j'ai fais, c'était pour la protéger.
Sam hoche la tête et m'encourage a continuer.
-Ils criaient toutes sortes de choses en je ne sais pas quelle langue et je me suis jetée au sol, puis me suis rendue compte que Alena était touchée. J'ai attendu qu'ils aillent sur la terrasse et j'ai tiré Alena jusqu'à une salle à côté. J'ai dû marcher sur des gens. La pièce était très sombre et j'entendais des tirs et des cris, c'était horrible. Mais je me suis rendue compte qu'ils nous fallait une ambulance et que mon portable se trouvait sur la table, donc je ne pouvais pas y retourner. Je me suis debrouillée pour atteindre une autre pièce et ai atterri près des cuisines, où j'ai assommé l'un deux et lui ai pris son portable pour appeler une ambulance. Je lui ai pris son arme et suis retournée chercher Lily, mais je ne la trouvais nulle part. Je voulais la ramener auprès de Alena, elle aussi. Les gens continuaient de pleurer et crier. Un hurlement m'a fait sursauter et je me suis retournée pour tomber nez à nez avec Lily.... Elle était à terre. Elle baignait dans une flaque de sang.
Après avoir fini mon récit, je regarde les deux officiers dans les yeux, en ayant parfaitement conscience qu'il ne voulait rien dire. Tout était très clair dans ma tête, mais était ressorti en récit timide et embrouillé.
Les deux officiers hochent la tête et notent tous deux plein de choses dans leur carnet. Sam semble soucieux. Il demande a sa collègue de partir.
-Comment te sens-tu, Rose ?
-Combien de victimes ? Je lui demande hâtivement, pour lui rendre la pareille en ne répondant pas a sa question.
-Il y a 32 victimes, et six blessés, dit-il en parlant très bas.
Cette nouvelle me fait l'effet d'une gifle.
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Roses
ActionRose, une étudiante addict et hargneuse est dans le coma. Elle va devoir lutter contre elle-même pour que son âme cesse de vagabonder dans l'obscurité. Tout ce dont elle se rappelle : la souffrance et des coups de feu. #1 santé mentale le 9/08/2019...