Les portes s'ouvrent sur Cortane et elle me lance un sourire d'une blancheur éclatante en se reculant pour me laisser de la place.
-Tu rentres chez toi ? Elle demande en s'approchant du clavier moderne de l'ascenceur.
Je hoche la tête vivement.
Elle appuie alors sur le bouton qui mène au rez de chaussée et je me hâte vers la sortie une fois hors de l'ascenseur. Je retrouve mon père dehors, adossé à la voiture, fixant le sol. Il à l'air très inquiet.
-Hey, ca va ? Je lui demande en m'approchant.
Il reprend ses esprits en tente de faire bonne figure ;
-Bien sûr, et toi, petite fleur ?
-Ca va étrangement bien. Très bien même. Mais James pense que son patron exigera une audience, même si c'était un terroriste, il reste une personne. Qu'en penses-tu ? C'est un terroriste, et je lui ai tiré dessus, je fais un levant une main. Mais d'un autre côté, c'était une personne comme toi et moi avant tout cela, et je lui ai ôté la vie, je finis en levant l'autre main.
-Rose, Rose ! Calmes-toi, tu t'es remise à parler beaucoup trop vite, me dit-il en décroisant ses bras.
Il se rapproche de moi et replace une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je vois à ce moment là que son regard bleu azur est cerné de poches grises. Il a l'air exténué.
-C'était une personne comme les autres avant, oui. Donc tu iras a cette audience, et quand ils t'entendront, ils te laisseront repartir. Tu es plus une héroine qu'une meurtrière, tu m'entends ?
Je prends quelques secondes pour réfléchir, puis hoche finalement la tête vivement.
-Bon, direction l'hopital, dit-il en ouvrant la portière pour que je monte.
Je soupire bruyamment.
-On est obligés ?
*******
Mon père marche quelques pas devant moi, dans les couloirs étroits et froid de l'hôpital. Je viens de sortir de la chambre où ils m'ont fait toute une batterie de test et ont vérifié comment se portait mon bras.
Ils ont également vérifié mon coeur et se sont inquiétés de mes nouveaux bleus. Je leur ai menti en leur disant que je m'étais battue avec une fille que je n'aimais pas. L'infirmière avait penché sa tête sur le côté et pincé sa lèvre, mais ne m'avait rien dit, et c'était tant mieux. Nous marchions désormais dans l'aile ouest, en direction du cabinet du psy que j'étais obligée de voir. Cet hôpital était largement différent de celui où j'avais passé les deux mois « post-incident », c'est à dire, après avoir détruit le visage de Manuel avec mes poings. Je n'avais plus eu de nouvelles de lui et n'avais pas le droit aux visites la première semaine, mais cela ne m'avait pas dérangée le moins du monde. J'en voulais au monde entier.
Puis au fur et à mesure de mes séances, et étant donné mon passé bagarreur, ainsi que l'incident, le psychologue en a déduit que j'étais bipolaire. Ce qui a mené à une séance chez le psychiatre, qui m'a diagnostiquée bipolaire type deux. Le type deux, c'est le bipolaire qui alterne les phases dépressives et hypomaniaques avec un minimum de subtilité. Justement, mes phases ne sont pas maniaques, mais hypomaniaques, ce qui est déjà plus légers que les phases d'un bipolaire type un ou trois. Après des heures d'explications entre ma mère et les médecins, elle en était venue à la conclusion que j'étais « chanceuse ». Je n'étais pas de type 3, je n'étais pas folle. Et si j'avais été d'un autre degré, le visage de Manuel ressemblerait plus a des lasagnes avec des dents qu'à un actuel visage humain. Je me rappelle que mon père m'avait placée dans un hopital privé. J'avais une grande chambre lumineuse et droit à mon portable dans les dernières semaines. Ils m'avaient bourrée de médicaments ; sans doute pour me rendre trop engourdie pour sentir le couteau encore enfoncé dans mon dos. Je me souviens des nombreuses visites d'Alena, qui était une amie très loyale à l'époque. Quand je suis sortie, mon père avait demandé le divorce ; mais mon monde avait déjà volé en éclats et j'étais trop emplie de haine pour ressentir une quelconque tristesse.
-Mais je pense que tout se passera bien de toute façon, continues mon père en se tournant vers moi.
Il prend un air interrogateur et je me rends compte que je n'ai pas écouté un seul mot de ce qu'il venait de dire.
Il soupire doucement, se rapproche de moi et me tends un sachet de mes gâteaux préférés : des cookies.
-Merci, lui dis-je en souriant, après avoir rangé le sachet dans une de mes poches.
Je commence à me diriger vers la porte bleue quand mon père m'interpelle ;
-Essaies d'être polie, m'ordonne-t-il en s'éloignant.
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Roses
ActionRose, une étudiante addict et hargneuse est dans le coma. Elle va devoir lutter contre elle-même pour que son âme cesse de vagabonder dans l'obscurité. Tout ce dont elle se rappelle : la souffrance et des coups de feu. #1 santé mentale le 9/08/2019...